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Je suis venue te dire que je m’en vais
Il n’y a pas un seul mot de cette dernière lettre, chers lecteurs du Urbania, que je n’ai pas écrit dans les larmes. Des larmes d’une sincérité sans fin, qui expriment un deuil immense. Si vous saviez à quel point vous avez changé ma vie.
Et sachant que c’est mon dernier papier, ce qui me tue, c’est de me remémorer chaque événement qui ont inspiré mes articles passés. Le fil de ma vie défile devant mes yeux. Si seulement vous saviez.
En fait, vous le savez très bien. Je n’ouvre pas mon cœur dans la vie, je ne suis pas facilement vulnérable, chose que mes amis me reprochent souvent. J’aime être drôle, être forte, être celle qui n’a besoin de personne. Mais dès que mes doigts touchent le clavier de mon MacBook pour vous écrire, quelque chose se passe et toute mon âme, tout mon cœur, toute ma tête se répand sur ma page Word. Les mots sortent plus facilement de mes doigts que de ma bouche. Paradoxale, pour une verbomoteur de mon espèce. Enfin…
On a traversé ensemble l’année la plus mouvementée de mon existence. Et vous avez été là. Dans les tempêtes radio-xiennes, dans les scandales d’un ex pas commode, dans mes deuils, dans mes remises en question, dans mes indignations, dans mes questionnement sur la femme, l’âge, la vie, l’amour, le monde, la politique, la vérité, l’humanité.
Vous m’avez tenu part la main. Vous m’avez donné confiance en ma plume. Vos partages ont fait voyager mes mots et aujourd’hui, une pluie d’opportunités s’abat sur moi. Et savez-vous quoi? Je suis enfin prête à accomplir ce qu’on m’offre, parce que j’ai acquis ici une réelle confiance, qui me pousse à me dépasser et à aller plus loin. Et c’est grâce à vous.
Et c’est aussi ça, le problème. Me voilà avec trop de choses, trop de projets, trop de travail.
Parce qu’un moment donné, mon cerveau surchauffe. Et je n’ai plus rien à dire. Et je ne vous ferai pas le coup de faire une Richard Martineau de moi-même, vous livrer 3 textes par jour sur 8 plates-formes différentes pour vous gaver d’une vision de la vie simpliste, moralisatrice avec des belles réponses toutes faites, avec des bons et des méchants, des têtes de turc et des chouchous, des concepts repris milles fois, froidement, avec des « Ça pas de bon sens! » ici et des « Non mais ça va faire! » là.
Parce que ça ne m’intéresse pas pantoute.
On m’a déjà dit : « De l’argent vite gagné est de l’argent vite dépensé. » On s’en rend compte très vite, ne serait-ce qu’en travaillant dans un bar tout un été.
Et bien, un article vite écrit et vite publié est un article qui tombe vite dans l’oubli aussi.
Et c’est là que je décide d’en finir. En vous écrivant régulièrement, ça me nourrit d’une joie incommensurable. Je vous jure, parfois j’envoie mon texte en pleine nuit et j’ai peine à dormir tellement j’ai hâte de voir vos réactions le matin. Je suis surexcitée. J’espère profondément que mon message passe. Et vos partages, vos messages, vos témoignages, nourrissent mon âme, mon cœur, ma tête, mon égo. Comme une poussée d’adrénaline, comme un coup de foudre inexplicable, comme une ligne de poudre.
Voilà. Il est là, le problème. Comme une ligne de poudre. Après une journée, je dois retourner faire parcourir mes petits doigts sur mon clavier, pour autre chose, d’autres projets, d’autres commandes, d’autres affaires. Et la vague redescend. Et tout est à recommencer.
C’est pourquoi je dois vous priver de ma petite personne. Parce que j’ai envie de réaliser des choses qui vont entrer dans vos têtes plus longtemps. Et je vous jure qu’un papier éloquent, percutant, cohérent, réfléchi, une fois par semaine, c’est énorme. Vous méritez qu’on prenne la peine de vous écrire bien, avec de bonnes intentions.
Je me sens comme lorsque j’ai écrit à mon premier amour que je le quittais, même si je l’aimais encore. Parce que je n’étais plus dans la capacité de l’aimer. Parce que nos vies avaient changé. Parce qu’il faut savoir quand partir.
