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Je n’ai pas le «je t’aime» facile

Les aventures de l'homme moyen #54

Par
David Malo
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Quand on me le dit, je suis plus du type à répondre «moi aussi».

J’ai toujours eu un blocage quand vient le temps de dire « je t’aime ». Je ne sais pas pourquoi, je ne suis jamais allé en psychanalyse. J’imagine que ça remonte aux premières fois où on a dit « je t’aime » à quelqu’un qui ne voulait pas de nous ou bien parce que ça implique de faire une promesse d’éternité qu’on ne se sent pas capable de tenir. En plus, dans le temps, l’amour c’était pour toujours et du premier coup. Aimer est toujours venu avec beaucoup de pression pour moi.

« Si je t’aime, est-ce que je dois être avec toi pour toujours?
– ben, ouais, c’est ça le but non?
– Euh… bin oui!! Dans ce cas, moi aussi!
– Toi aussi quoi?
– Ça là
 »

J’ai toujours eu peur de m’engager, de me compromettre, mais beaucoup de facilité à fuir et à garder les choses ambiguës.

Par contre, comme tous ceux qui dédient leur vie à mieux se connaître, il arrive parfois que je comprenne des choses sans avoir besoin d’étaler tous les détails de mon passé à quelqu’un qui est allé à l’école spécifiquement pour ça. On peut arriver aux mêmes résultats par soi-même, mais il se peut que ça prenne beaucoup plus de temps. Vous allez sans doute le remarquer avec mon témoignage d’attardé, beaucoup de gens ont déjà compris depuis belle lurette ce que j’exprime dans mes textes.

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Tout ce que j’apprends, c’est majoritairement par l’expérimentation du nouveau. Ceux qui ont des petites zones de confort comprendront.

La semaine dernière, je me suis surpris, c’est sorti tout seul.

Il y avait ma filleule qui m’a envoyé une carte pour l’Halloween le 13 octobre. Le 3 novembre, quand je suis allé à la boîte aux lettres, j’étais déjà en retard pour répondre à temps. Je me sentais mal d’avoir laissé ma filleule sans réponse si longtemps. En temps d’enfant, 3 semaines c’est comme un an.

Dans la carte, c’était écrit :
« Des bonbons, ou la mort. »

C’était un peu surprenant venant d’une petite fille de huit ans (peut-être neuf). Proposer la mort, j’ai toujours trouvé ça un peu « hard core », et ce, venant des adultes aussi.

Dans ce cas-ci, j’ai bien sûr choisi les bonbons. Je suis déjà assez tourmenté existentiellement à l’idée de mourir un jour alors si j’ai la possibilité de garder ma vie en échange de bonbons, le choix est simple.

Le lendemain, un colis contenant des bonbons était envoyé par la poste, direction St-Hyacinthe. Pour prévenir les parents qu’un colis plein de bonbons arriverait éminemment, j’ai envoyé un courriel à la mère. (Les parents ont parfois tendance à être méfiants avec les colis de bonbons adressés à leurs enfants, pour des raisons évidentes)

Tout ça pour dire que j’ai terminé le courriel par cette phrase :

« Bonne soirée, je vous aime! xxx »

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J’ai écrit que j’aimais. Ça n’a pas fait trop mal. C’était même un très bon sentiment. Nouvel apprentissage : laisser savoir aux autres qu’on les aime, c’est mieux que rien. N’oubliez pas que rien, c’est toujours pire que tout. (Théorie de base)

Sur la même lancée, mercredi soir, une bonne amie à moi ne se sentait pas trop bien à cause d’une histoire de coeur et de logistique. Au téléphone, je tente de la réconforter du mieux que je peux.

Le lendemain, elle m’écrit pour me dire que je lui avais vraiment remonté le moral et qu’elle m’en remerciait.

Je lui ai répondu :

« Je suis bien content d’avoir pu le faire, je t’aime beaucoup, tu sais! »

Encore!! Je l’ai dit encore. Deux fois dans la même semaine, c’est fou! Qui suis-je?

C’est sûr que c’est plus facile de prononcer ces mots à des gens où l’amour est sans condition : parents, amis, enfants, mais, qu’en est-il des gens avec qui nous sommes en relations intimes? C’est avec eux que c’est plus dur, que ça fait le plus peur, car on le dit souvent avec l’attente d’un retour plutôt que de l’offrir en cadeau. Je crois qu’il faut simplement s’enlever de la tête que dire « je t’aime », c’est de promettre l’éternité. Il est très possible d’aimer ses ex même une fois la relation terminée. J’aime mes ex, mais je ne leur ai jamais dit quand j’étais avec! (ça, c’est la portion comportement attardé)

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Maintenant, je sais qu’aimer n’a rien à voir avec l’amour! (euh…ouais, mettons)

Au final, dire je t’aime, c’est encore un autre de ces sujets où l’on n’a réellement pas grand-chose à perdre et beaucoup plus à gagner.

Je pense que dorénavant, j’aurai le je t’aime plus facile. (même si vous répondez par moi aussi)

P.S Papa et maman, je vous aime!

Boom, 3 fois cette semaine! (c’est le score à battre)

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