
URBANIA et New Look s’unissent pour vous permettre de voir d’un nouvel œil la manière dont certaines personnes se présentent aux autres.
C’est en partie grâce au corps, ce lien physique qu’on a avec le monde extérieur, qu’on arrive à communiquer nos intentions au reste de l’univers. Mais dans une société où l'apparence et l’identité sont intimement liées, comment fait-on pour naviguer sainement dans ce concept-là sans perdre son essence?
La mode nous permet d’avoir un contrôle sur le narratif et de projeter notre identité dans l’univers. C’est un langage universel, un outil de prédilection qui permet au commun des mortels de se sentir vu, écouté et même d’avoir l’impression d’appartenir à quelque chose de plus grand que lui. On s’est entretenus avec trois jeunes créatifs dont le style reflète leur histoire, leurs intentions et leurs inspirations, trois choses dont ils ne manquent pas.
Si vous voulez être en présence d’un ange dont la vision et le génie créatif surpassent toutes les attentes, passez du temps dans la même pièce qu’Ashley Diabo. Elle est un ange qui porte des ailes, non pas dans le dos, mais à même ses sneakers, parce qu’il est pas question que la jeune artiste fasse les choses comme tout l’monde.
Son esthétique est dark, mais son aura est chatoyante, un peu comme un doberman aux dents aussi pointues que les studs de son collier rose bonbon. Un cocktail bien dosé d’irrévérence et de douceur, mon genre de personne.
Ashley est née et a grandi à Kahnawake, une réserve autochtone située au sud de Montréal. Toujours au cœur de sa pratique, son héritage mohawk imprègne une importante partie de sa création, de ses influences et de sa vision de la société.
« Plus je vieillis, plus je réalise à quel point ma ville natale et ma communauté m'ont façonnée. J’ai un amour profond pour Kahnawake et je me sens extrêmement chanceuse de venir d'un endroit aussi spécial. »
La jeune maquilleuse nous raconte que son intérêt pour la mode et les arts l’habite depuis sa tendre enfance.
« Quand j’étais petite, j’écoutais mes films préférés sur repeat et j’essayais d'en recréer les différents styles. Je réfléchissais toujours à des makeups ou à des looks potentiels. »
J’AI RÉALISÉ QUE JE ME SENTAIS VRAIMENT BIEN QUAND J’ÉTAIS EN MESURE DE COMMUNIQUER MES ÉMOTIONS À TRAVERS LA MODE.
À l’adolescence, le look gothique d’Ashley sort du lot, et elle est rapidement perçue comme une outsider. Trop dans sa bulle pour être dérangée par ce statut, elle en fait un super pouvoir. Elle s’inspire de son répertoire musical et d’œuvres cinématographiques comme Ginger Snaps et Book of Shadows: Blair Witch 2. Pour elle, plus c’est dark et étrange, plus c’est inspirant.
À l’époque, tout le monde la connaît pour son excentricité, et elle continue de s’émanciper à travers son style, mais derrière ses lunettes de rebelle se cache une personne sensible et réservée.
« Quand j’étais plus jeune, j’étais hyperactive, mais aussi vraiment timide, et j’ai toujours eu un peu de difficulté à me concentrer, j’étais vraiment dans mon propre monde. Je le suis encore, d’ailleurs! »
Même si son style sortait vraiment du lot au secondaire, c’est après avoir terminé l’école qu’elle a décidé d’arrêter de se soucier du regard des autres et qu’elle s’est vraiment trouvée. À l’époque, Ashley a enfin l’impression de pouvoir expérimenter sans qu’on la juge. Elle est bien entourée, et ses parents soutiennent et encouragent sa créativité à 100%. C’est dans ce safe space créatif qu’elle commence à envisager la possibilité de vivre de son art.
Après avoir entamé un programme en mode, elle décide finalement de suivre son instinct et d’aller étudier en maquillage artistique au Collège LaSalle. Sa passion, combinée à son dévouement et à son avant-gardisme, en met plein la vue à ses pairs – puis le bouche-à-oreille fait son œuvre.