Je vous laisse sur des paroles d’une quétainerie sans fin. C’est ce que j’ai appris de ma dernière année. J’ai le goût de vous laisser là-dessus. Oui, je me prends pour monsieur Myagi. Parce que ça m’aurait servi à quoi de transcender tout ça si ce n’est pour vous partager ma sagesse de madame de 30 ans?
Chers lecteurs…
Vous n’êtes pas petits. Ne laissez personne vous convaincre que vous l’êtes et que vous allez rester petits. Ne vous résignez jamais à une vie qui ne vous convient pas parce que vous êtes convaincu que c’est tout ce que vous méritez.
Prenez le risque de vous voir plus grand que vous êtes.
Ne laissez personne vous mépriser, remettre en question vos intentions.
Accrochez-vous à vos principes, à vos valeurs et défendez les. Soyez courageux. Soyez responsable. Faites en sorte que vos pensées soient cohérentes avec vos actions. Je suis convaincue qu’il est là, le secret du bonheur.
Ne plongez jamais dans la honte lorsque vous vous trompez. Vous avez le droit à l’erreur, à l’échec et de tout recommencer, dignement.
Soyez curieux. (Inside à un ami : Hey toué. Te rappelles-tu quand je t’ai dit ça ? Reste curieux, il n’y a plus personne de curieux. Je ne me rappelle plus la dernière fois qu’on m’a posé des vraies questions sur ma vie. C’est ça qui me manque le plus de toi.)
Soyez loyaux. Soyez fidèles. Soyez honnêtes. C’est si beau et si rare.
Croyez à l’amour et si vous l’attrapez au passage, entretenez-le.
Ne vous obstinez pas à rester avec quelqu’un qui ne vous mérite pas.
Ne laissez jamais votre image ou votre look définir qui vous êtes.
Ne devenez jamais une caricature de vous-mêmes.
Surprenez ceux qui vous ont placé dans une case.
Si j’ai appris une chose cette année, c’est qu’après les pires noirceurs, les pires trous noirs où les compteurs de nos vies repartent à zéro, c’est après qu’on bâtit de vraies relations et qu’on s’entoure de vraie lumière. (oui, j’ai dit lumière! Je suis Chantal Lacroix!)
Croyez en ce que vous voulez. Mais croyez surtout en votre humanité. Arrêtez de chercher dans le ciel, les anges et le vide, ce que vous pouvez trouver dans les yeux ou les bras d’un autre être humain.
Souriez quand on vous nargue.
Riez quand vous vous trompez.
Merci…
À ceux qui croient au GRANDIOSE.
À ceux qui défendent la vérité.
Aux femmes fières d’être femmes.
Aux hommes inspirants.
À tous les parents qui gardent mon article « La blonde de mon fils » dans l’album de bébé de leur enfant.
À toutes les filles qui m’ont écrit en larmes, ayant trouvé une résonnance dans mes mots.
Merci à ceux qui m’ont détesté. Qui m’ont haï au point de me le dire, me l’écrire, prendre du temps dans leur journée pour me laisser savoir qu’ils ne m’aiment pas. Merci de m’haïr pour ma personne, pour qui je suis, profondément. Merci de l’importance que vous me donnez. C’est pas rien.
Merci Frédéric Guindon, mon directeur de contenu, même si y’a des jours où t’as dû hurler au bureau : « IL EST OÙ LE BLOG DE LIZOTTE À MATIN? »
Merci à mon P’tit. Mon 4am, 911, call emergency. Celui qui est là, quand il n’y a plus personne.
Merci à tous les personnages de ma vie : V, Mélo, Rockstar, Les vétérans, Soleil, Cap-sur-l’été, Coloc, Crunch, Télé-Tirelire, JMA, la familia, Grumpy…
En terminant, une pensée de cette reporter de guerre en Syrie, Francesca Borri, qui terminait un article bouleversant sur sa situation par : « Vous qui demain serez encore en vie, qu’attendez-vous? Pourquoi hésitez-vous à aimer? Vous qui avez tout, pourquoi avez-vous si peur? »
Et bien, si j’ai appris une seule chose cette année, c’est la suivante : Vous pouvez vivre les plus belles expériences de votre vie. Recevoir les plus belles nouvelles. Monter les échelons. Accomplir des exploits. Mais à quoi sert de vivre toutes ces choses, si l’on n’a personne de grandiose avec qui les partager?
Comme disait l’autre,
À la prochaine fois.
Kimi xxx