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Je ne suis pas hétéro

Par
Mélanie Couture
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Sur différents sites circule présentement une recherche qui m’apprend qu’en tant que femme, il m’est impossible d’être hétéro:

“[…] si on se fie à cette nouvelle étude de l’université d’Essex (en Angleterre) les filles sont soit bisexuelles ou lesbiennes, mais jamais totalement hétérosexuelles.”

Les articles sont, pour la plupart, appuyés par une photo de deux jeunes mannequins douces, aux gros seins qui se cajolent.

Offensée par l’idée qu’on me dicte mon orientation sexuelle, j’ai voulu connaître les détails de la recherche.

SPOILER ALERT pour les hommes qui avaient déjà un semi : les conclusions de l’étude sont beaucoup moins salivantes quand elles n’ont pas été charcutées par des sites qui veulent générer des clics.

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Par respect pour la science et surtout parce qu’il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, voici ce qu’il en est vraiment :

Sur un échantillon de 345 femmes, 82% d’entre elles, pendant la phase excitation de la réponse sexuelle, ont dilaté de la pupille à la vue d’images montrant des corps de femmes nues tout comme des corps d’hommes.

AH BEN BOUT DE CIARGE! APPELLE-MOI LESBIENNE!

J’ai déjà regardé une vidéo d’une fille qui se fontainait la vie et j’étais excitée : Ellen DeGeneres et Melissa Etheridge, je vous VEUX !!!

Si les gens voyaient le jardin secret des femmes pendant la phase excitation, on observerait surement des femmes qui dilatent de la pupille à la vue d’un homme qui tient un billet d’avion pour Paris. Ça ne fait pas d’elles des sujets qui se caresseraient les mamelons avec des cartes d’embarquement pour autant.

Faut faire la distinction entre excitation et la mise en action. Le fantasme vs la réalité.

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Permettez-moi donc d’enfiler mon chapeau d’ancienne sexologue-éducatrice pour tenter de stopper l’hémorragie d’une nouvelle mode : la bisexualité d’occasion. Jeune fille, oui toi qui te frottes sur ton amie pour attirer l’attention des garçons, toi qui regardes une vidéo de deux filles qui s’amusent avec une douche téléphone, toi qui t’es même tapé un trip à trois avec une autre fille, ça ne fait pas de toi une bisexuelle, encore moins une lesbienne.

La bisexualité, (féminine dans ce cas-ci précisons-le, car faudrait surtout pas oser dire qu’un homme qui se masturbe pourrait exciter un autre homme hétéro, car même si ça existe, on va entendre une chorale de douchebags répugnées dire: “PFFFF c’est ben fif ça!”)…

Donc je disais : la bisexualité d’occasion entre deux femmes popularisée par la porno n’est pas une orientation. Une orientation, ça implique beaucoup plus qu’un acte sexuel.

Être lesbienne ou bi, c’est tomber en amour avec une femme, partager son quotidien et se pointer au party de Noël sachant que tu vas endurer des mononcles saouls te dire : “faque vous demandez quoi au Père Noel vous autres, des ciseaux? AHAHHHA!”

“Non mononcle, pas de ciseaux.”

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Des lesbiennes, ça le sait que y’a rien de ben trippant à faire du frotte vulve, que c’est inconfortable et que ça sert principalement à exciter les prépubères qui se masturbent secrètement dans le sous-sol entre deux games de XBOX.

Dans mon cas, même vouloir être “in” je suis hétéro. Je suis incapable d’être amoureuse d’une femme.

La seule façon qu’un cunnilingus pourrait me sembler appétissant, c’est si la Reine des Neiges me disait que sa vulve est faite en sundae. Là je prendrais probablement deux trois lichettes, mais ce serait surtout par curiosité. (Ah ben r’garde donc, Elsa goûte la napolitaine.)

Je suis le reflet de la platitude pour un mec qui fantasme sur un trip à trois, car ça fait pas partie de ma bucket list et j’ai la certitude que je ne passerai pas ma vie sans un homme et son pénis.

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Voilà, en 2015 ça me fait sourire, mais je fais mon coming out : je suis hétéro.

***

Pour visionner un souper où des femmes discutent de leur lesbianisme: Souper de filles.