On la contacte des quatre coins du monde pour lui proposer des collaborations, et son travail est rapidement mis en évidence par différents magazines, designers, artistes musicaux et autres créateurs. Au moment où l’on se parle et alors qu’elle approche la trentaine, Ashley continue de repousser les limites de son art grâce à son authenticité, une qualité qui lui a permis de se tailler une place bien méritée dans son industrie.
« J’ai tellement appris en travaillant dans cet univers-là. J’ai toujours aimé la mode, mais j’avais beaucoup à apprendre en matière d’histoire et de sociologie, et ces nouvelles connaissances ont indéniablement influencé mon discours et mon style. »
C’EST EN JASANT DE SON LOOK ET DE SES INSPIRATIONS QUE LA MAQUILLEUSE NOUS EXPLIQUE QUE POUR ELLE, C’EST SUPER IMPORTANT D’AVOIR UN STYLE UNIQUE. ELLE VOIT LE SIEN COMME LE WORK-IN-PROGRESS D’UN PROJET CRÉATIF SANS FIN.
« Je pense que ma signature esthétique, ça serait probablement les looks d’eyeliners expérimentaux ou les vêtements ridiculement oversized. J’adore le chaos, les motifs qui détonnent, les silhouettes étranges, les vêtements trop grands ou trop petits. Les accessoires sont aussi super importants, je suis super perfectionniste, alors chaque petit détail est important dans l’histoire que je veux raconter avec mon look. »
Pour Ashley, le plus important, c’est de véhiculer un message au moyen de son style. Chaque jour, elle s’habille selon ses émotions, ses inspirations et ses obsessions du moment parce qu’au fond, pour elle, ce qu’il y a à l’intérieur est tout aussi important que ce qu’il y a à l’extérieur.
C’est dans une Casa Del Popolo jam-packed que Ziad arrive sur scène, micro à la main, prêt à s’époumoner à grands coups de chants arabes traditionnels, et qu’il pose sur un mur des sons beaucoup moins traditionnels : un mix de synth-pop sirupeuse, de gros 808, de clins d’œil raï et d’un paquet d’autres sonorités qui font la marque de commerce de l’ambiance de son groupe, De.Ville. C’est le début de la petite tournée outre-Atlantique du groupe, et on a eu la chance de passer du temps avec le chanteur avant son envol vers Paris.
Ziad est né à Casablanca, au Maroc, et a grandi à Yacoub El Mansour, un quartier populaire de la ville de Rabat, dont le voisin d’en face est nul autre que l’océan Atlantique. On est dans les années 90, et ce que le jeune artiste ne sait pas encore, c’est que ce quartier-là va l’inspirer le reste de ses jours.
« J’ai eu une enfance mouvementée en grandissant dans un coin où tout le monde se connaît. Je passais la majorité de mon temps avec des amis du quartier, à jouer au foot, à nager, à partir à l’aventure dans les rues et au bord de la mer pour ramasser des moules ou attraper des pieuvres. J’adorais faire le clown, j’imitais tout ce que je voyais ou entendais, comme une radio mobile – j’étais 1000% hyperactif. »
Dès son adolescence, Ziad commence à s’intéresser à l’art, à la photographie, à la musique et à la mode, sa curiosité étant prédominante. C’est quand sa grand-mère et son oncle l’initient aux œuvres d’Alfred Hitchcock que le déclic se fait et qu’il découvre sa passion : le cinéma. Même s’il est un tantinet turbulent, c’est un observateur. Il collectionne les bonnes histoires du quartier, et plus les expériences s’accumulent, plus il se rend compte qu’il aimerait rendre hommage à tout ça dans un film.
À l’âge de 20 ans, Ziad décide de traverser l’océan pour venir étudier le cinéma au Québec, un rêve qu’il caressait depuis longtemps. Dès son arrivée à Montréal, il gravite rapidement autour de la scène musicale underground de la ville et fréquente de plus en plus d'événements musicaux. C’est dans un jam qu’il rencontre Simon-Pierre Desjardins, un producteur local qui deviendra son grand ami et partenaire de création. Ensemble, ils lancent De.Ville, un projet musical unique.
Ziad a toujours chanté pour le plaisir et ne s’est jamais imaginé utiliser sa voix pour en vivre, mais, lorsque Simon et lui entrent en studio, c’est le coup de foudre créatif. Tout fonctionne, leurs visions sont alignées, leurs univers se complètent et leur produit créatif sort complètement des normes. C’est un succès immédiat.
