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Je réclame de nouveaux fétiches

Par
Lili Boisvert
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Lorsqu’en équipe, pour Sexplora, nous avons commencé à travailler sur la thématique du fétichisme…

On ne s’entendait pas du tout sur ce qu’était un fétiche.

La conversation ressemblait à ça :

— Il faut qu’on parle de sadomasochisme dans cet épisode, parce que c’est clairement du fétichisme…

— Nenon, c’est une pratique sexuelle. Un fétiche, c’est un objet. Comme un veston en cuir.

— Pas nécessairement, ça peut être une partie du corps ou une situation. Genre, un scénario où une personne est déguisée en infirmière et l’autre joue le patient.

— Mais pour qu’on parle d’un fétiche, il faut que la personne ait un rapport vraiment obsessif avec ça. Comme un gars qui n’arrive pas à bander pas si la fille ne porte pas de talons hauts.

— Ben là, pourquoi on ne pourrait pas avoir des fétiches sains?

On s’entendait sur le fait qu’un fétiche était quelque chose qui n’était pas sexuel à la base et dont le sens était détourné par des esprits libidineux…

Mais qu’est-ce qui n’est pas sexuel à la base et qu’est-ce qui l’est?

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Si on parle du corps humain, il n’y a véritablement que les parties génitales dont la fonction biologique est strictement sexuelle. Toutes les autres parties du corps, notamment les fesses et les seins, ont d’autres fonctions principales, et si on les sexualise, il faut alors les placer dans la catégorie des fétiches.

Par ailleurs, en discutant avec nos experts interviewés dans l’émission, j’ai réalisé qu’il y avait deux définitions de ce qu’était un fétiche.

Une définition pathologique, qui définit effectivement le fétiche comme quelque chose qui pose problème.

Par exemple, les nécrophiles (qui ont des contacts sexuels avec des cadavres) et ceux qui font du frotteurisme (qui aiment se frotter sur des inconnus dans le métro) commettent des crimes. C’est assez problématique.

Mais il y a une deuxième définition du fétichisme, une définition “culturelle”,

Selon laquelle tout ce qui est excitant dans l’imaginaire d’une personne ou dans l’imaginaire collectif peut être considéré comme un fétiche.

Et bien souvent, les fétiches présents dans l’imaginaire collectif sont issus des tendances : des modes dans la porno, des modes vestimentaires, celles lancées par des vedettes, etc.

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D’ailleurs, les fétiches, ça émerge et ça disparaît. À preuve, la première fois que le terme “fétiche” a été utilisé dans un sens sexuel, c’était en 1887, pour parler de l’émoi sexuel ressenti par certains hommes à la vue… de bonnets de nuit.

Et c’est probablement pour cela qu’il est si difficile de clairement mettre le doigt sur ce qui est un fétiche et ce qui ne l’est pas. Parce qu’en plus d’être subjectif, ça évolue.

D’où ma requête : je veux de nouveaux fétiches. Je trouve qu’on a pas mal fait le tour de ceux qu’on trouve dans la culture populaire en ce moment.

Bon, vous allez me dire que si je teste sur internet la règle 34 selon laquelle “si ça existe, il y a du porno à ce sujet”, je peux trouver tout un éventail de fétiches farfelus… Mais les fétiches mainstream, eux, tardent à se renouveler. Le fétiche des seins est lassant. Les dynamiques dominant/soumis, ça a déjà été fait 739 milliards de fois. Et l’érotisation des pantalons de yoga, est-ce qu’on peut en revenir?

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Je veux du frais, du neuf!

  • Lors d’une scène sexy à la télé, je veux voir des prises de vue lentes et langoureuses sur les oreilles des acteurs.
  • Je veux une catégorie “cyclistes” sur les sites porno.
  • J’en veux une autre baptisée make-up sex.
  • Je veux une mode de vêtements qui met en valeur les coudes.
  • Je veux qu’on arrête d’être scandalisés par les mamelons des femmes et qu’on le soit par les chemises à carreaux.
  • Je veux qu’on érotise les pantoufles.

Je suis persuadée qu’on peut rendre n’importe quoi sexuel, avec un peu d’imagination, d’associations et de répétition.

Pornographes, artistes, écrivains, spécialistes du marketing, entendez mon appel! Laissez de côté les formules toutes faites, mon imaginaire sexuel a soif d’une nouvelle vague de fétiches!

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