Je hais les résolutions

Bonne année! Et, félicitations, vous avez survécu à cette période des Fêtes.

Vous êtes passés au travers des réunions familiales, du small talk peu validant avec le mononcle aux repas vraiment lourds autant en nourriture qu’en ambiance.

Ou peut-être êtes-vous passés au travers d’un temps des Fêtes un peu plus solitaire, et le temps est venu de reconnecter avec l’action autour de vous.

Bref, à la lumière de ce réveillon du jour de l’An, totalement déshydratés, en manque de sommeil, des confettis du décompte encore pris dans les cheveux, il nous vient soudainement des élans judéo-chrétiens de rédemption. On s’assoit et on se demande : quelles résolutions puis-je adopter pour devenir une meilleure personne, en 2024?

Repensez à votre année 2023. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je n’aurais pas pu prévoir le quart de ce qui m’est arrivé en un an. En 2023, ma résolution était de mettre de l’argent de côté. Dans cette économie. En finissant mes études. Avec, actuellement, un taux d’intérêt de plus de 7 % sur les prêts étudiants. En faisant le tour du Québec pour des spectacles en voiture qui boit du gaz autant que je buvais dans mes bonnes années de cégep, c’est-à-dire goulûment.

Vous aurez donc compris que mes cadeaux de Noël ont été pour le moins frugaux, voire carrément plates.

Les résolutions, c’est l’endroit où la confiance va pour mourir. Personnellement, je suis épuisée de voir mes amis prendre la résolution, par exemple, d’arrêter de boire pour un an pour ensuite angoisser dès le premier anniversaire festif qui se présente à eux. Ils se permettent un petit verre, parce que pourquoi pas, et, dès ce premier verre, la culpabilité embarque.

Consciemment ou inconsciemment, une partie de leur confiance s’écroule et enclenche un discours réprobateur : « Je n’ai pas été capable cette année, ça ira à l’an prochain, pourquoi untel est capable d’accomplir sa résolution et pas moi, etc. »

Le plus gros problème avec cette idée des résolutions, c’est que l’objectif doit être absolu et s’étendre sur une durée quasi-infinie de 365 jours (366 cette année, 2024 étant une année bissextile). Dès qu’on se permet un relâchement, on a l’impression d’avoir échoué. Pourtant, dans la vie, il n’y a rien qui s’atteint en étant absolu et permanent. Ça prend des jours de repos, et, parfois, des rechutes. L’important, ce n’est pas d’être parfait. C’est de s’améliorer.

De toute façon, pour qui, pour quoi voulons-nous être admirables ? Pour nos réseaux sociaux ? Pour impressionner notre gym crush ? On veut atteindre la perfection pour les autres, donc. Croyez-moi, j’ai fait bien des bassesses pour impressionner la galerie, et ça ne m’a jamais rendue heureuse.

C’est un truc que j’ai mis en place, quand j’ai arrêté de boire. Je prenais mon téléphone et je textais une amie de confiance. Je lui disais : « Je prends l’engagement auprès de toi de ne pas boire pour les 15 prochaines minutes. » Et je la re-textais 15 minutes après, et, rapidement les minutes sont devenues des heures, et les heures, des journées.

Maintenant, je reprends souvent l’engagement auprès de mes proches pour y aller 24 heures à la fois, même si c’est juste pour des niaiseries. Chaque jour, j’essaie de composer la meilleure journée possible. Et c’est ça qui égaie la vie pour vrai. Pas la pression de réussir un objectif impossible au nom d’une vieille tradition aux fondements repentants.

Si la résolution que vous vouliez adopter était de vous mettre en forme, je vous souhaite de pouvoir le faire avec une équipe de gens qui triment autant que vous. C’est cliché, mais à la fin de votre vie, vous ne vous souviendrez pas qu’en 2024, vous étiez lean et cut et que vous pouviez bencher deux tonnes. Plutôt, vous allez vous souvenir des gens que vous avez croisés sur ce chemin-là.

D’ailleurs, si vous voulez arrêter de boire ou diminuer votre consommation, ce qui est un merveilleux défi en soi, faites-le en gang. En plus d’être vraiment moins plate, il y a moins de danger de s’isoler et c’est beaucoup plus motivant.

Et si jamais vous « échouez » parce que vous avez manqué à votre belle idée du jour de l’An rendu le 21 janvier, ne culpabilisez pas. Vous ne l’avez pas « échappé ». Relevez-vous et essayez à nouveau, juste pour aujourd’hui. Je sonne comme une grande gourou, mais c’est vrai que c’est aujourd’hui qui compte.

Soyez doux avec vous et sachez que vous êtes déjà de bonnes personnes. Laissez-vous vivre et apprenez grâce à des expériences, pas des objectifs.

Bonne année 2024.