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Je veux disparaître

Par
Edouard H.Bond
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Chaque soir, avant de me crosser pour dormir, j’attends minuit avec une certaine fébrilité pour voir ce que l’application On This Day de Facebook me réserve. Et quand l’heure du Diable sonne enfin, je me vautre dans mes souvenirs qui sont, la plupart du temps, très insignifiants.

Je me délecte alors d’anciens statuts, de leurs likes et de leurs commentaires. Je me délecte mais pas vraiment.

Ça me rappelle plutôt à quel point je suis pas si tant clever que ça, et plus souvent qu’autrement, j’ai un peu honte des niaiseries avec lesquelles j’ai beurrées Facebook ces dernières années.

Exemple : le 18 février 2010 j’ai écrit Je suis maintenant adepte des filles qui portent des bikinis en métal même l’hiver. Un seul like. Un like de trop tant qu’à moi.

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C’est au début de 2015 que Facebook a lancé son application On This Day, nous permettant ainsi de scroller chaque jour dans nos souvenirs. Ç’aura ainsi pris un peu plus de trois ans au roi Facebook pour répondre à Snapchat, la reine du post éphémère. Une réponse à l’envers, une réponse drette dins dents qui dit en gros : les gens tiennent à leur passé, aussi internet soit-il.

Sauf qu’après un peu plus d’une décennie de web 2.0 “collaboratif” entre guillemets, je crois qu’on doit passer à l’étape supérieure et suivre le guide Snapchat pour créer ENFIN le web 3.0 instantané et éphémère. L’archive web personnelle, l’hostie, son concept et son principe, tout ça doit être remis en question, et, dans la plupart des cas, détruit, pulvérisé, atomisé.

Le nouveau réseau social Hooti arrive justement à point. Lancée il y a quelques semaines-ish, cette application de micro-blogue permet de hululer en 140 caractères, ou en photo ou en vidéo, et de choisir la durée de vie de notre hululement entre une minute et un mois avant qu’il ne disparaisse. Son slogan : Think it. Blog it. Destroy it. Twitter meets Snapchat.

Quelle idée fantastique !

Si seulement Hooti accotait ses promesses, mais non. Je m’y sens comme sur Google+ à ses débuts, quand tout le monde sur Google+ y parlait de Google+. Dommage.

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Je veux disparaître. Ces jours-ci, j’efface à’ mitaine mes articles sur terreurterreur.com pis edhardcore.ca pour exister de moins en moins sur l’autoroute de l’information. Je me prépare à ma propre et véritable mort en voulant laisser le moins de traces possible des conneries que j’ai pu chier sur le web depuis 2004. Je veux qu’on se souvienne de moi pour les conneries chiées dans mes romans, mais pas pour celles sur l’internet.

Avec l’application On This Day de Facebook, on se rend compte chaque jour, soyons honnêtes, combien on est des crisse de niaiseux. C’est pas sain.

J’abandonne; je veux disparaître. Sauf que. Suivez-moi sur Snapchat pis Hooti, j’y suis : EdHardcore.

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Pour lire un autre texte d’Edouard H. Bond : “La fin de l’amour”

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