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Jean-François Archambault: Faire la révolution en tablier
Il y a ceux qui font trop de bouffe, et ceux qui peinent à se nourrir. Entre les deux, on trouve Jean-François Archambault et l’équipe de la Tablée des Chefs, qui arrivent à sustenter plus de 500 000 personnes chaque année. Et ces infatigables fourmis des fourneaux ne vont pas s’arrêter là… Dans un futur proche, la bande compte déployer à grande échelle son initiative de récupération alimentaire et investir, avec ses Brigades culinaires, près de la moitié des écoles secondaires du Québec.
Président et fondateur de La Tablée des Chefs / 42 ans / Bélier
Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds… que je suis un entrepreneur social qui mobilise les chefs et les cuisiniers autour de l’enjeu de la faim et de l’insécurité alimentaire.
Ma mission, c’est… nourrir les gens dans le besoin tout en favorisant l’éducation culinaire et l’autonomie alimentaire chez les jeunes. Du côté de l’éducation culinaire, on rejoint annuellement plus de 2 500 jeunes aux quatre coins de la province. Soit ils suivent nos ateliers culinaires dans plus de 100 écoles secondaires (donc le quart des établissements québécois), soit nos chefs et cuisiniers sont présents chaque semaine pendant l’année scolaire. Sans compter nos ateliers dans tous les centres jeunesse au Québec!
Nourrir 500 000 personnes par année, ça signifie… s’assurer que la mission première des aliments soit d’être consommés et mangés. Trop de gens ne mangent pas à leur faim, trop de nourriture est gaspillée. C’est impressionnant la quantité de nourriture qu’on arrive à récupérer. [NDLR : On parle de plus de 200 tonnes, qui proviennent notamment des surplus du milieu de la restauration et de l’hôtellerie.] Mais il ne faut pas être impressionnés par ces chiffres : nous pourrions en faire beaucoup plus.
Mon plus grand défi, jusqu’à maintenant, aura été… de garder la tête haute et de ne jamais accepter qu’on me dise « non ». C’est-à-dire convaincre notre gouvernement d’investir dans La Tablée et nos partenaires de s’engager à nos côtés, tout en préservant l’équipe sur le terrain. Je ne veux pas qu’elle ait à se demander : « Est-ce qu’on sera encore là demain? » Cette pression, c’est à moi de la porter.
L’accomplissement dont je suis le plus fier, c’est… de constater à quel point les jeunes aiment cuisiner, goûter et découvrir. De voir aussi comment les préjugés tombent autour d’une table. Que des gars et des filles, de tous les âges et de toutes les cultures, cuisinent ensemble, ça me parle!
J’aime croire que… lorsqu’on allie passion, talent et plaisir, on peut surmonter l’impossible. Que l’empathie est la pierre angulaire de notre travail et que donner, c’est recevoir.
Pour l’année à venir, je veux… convaincre le plus de gens possible (chefs, jeunes, directions d’écoles, partenaires) de soutenir notre croissance. Notre projet peut traverser les frontières! On travaille à bâtir de solides fondations parce que nous avons de grandes ambitions. La Tablée, ça ne fait que commencer!
Ce sera bénéfique pour… les jeunes qui seront inspirés par la cuisine, pour les organismes d’aide alimentaire qui recevront des denrées, pour les parents qui verront leurs jeunes s’intéresser à leur alimentation et aux repas en famille, pour nos partenaires qui verront le fruit de leur investissement… Et pour nous, qui aurons le sentiment du travail accompli.
Voir des jeunes cuisiner… c’est se rendre compte que les écoles doivent être un lieu où l’alimentation se vit au quotidien. Si nous ne transmettons pas la passion pour la bouffe et la cuisine à nos jeunes, nous passons à côté en tant que société. Nos cuisines, autant à l’école qu’à la maison, doivent être ouvertes aux enfants. Salissons les planchers et les comptoirs, il faut un peu de ça pour apprendre. Développons des jeunes qui connaissent le vrai et le bon!