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De Lhasa, de sa voix, de sa musique, de la lumière jaune à sa fenêtre, de sa présence simple dans un monde artificiel. Je m’ennuie des éditoriaux terriblement humains de Gil Courtemanche. Je m’ennuie de l’humour juste et grinçant de Pierre Desproges…
Je m’ennuie de René Lévesque, de sa prochaine fois qu’on attend toujours, de la force de ses certitudes, de ses rêves communicatifs. Je m’ennuie des convictions inébranlables de Pierre Bourgault, des coups de gueule de Pierre Falardeau, je m’ennuie même de la superbe de Pierre-Elliott Trudeau, vraiment.
Je m’ennuie surtout de Jack Layton et du formidable élan de liberté décomplexée qu’il a su donner aux électeurs du Québec. Je m’ennuie de ses dernières paroles : « Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. » Je m’ennuie du monde qui n’a pas encore changé.
Je m’ennuie de John Lennon bien sûr, imagine, de Brel, le grand Jacques, avec la mer comme dernier terrain vague, de Franquin, beaucoup de Franquin et de Gaston Lagaffe, de Sol, de sa langue volubhabile, de l’intelligence de Raymond Devos, de Félix, oui Félix Leclerc, de ses racines solides comme le roc, de Jean-Claude Lauzon de sa fougue un peu brouillonne, de la poésie délinquante de Serge Gainsbourg, de l’audace et de l’inventivité de Robert Gravel qui a tant laissé au théâtre québécois.
Je m’ennuie de Dédé Fortin, qui a décidé de partir avant nous, je m’ennuie de son regard triste sur un monde qui s’effrite, de son cynisme lucide.
Je m’ennuie de Chantal Jolis, de sa voix, de son enthousiasme naïf, de sa fraîcheur, de son regard pétillant.
Et Brassens, Marie Trintignant, Philippe Noiret, Martin Luther King, Steve Jobs, Bob Marley, Ian Curtis, Jim Morrison, Freddy Mercury, Marguerite Yourcenar,… Je m’ennuie d’eux.
Tant de disparus et autant d’inconnus qui ont marqué ma vie, qui ne reviendront plus.
Ne reste que ce qu’ils nous ont appris.
La vie s’en va et ne laisse que des souvenirs. La vie s’en va, mais si nous voulons rester bien vivants et aller de l’avant, il ne faut pas oublier. Surtout quand on s’ennuie.