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J’écoute des disques : Hauschka – Ferndorf

Un hommage aux conseils musicaux des disquaires locaux.

Par
Michel-Olivier Gasse
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Hauschka

Ferndorf

Fat Cat, 2008

Je vous l’ai déjà dit précédemment, j’habite la campagne et il ne se trouve pas un disque à vendre à moins d’une heure de route, peu importe la direction empruntée. J’ai donc délaissé depuis quelques années l’idée d’avoir mes habitudes chez un disquaire à proximité ; je me dresse une liste en constante expansion et j’espère, lors de mes visites en ville, que la vie m’offre l’occasion et le temps de régler des cas. Quand je suis en tournée dans un endroit que je ne connais pas, je suis beaucoup plus à l’affût de l’apparition d’un éventuel disquaire sur le coin d’une rue que des directions pour la salle de spectacle. C’est là qu’on voit que les disquaires, les vrais, ça pleut pas, parce que je suis souvent perdu.

Mais ceux qui connaissent le tabac savent qu’à Saint-Hyacinthe — j’ai nommé la Technopole Agro-Alimentaire du Canada — ça pleut juste parfait. Difficile à manquer, c’est sur le coin de la rue, si tu t’en vas faire ou voir un show au Zaricot (un bonheur que je souhaite même à ceux que j’aime pas). La simple combinaison du Zaricot et de Fréquences, le disquaire, fait en sorte que oui, je déménagerais dans la Technopole n’importe quand et j’y vivrais simplement ; rempli de musique et toujours un peu chaud.

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Ce qui fait de Fréquences un vrai disquaire est ce qui fait défaut au plus clair des endroits que j’ai visités en carrière. Y a plein de facteurs importants, mais j’ai envie de m’attarder aux petites affaires. Comme quand, au moment de passer à la caisse, on réagit aux albums choisis plutôt que de bêtement les scanner avant de dire un prix. Comme quand poser une question à JF, ça veut dire recevoir au moins une dizaine de réponses pour autant de nouvelles pistes à suivre. Comme quand on se rappelle de mémoire que tu cherches tel album et qu’un jour, tu reçois un coup de téléphone. C’est dans ce contexte que j’ai choisi de faire confiance pour la peine et qu’à chacune de mes visites, y a un des disques avec lesquels je repars qui n’est pas l’un de mes choix, mais celui de Will ou de JF.

Hit me, les boys.

La première fois que je me suis prêté à l’exercice, je suis sorti de là avec cet album de Hauschka, un compositeur-pianiste allemand, reconnu pour son travail de piano préparé, tant écrit qu’improvisé, et qui assure autant dans une approche de musique moderne, que classique ou électronique ; une écoute nappée de reliefs, de textures et de défis bien mérités. Dans les pièces de Ferndorf, on retrouve piano, violon et violoncelle et ça pourrait facilement être juste beau, mais c’est beaucoup plus que ça. Ça partait fort, cette histoire.

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Ça fait dix ans de ça. Cet album, j’ai bien dû l’écouter vingt fois ces derniers jours et j’en suis toujours aussi emballé. Aussi bien dire que le disquaire maskoutain avait mis le doigt sur le bobo, qu’il avait parfaitement patché le trou à combler, avec comme seule directive : « Je sais pas man, je veux de la musique » en italique.

Depuis ce temps-là, chaque fois que j’y vais ou que je leur passe une commande en ligne, ça me coûte un petit bras et jamais je n’ai autant été en phase avec le fait de perdre un membre. Laisser un peu de soi, comme ça, dans le feu sacré des autres, ça paye des deux bords. Et ça a jamais tué personne, j’en suis la preuve vivante.

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