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Je n’ai pas demandé à venir au monde

Par
David Malo
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J’étais de ceux qui étaient surpris que les libéraux remportent les élections de façon majoritaire. Leur chef n’a rien du charisme d’un Jack Layton et ils n’ont rien fait pour se faire élire mis à part rassurer les gens d’un certain statu quo et d’améliorations impalpables. Entre vous et moi, on peut quand même dire que tout est pareil comme avant.

L’un des avantages de notre système électoral, c’est qu’il nous assure que rien ne va changer de façon drastique. (Si on peut appeler ça un avantage). Sous la démocratie, le gouvernement est stable et remplit un rôle beaucoup plus utilitaire que visionnaire. Qu’un parti planifie investir quatre milliards dans la santé et l’autre seulement trois, à notre niveau, des chiffres de la sorte, ça ne veut pas dire grand-chose. Que l’un dise transport en commun et que l’autre dise infrastructures, tous les partis font quand même un peu de tout.

Un autre indicateur que tout est pareil est que même sous un règne libéral majoritaire, un ami indépendantiste, fulminant à cause du résultat des élections, a clamé haut et fort (sur Facebook) qu’il croyait encore fermement à l’indépendance du Québec. Si les indépendantistes croient en leur cause avec un parti libéral majoritaire, de quelle façon votre cause à vous est-elle mise en péril ?

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L’humain a tellement lutté pour avoir son confort que lorsqu’il en obtient un, il met tout en œuvre pour le conserver à tout prix plutôt que de risquer de le mettre en jeu pour quelque chose qui, peut-être, serait mieux. Lorsqu’on est bien, la peur d’avoir pire est souvent plus forte que la promesse d’avoir mieux. C’est dans notre nature et nous avons un système électoral basé sur ce principe. Que ce soit le pire parti au pouvoir ou le meilleur, les vrais changements demeurent notre responsabilité à nous tous en tant que peuple et individus. Ce qui est en soi une bonne nouvelle.

On s’étonne également du faible taux de participation. S’il y avait un enjeu palpable, le taux de participation serait toujours de 100 %. Si aux élections on avait à choisir entre un dictateur, un communiste, ou un démocrate, l’enjeu serait différent, car l’élection de l’un ou de l’autre changerait véritablement notre mode de vie. Présentement, PLQ, PQ, CAQ ou QS c’est sensiblement la même chose. C’est pour ça que tant de gens ne daignent même pas se déplacer pour voter. Il ne faut pas chercher vraiment plus loin.

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Mis à part les employés à qui l’on a promis un congé si les Libéraux rentraient au pouvoir, aujourd’hui, nous sommes encore dans le même quotidien. Mon rêve d’avoir un rêve est toujours intact, le bar où je travaille est toujours ouvert et je publie toujours un texte le mercredi soir. Si je veux, je peux encore tout quitter et partir en voyage, faire les démarches pour démarrer une entreprise, retourner aux études et faire tout ce que je veux pour que demain soit mieux pour moi et pour mon entourage. Au Québec, il n’y a rien qui est vraiment la faute du gouvernement, notre pouvoir personnel est bien plus grand et nous sommes libres de choisir nos propres causes ou combats.

La pire façon de faire sourire quelqu’un c’est de lui dire de sourire quand il a l’air bête. (Sérieusement, ça mets même en colère se faire dire ça). Le changement doit venir de l’intérieur de nous. Le gouvernement que nous avons nous permet de ne pas attendre après lui pour être heureux ou de faire quelque changement que ce soit dans nos vies. Malgré l’apparente morosité libérale, ce qui est précieux dans notre pays, c’est que nous sommes en sécurité, que nous avons de la nourriture et toutes les possibilités du monde. L’entreprise privée a toute la latitude nécessaire pour générer les changements que tel ou tel gouvernement ne fait pas.

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Nous sommes près de l’Europe, des États-Unis et les Canadiens ont une réputation en or au niveau international. En nous offrant une grande stabilité, le gouvernement nous permet tout ce que l’on veut, et ce, à notre propre rythme. Si nous voulons que tout reste pareil, c’est possible, si nous voulons changer, nous le pouvons aussi. Tous ces débats sur les enjeux électoraux ne sont que le crémage d’un gâteau dont nous ne pouvons pas vraiment nous plaindre si l’on se compare à bien d’autres pays. Oui, ça pourrait sans doute être mieux, oui ça pourrait sans doute être pire, mais, peu importe ce qui se passe, si nous attendons le gouvernement idéal pour faire quelque chose, nous ne ferons jamais rien.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’un parti pourrait promettre de mieux que notre liberté personnelle ? Ici, nous jouissons d’une grande liberté et ce, peu importe qui est élu et peu importe ce que signifie la frontière entre le Québec et le reste du Canada. Tout ça pour dire que même si je n’ai pas demandé de venir au monde, je suis content d’être né ici, dans un pays où nos problèmes se situent bien haut sur la pyramide des besoins de Maslow.

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