D’entrée de jeu, il faut que vous sachiez que je ne connais pas grand-chose aux grands compositeurs, ni aux grands opéras et à leurs structures. Je ne maîtrise pas non plus le vocabulaire qui est habituellement utilisé pour parler de grandes œuvres comme celle qui est présentée en ce moment à l’Opéra de Montréal. Je suis habituée à voir mes concerts, une pinte à la main, dans un bar rue Saint-Denis et pas à côté de gens qui boivent du champagne à la Place des Arts. Est-il donc possible pour une fille comme moi de me fondre dans la masse bourgeoise et apprécier un opéra?
C’est en entendant le baryton Étienne Dupuis, un p’tit québécois de chez nous, en entrevue à Radio-Can que l’idée m’est venue d’aller à l’opéra. Étienne est en ville avec sa douce, la soprano Nicole Car, pour lancer la saison de l’Opéra de Montréal avec Eugène Onégine de Tchaïkovski. Selon Le Devoir, semblerait que c’est une honte qu’il a fallu attendre 27 ans avant de ravoir Onégine sur les planches de notre opéra, mais moi, c’était la première fois que j’entendais parler de cette œuvre classique écrite par Pouchkine. Mea culpa, je suis allée à l’école publique, on ne nous enseignait pas les grands auteurs russes.
L’entrevue avec Dupuis était bien sympathique, mais ce n’est pas la seule chose qui m’a convaincue de me pointer. Ça fait déjà quelques années que j’ai le goût d’aller à l’opéra, mais j’hésite. L’aura fancy qui entoure la chose et le prix des billets m’avaient gardée loin. Bon, il faut dire que je n’avais pas poussé mes recherches et que je n’avais pas remarqué qu’il y avait des rabais pour les 34 ans et moins.
Avant la soirée, j’ai fait un minimum de recherches pour me laisser surprendre par la production. J’ai lu la petite description de l’histoire sur le site web de l’Opéra de Montréal et j’ai jeté un coup d’œil au dress code pour m’assurer de pouvoir y aller avec mes Reebok (la réponse est oui). D’ailleurs, une fois sur place, il y avait des monsieurs en complet et des madames en robes longues, mais l’ambiance était ben moins pognée que ce à quoi je m’attendais. Je ne me suis même pas sentie mal d’être en jeans et de manger des chips à l’entracte.
Entrons dans le vif du sujet
J’ai vraiment tripé sur mon expérience. C’est plutôt rare que j’assiste à un spectacle en salle où l’on doit être assis et attentifs pendant plusieurs heures. J’ai apprécié la musique, dans ce cas-ci celle de Tchaïkovski, d’une façon totalement différente, et plus profonde, dans cet environnement.
D’un autre côté, le fait que les chanteurs.euses n’aient pas de micro et utilisent seulement la puissance de leur voix pendant l’opéra m’a aussi fait réaliser la qualité de leur performance. C’est quelque chose de voir quelqu’un chanter de l’opéra dans un film ou d’entendre un extrait à la radio, mais c’est franchement impressionnant à voir en personne. J’ai parfois eu du mal à reconnaître qui chantait/parlait puisqu’il y avait beaucoup de scènes de groupe et des chœurs derrière les personnages principaux, mais en général l’histoire était facile à suivre (malgré les sous-titres pour traduire le russe).
No offence à Pouchkine, mais je ne dirais pas que l’histoire d’Eugène Onéguine m’a particulièrement touchée ou émue. Son récit d’amours intenses et rapides, de jalousie et de regret a sûrement perdu quelques nuances dans la traduction. Cela dit, je ne m’y suis pas ennuyée une minute. J’en suis même ressortie en ayant envie de recommencer.
Comme première expérience à l’opéra c’était plutôt parfait. Beaucoup moins intimidant que ce à quoi je m’attendais et tout aussi divertissant qu’une comédie musicale américaine. J’ai même décidé de profiter d’un voyage en Europe cet automne pour retenter l’expérience de l’opéra, cette fois à Amsterdam avec une œuvre de Mozart. Il ne me manque plus qu’un monocle pour être officiellement une personne fancy!