Chantées en darija, en arabe, en français et en anglais, les compositions du groupe sont extrêmement cinématographiques. On sent l’intention du jeune artiste derrière chaque texte, l’histoire derrière chaque son et l’univers transcendant de chaque chanson fait rêver.
SUR SCÈNE, LA PRESTANCE DU JEUNE CHANTEUR EST SANS PRÉCÉDENT ET SON LOOK EST AUSSI IMPECCABLE QUE SA VOIX. SON STYLE, FORTEMENT INSPIRÉ DES CLIPS DE RAÏ DES ANNÉES 90 ET DES MUSICIENS DE LA SCÈNE ETHNO-JAZZ, EST FLAMBOYANT.
Déjà fasciné par le look des surfeurs de Rabat lorsqu’il était enfant, le jeune musicien s’inspire de l’esthétique d’artistes musicaux enthousiastes de surf comme Ben Harper, Jack Johnson et Donavon Frankenreiter. Eh oui, c’est certainement « niché » et c’est certainement nice.
Chemises colorées, jeans déchirés, varsity jackets, chapeaux traditionnels : Ziad qualifie son style de festif mais discret, un heureux mélange des looks du chanteur congolais Koffi Olomidé, du pianiste de jazz Joe Zawinul et du rappeur Guru. Sa caractéristique et ses accessoires fétiches, soit son énergie contagieuse, ses lunettes étincelantes et son pendentif porte-bonheur arborant le nom de sa grand-mère, ne le quittent jamais.
« LE PLUS IMPORTANT POUR MOI, C’EST HONNÊTEMENT DE POUVOIR ADAPTER TOUT CE QUE J’AI DANS MA GARDE ROBE, MAIS DE LA BONNE MANIÈRE. RESPECTER MA PENSÉE, MA VISION. LE BUT, C’EST DE RESPECTER SES GOÛTS. APRÈS, L’AUTHENTICITÉ VIENT TOUTE SEULE. »
Ziad a le vent dans les voiles. Après des années au Québec, son diplôme en cinéma en poche et son nouvel album en construction, il prévoit plier bagage pour retourner à Rabat quelques mois. Il va le filmer, son documentaire, et si on se fie au reste de son œuvre, ça risque d’être génial.
Difficile de ne pas tomber en transe lorsqu’on croise le regard perçant de Marlond. Sa présence est calmante, et son sourire illumine doucement chaque pièce dans laquelle il entre avec finesse. J’aurais dû lui demander son signe astrologique : c’est sûr que même sa carte du ciel est élégante.
Né à Port-au-Prince, capitale d’Haïti, Marlond a grandi à Montréal. Enfant, le jeune artiste en devenir est curieux et extrêmement timide.
« J’ai toujours été introverti et très geek. J’avais constamment le nez dans les livres et les jeux vidéo. »
La culture, c’était son safe space. Dès son jeune âge, il démontre un intérêt pour les arts visuels, et sa passion pour les manga et les jeux vidéo japonais lui titille rapidement l’hémisphère droit.
« Je trouvais toujours l’inspiration dans les personnages et leurs costumes super extravagants. J’ai commencé à vivre mon style à travers eux, à expérimenter un peu plus avec mes vêtements. Comme beaucoup d’adolescents, je me découvrais, et il y a eu beaucoup d’échecs (rires), mais ce sont tous ces essais et erreurs qui m’ont emmené où je suis aujourd’hui. »
Le Marlond d’aujourd’hui est assez impressionnant. Après avoir étudié en arts visuels et en design, il touche à peu près à toutes les formes d’arts possibles. Ses deux bébés : l’illustration et le stylisme.
« Mes parents auraient préféré que j’étudie en médecine (rires), mais pour moi, c’était inconcevable, j’ai toujours su que j’allais travailler dans un domaine artistique. »
Il est passionné et ça se voit, mais l’industrie de la mode, dont les mœurs sont en constante évolution, peut présenter son lot de défis.
