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Je suis chialeux

Je ne me permets jamais de chialer. Je me gâte le temps d’un texte.

Par
Jay Du Temple
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Je déteste les chialeux et en ce moment, j’en suis un. Je ne suis pas un plaignard régulier. Je suis un touriste dans le royaume de la plainte. Aujourd’hui, je l’assume et je t’avertis : je suis un gros chialeux.

Je n’aime pas me faire dire quoi faire, et ce, même quand je ne sais pas quoi faire.

Je n’aime pas recevoir huit messages textes courts de suite de la même personne. Envoie-moi en un très long. Je n’aime pas gérer mon courrier. Ni mes courriels. Ni mes messages vocaux. Ni mes messages textes. J’aime juste parler de vive voix. Si tu veux me parler, croise-moi en personne.

Quand j’ai une barbe, je veux une moustache. Quand j’ai une moustache, je veux une barbe.

Je veux savoir ce que je veux. Je veux être en couple, mais être libre. Je ne veux pas être en couple, mais je veux quelqu’un avec qui écouter Friends avant de faire l’amour et dormir. Dans le fond, je veux tomber en amour sans avoir peur.

Je veux être en couple, mais être libre. Je ne veux pas être en couple, mais je veux quelqu’un avec qui écouter Friends avant de faire l’amour et dormir. Dans le fond, je veux tomber en amour sans avoir peur.

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Je veux plaire à mes parents, ma famille, mes amis, le public, mais en même temps, j’ai envie de faire et dire ce que je veux. Ce que je veux le plus dire, c’est merci et je t’aime, mais je suis maladroit pour le dire, donc je ne le dis pas assez souvent à mon goût et je culpabilise et je fais de l’eczéma et je n’ai plus de crème.

Souvent, je sais ce que je fais, mais je veux faire seulement ce qui me tente tout le temps.

Je veux manger des Oréos et des queues de castor et de la poutine et de la pizza et des burgers et des cannoli, tout ça en même temps, mais je veux être en santé et prendre les marches non électriques dans le métro.

J’ai chaud et froid. J’ai envie de pleurer, mais je ne pleure pas quand il faut.

Je veux m’exprimer en toute liberté, mais j’ai envie d’écouter plus et apprendre avant de le faire. Je veux lire, mais je ne prends pas le temps. J’ai le temps, mais je me dis que je ne le prends pas. Je veux écrire bien et tout le temps, mais c’est long et je ne me trouve pas bon, souvent.

Je suis extraverti pour certains, tranquille selon d’autres. Selon mes humeurs. Selon si j’ai pris un café ou si je suis fatigué. Je veux être la bonne version de moi-même au bon moment, et en même temps, m’en foutre vraiment.

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Je ne veux pas avoir d’attentes. Je dis que je n’ai pas d’attentes. J’ai des attentes. Je suis déçu. Je redis que je n’ai pas d’attentes.

Je ne dors pas quand je suis fatigué. Je suis fatigué parce que je ne dors pas quand il faut. Chaque fois que je me lève tôt, je trouve que je dors trop bien pour me lever tôt. Je ne veux jamais me lever tôt, mais je voudrais que mes journées soient plus longues.

Je suis susceptible quand il ne faut pas et pas quand il faudrait que je le sois.

Des fois, je parle trop fort et je me tape sur les nerfs. Je veux parler toujours au bon volume. Je voudrais que le monde arrête de se chicaner et qu’on puisse juste jaser. Au volume adéquat.

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Je ne dors pas quand je suis fatigué. Je suis fatigué parce que je ne dors pas quand il faut. Chaque fois que je me lève tôt, je trouve que je dors trop bien pour me lever tôt. Je ne veux jamais me lever tôt, mais je voudrais que mes journées soient plus longues.

Je n’aime pas le vulgaire. J’aime le sexy, coquin, mais courtois et de bon goût, au bon moment.

Je veux boire, mais pas me saouler. Je veux faire la fête, mais me rappeler. Je veux qu’elle me rappelle, mais si elle ne le fait pas, je veux m’en foutre.

Je suis tanné de vouloir. Je veux juste être. Et manger des cannolis. Je suis tanné de chialer. Je vais arrêter maintenant, et ce, pour un moment qui durera longtemps. Je l’espère. Parce que je déteste les chialeux. Surtout quand le chialeux, c’est moi.