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Je ne dors pas dans le même lit que ma conjointe

8 ans d'amour en couple et de chambres séparées qui ne font pas l'unanimité.

Par
Vincent Descôteaux
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Les gens sursautent quand ils apprennent que je ne dors jamais avec ma bien-aimée.

Il m’arrive même assez souvent de me faire dire que si la conjointe et moi-même n’aimons pas dormir ensemble, c’est parce que nous ne sommes pas réellement en amour.

Je réponds toujours la même chose : « Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous feriez un mauvais coach de vie ».

Ça fait 8 ans que j’ai la chance de partager ma vie avec un être exceptionnel. On s’aime, on a des projets d’avenir, des anecdotes que nous seuls pouvons comprendre, du désir encore bien vivant, une monogamie qui tient la route et aucune intention de dormir ensemble un jour.

Quand on en parle, il arrive que ça fâche les gens. Je trouve ce sentiment très étrange et, comme mon arrangement nocturne n’est pas full de leurs affaires, j’ai décidé d’en faire un article très personnel — mais qui pourrait s’appliquer à toutes les composantes d’un couple, selon votre romantico-sauce.

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« Un couple normal, c’est censé dormir ensemble! »

J’ai longtemps repoussé l’idée d’être en couple, non pas parce que j’avais envie d’être libre et sans attache durant ma période clubbing (période qui n’est jamais arrivée, en passant), mais plutôt parce que le format traditionnel du couple qui nous est souvent présenté ne me rejoint pas.

Je pense aussi que ce sont les couples qui suivent un modèle préétabli rigide plutôt que de simplement s’écouter qui ne durent pas longtemps. Tous les humains sont différents dans leur façon d’aimer, je doute donc qu’il soit sain de croire que chaque relation amoureuse puisse se ressembler.

J’ajouterai aussi que de faire quelque chose à contrecœur pour le principe de respecter ce qu’on attend d’une relation, ça s’appelle faire de l’anxiété de performance.

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C’est un sentiment qui n’a jamais rendu personne heureux, surtout quand on parle d’amour.

Je n’aime pas l’idée qu’il y ait un nombre de règles à respecter dans une relation sous peine d’être un couple anormal. Et je ne parle pas ici de règles comme « ne vous trompez pas » ou « ayez une discussion avant de vider le compte conjoint ». Je parle de choses comme :

– Un vrai couple, ça habite ensemble après un an

– Un vrai couple, ça attend moins de 4 semaines pour se présenter ses parents

– Un vrai couple n’a pas couché ensemble durant la première date

– Un vrai couple, ça veut des enfants

– Et surtout, un vrai couple ADORE DORMIR ENSEMBLE, SINON CE N’EST PAS NORMAL!

En ce qui nous concerne, c’est en étant honnête dans notre communication l’un envers l’autre et en ayant simplement une conversation lors de nos premières dates qu’on s’est avoué qu’on dormait mal quand quelqu’un d’autre partageait le même matelas.

Coup de théâtre : il semblerait que de bien exprimer ses besoins et de ne pas sacrifier son sommeil réparateur (déjà incertain) au nom de l’étiquette amoureuse aide à ce que les couples durent longtemps.

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Parce que je ne veux pas me vanter, mais mon couple dure depuis plus longtemps que les deux mariages successifs de mon papa. Ce n’est pas un concours, mais j’ai gagné quand même.

« Comment ta blonde peut accepter une telle chose? »

Je ne sais pas trop, mais je soupçonne un mélange d’amour et de respect en plus du fait d’être d’accord tous les deux.

Je ne veux pas me vanter de pratiquer ce que j’appelle affectueusement l’os*** de base, mais dans mon couple, on se dit ce qu’on pense, on fixe des limites et on communique nos besoins. Je sais, c’est fou dans le dash.

Plusieurs personnes imaginent qu’un couple qui ne dort pas ensemble est automatiquement en lendemain de chicane.

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Je blâme le classique : « Ce soir, tu dors dans le salon » qu’on entend souvent dans les films. Mais vous savez quoi? On dort super bien dans le salon.

D’autant plus qu’il n’y a pas de grande histoire derrière notre décision, simplement une conversation logique et sans grand rebondissement qui s’est déroulée sensiblement comme ceci :

« J’aime prendre toute la place dans le lit. » Moi aussi.

« J’aime réguler mon propre niveau de chaleur dans les couvertures. » Moi aussi.

« J’aime l’idée de ne pas faire d’insomnie parce que tu tiens à ta session de deux heures de scrolling sur Instagram dans le lit avant de perdre connaissance. » Je comprends.

« Je t’aime. » Moi aussi.

Et depuis, on dort mieux ainsi, surtout qu’on est turbo-occupés tout le temps.

On sait qu’après un mois, sûrement qu’on se serait habitué, mais il n’y a pas un moment où on a eu ce mois-là de disponible pour tout bonnement faire plus d’insomnie. Donc on n’a jamais fait l’effort d’y arriver et vous savez quoi? Ça ne nous empêche pas de dormir la nuit (la blagounette était volontaire).

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Les couples ont toujours dormi ensemble!

Ce n’est absolument pas vrai, ça. En fait, je ne vous ferai pas une recherche exhaustive là-dessus.

Je vous dirais juste que c’est une pratique qui a gagné en popularité durant la Grande Récession, quand ça devenait cher de s’acheter plusieurs lits à mettre dans plusieurs pièces.

Ce n’était donc pas la preuve d’un amour plus fort, mais plutôt une façon de repousser une faillite.

L’importance de l’honnêteté

Je ne sais pas ce que ma dulcinée faisait avant, mais en ce qui me concerne, je faisais semblant et je sais de source sûre que je ne suis pas le seul.

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J’ai eu un historique de one-nights et de fréquentations avant de tomber sur ma madame et aller en soirée pour get lucky rimait automatiquement avec insomnie. J’ai fait semblant de dormir avec des gens durant pas mal tout le début de ma vingtaine.

Ces dernières années, je gardais même du café décaféiné chez moi pour gérer ces lendemains matins. Le but était de prendre ce breuvage chaud le matin avec l’individu en question, le ou la raccompagner au métro (parce que je suis bien élevé comme ça) et finalement retourner me coucher. C’est Jo Roberge qui m’a donné ce truc dans un épisode de la série Fiston.

Ce que je trouve intéressant quand je pense à cette période de ma vie, c’est à quel point ma vie relationnelle était contrôlée par cette fameuse anxiété de performance.

J’avais l’impression que je devais une esthétique de normalité aux gens que je rencontrais dans les bars et que si on ne dormait pas ensemble, la rencontre n’était pas valide.

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Je suis triste d’avoir autant fait semblant d’aimer dormir avec des gens, car c’est aussi malhonnête envers mes fréquentations qu’envers moi-même.

Je suis heureux que ce soit derrière moi, par contre. Probablement que c’est la trentaine qui parle, mais je n’ai plus la pression de prouver quoi que ce soit avec mes relations : j’ai juste envie d’être bien, ce qui inclut de dormir en solo après un moment de qualité en duo.

Ce n’est pas censé être grave; c’est pour nous et définitivement pas contre vous.