« Je pense que d’être une personne de couleur dans ce domaine – et, soyons honnêtes, dans pas mal tous les domaines – est un défi en soi. Il faut constamment redoubler d’efforts pour se démarquer, mais je travaille fort pour essayer de déconstruire cette réalité-là. »
Parlant de dévouement, c’est dans des œuvres illustrées minutieuses et approfondies que Marlond canalise ses émotions à coups de crayon. À la jonction entre le manga et l’hyperréalisme, son style d’illustration est à l’image du reste de sa personne : délicat, sensible et raffiné. Cette touche unique, on la sent aussi dans ses projets de stylisme et dans ses looks à lui. Quand on jase de son style, il nous explique que, pour lui, l’important, ce sont les détails.
« J’AIME LA SIMPLICITÉ MAIS AVEC UNE PETITE TWIST. TOUT CE QUI EST INTEMPOREL, MAIS PAS PLATE. JOUER AVEC DES FORMES CLASSIQUES, MAIS EN AJOUTANT DES ÉLÉMENTS OU DES TEXTURES INATTENDUES. »
Pour Marlond, le perfectionnisme, c’est sacré. C’est ce qui lui permet de raconter une histoire, mais surtout de bien la raconter. Être en mesure d’inspirer les autres et de véhiculer des émotions au moyen des couleurs et de l’attention aux détails. Sa petite touche, ce sont les accessoires méticuleusement sélectionnés. Un chapeau, quelques bijoux – et le tour est joué. Sans compter la combinaison entre son regard océanique et la bénédiction qu’il a reçue des dieux des lunettes. Comme chaque paire qu’il enfile lui va à la perfection, c’est évidemment devenu son accessoire de prédilection. En jasant de ses influences, Marlond se confie sur l’évolution de son art et de son esthétique.
« À un certain moment, j’étais entouré de tellement de personnes créatives dans leur look, mais aussi dans leur façon de voir la vie, que ça m’a donné le courage de me pousser un petit peu plus. Petit à petit, j’assumais de plus en plus la personne que j’étais et mon style. »
Il se dit aussi grandement inspiré par le domaine dans lequel il travaille et les talents qu’il côtoie. Il n’y a pas plus visuel que l’industrie de la mode, ce qui lui permet d’être constamment challengé et stimulé intellectuellement. Pareil pour le cinéma. On discute d’ailleurs du film Her de Spike Jonze, une œuvre qui, encore à ce jour, l’inspire au quotidien, de par son esthétisme à la fois léchée et éclectique. C’est ce genre de message là que Marlond veut communiquer à travers ses projets.
« On peut tellement s’amuser avec son style, essayer des choses hors normes. Le truc ultime, c’est de ne pas avoir peur d’expérimenter, de sortir de sa zone de confort et de ne pas se soucier de ce que les autres pensent. »
«LES GENS AURONT UN OPINION DE TOUTE FAÇON. ARRÊTER DE S’EN FAIRE AVEC CE QUI EST HORS DE NOTRE CONTRÔLE, C’EST LA CLÉ! »
Ses chaussures, aussi impeccables soit-elles, sont-elles difficiles à remplir. Marlond a une tonne de projets créatifs à venir et on a hâte de s’en délecter les yeux.
Pour suivre nos trois créateurs sur les réseaux, c’est ici :
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Ça peut parfois être long avant de trouver la manière avec laquelle on souhaite communiquer son univers intérieur au monde extérieur. Heureusement, comme nous le montrent Ashley, Ziad et Marlond, les seules limites de la mode sont celles que l’on s’impose. Pour créer un style à votre image, n’hésitez pas à expérimenter. Pour les lunettes, New Look vous propose tout un inventaire de possibilités à agencer selon vos humeurs ou votre style du moment.
Recherche et rédaction : Mélissa Desjardins
Direction artistique: Mélissa Desjardins et Julie de la Rocq
Photographe : Eric Lamothe
Assistant photographe: Jérémy Dupuis
Maquillage : Juliette Morgane
Chargée de contenu : Antonia Juarez
Direction conseil : Arianne Laurier Montpetit
Direction de création : Harold Beaulieu
Directrice ventes et contenu de marque : Marie-Luce Heitz
Collaboration spéciale : Claudie Gervais, Marine Bertola, Laetitia Blanc, Simon Parent, Annie-Claude Dion