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Cette semaine, j’ai vu Jeune Juliette, le film d’Anne Émond dont tout le monde parle ces jours-ci. J’ai adoré. Du début à la fin, le rythme, l’écriture, l’interprétation des personnages et la signature visuelle créent un univers cinématographique qui vous fera revivre l’adolescence dans ses moments grandioses comme dans ses nombreuses douleurs.
Une écriture juste
Juliette, brillamment incarnée par Alexane Jamieson, est une adolescente qui se sent différente. Son corps ne correspond pas aux standards de beauté et ses intérêts pour la littérature et la musique ne sont pas les mêmes que les autres. Dans une phase de vie ou entrer dans le moule est ce qui a de plus important au monde, être « différente » peut justement paraître comme la fin du monde.
Les phrases, « Papa, est-ce que tu penses qu’un gars peut tomber amoureux de moi? » et « Papa, est-ce que tu penses que je suis une grosse torche? » font mal à entendre. Mal parce qu’elles touchent une douleur universelle reliée à notre besoin de se sentir aimé.
Là où Anne Émond vise juste, c’est d’abord et avant tout dans l’écriture. Les phrases, « Papa, est-ce que tu penses qu’un gars peut tomber amoureux de moi? » et « Papa, est-ce que tu penses que je suis une grosse torche? » font mal à entendre. Mal parce qu’elles touchent une douleur universelle reliée à notre besoin de se sentir aimé. C’est un tour de force que d’écrire avec autant de lucidité sans trop sortir les violons. Il en va de même pour la réaction des adultes. Les personnages du professeur de français (Stéphane Crête) et celui du père (Robin Aubert) sont en quelque sorte les voix de la sagesse qui ne tombent pas dans la morale.
Des films d’ados 2.0
Écrire des films d’ados, c’est un art. D’ailleurs, on appelle ça « des films d’ados », mais ce sont probablement les histoires les plus universelles qui soient. Les émotions vécues à cette époque sont si vives, si fortes, qu’elles nous marquent à vie. On change les personnages, le contexte, mais les thèmes restent toujours les mêmes et sont toujours aussi actuels. Outre Jeune Juliette, voici quelques films à voir si l’envie vous prend d’explorer vos émotions d’adolescence tout en évitant ceux qui vieillissent très mal de par les idéaux qu’ils véhiculent (Clueless, She’s All That, etc).
Lady Bird
Greta Gerwig (2017) — Disponible sur Netflix
Film d’ados américain qui sort des sentiers battus, Lady Bird explore la complexité et les incohérences des relations mères-filles dans le contexte de l’adolescence. Christine (Saoirse Ronan) est une étudiante de Sacramento qui aspire à plus grand. Elle a honte de sa famille au plus haut point et use de toutes les petites manipulations pour accéder au groupe des « populaires » de son école. À l’image de Jeune Juliette, Lady Bird se sent étrangère à son environnement qu’elle trouve profondément « nul ».
C’est un film confrontant pour tout le monde qui a été un tantinet désagréable avec ses parents à l’adolescence. Il rassemble aussi une panoplie de thématiques comme la découverte de son orientation sexuelle et les complexes corporels. Très actuel, il est facile de se projeter un peu dans la vie des personnages.
Dumplin
Anne Fletcher (2017) — Disponible sur Netflix
Dumplin » raconte l’histoire d’une adolescente aux prises avec un problème d’image corporelle. Danielle Macdonald interprète brillamment Willodean, fille de Rosie (Jennifer Anniston) qui consacre sa vie à l’organisation de concours de beauté. Sans que ça ne soit jamais dit, on sent une certaine déception de la part de Rosie par rapport à sa fille : elle ne sera pas reine de beauté à son tour. Celle-ci le sait très bien et décide de faire un pied de nez aux conventions en s’inscrivant tout de même au fameux concours de beauté.
Si le synopsis peut paraître hautement stéréotypé, c’est pourtant le contraire. Dumplin est un film touchant parce qu’il défait une multitude de clichés auxquels on est habitués : la « belle » fille qui sort avec le « beau » gars, la guerre de popularité à l’école secondaire, etc. J’ai été surprise de découvrir un scénario nuancé. Certes, il y a certaines tournures narratives propres au genre auxquelles on ne pouvait pas échapper….
Easy A
Will Gluck (2010) – disponible sur Netflix
Ce film, je le considère comme le pionnier des « nouveaux » films d’ados. Emma Stone, interprète Olive, une adolescente comme les autres qui a plus d’empathie que la moyenne. L’histoire ne dit pas si elle est populaire ou pas. Dans cette école secondaire, les cliques semblent être très différentes, mais moins hiérarchisées que dans les autres films de l’époque. Tout commence lorsqu’elle ment à sa meilleure amie en lui parlant d’un copain fictif. Celle-ci répand tout de suite la rumeur qu’elle aurait couché avec lui. D’un coup, le regard que les hommes posent sur elle change. Elle découvre qu’elle ne déteste pas l’idée de plaire.
Puis, un de ses amis lui demande de dire à tout le monde qu’elle a couché avec lui pour lui éviter de faire taire des rumeurs sur son homosexualité et lui éviter un coming out hâtif. [Oui, là-dessus on est bel et bien en 2010! Contente de voir que nos conceptions du genre et des attirances sexuelles évoluent.] Rapidement, Olive devient la fille la plus déniaisée de l’école et récolte les bons et les mauvais côtés d’une telle réputation. Par contre, tout est faux et il lui faudra rectifier le tir.
Ce qui est particulièrement appréciable dans ce film c’est encore une fois l’écriture comique à son meilleur. On rit vraiment beaucoup, principalement à cause de ses parents (Patricia Clarkson et Stanley Tucci) et la personnalité très affirmée d’Olive.
Encourager le cinéma d’ici
Le 12 août, les médias sociaux se sont enflammés pour encourager la littérature d’ici. Moi, je dis que c’est aussi l’occasion de le faire pour notre cinéma. Je vous garantis que Jeune Juliette sera un 12 $ bien investi.