.jpg)
Le 20 mai 1980, mon père complétait son secondaire et ma mère venait d’entrer sur le marché du travail. Il ne se sont rencontrés que huit ans plus tard, en 1988. Je suis née en 1992.
Je ne leur en veux pas. Je n’étais pas là: je ne peux pas juger de leur choix. Le Québec n’était pas alors ce qu’il est aujourd’hui.
J’aurais pu naître dans un Québec indépendant. « J’aurais pu », parce que les Québécois-es de l’époque en ont eu la possibilité, mais qu’ils en ont décidé autrement. Je ne leur en veux pas. Je n’étais pas là: je ne peux pas juger de leur choix. Le Québec n’était pas alors ce qu’il est aujourd’hui. Les aînés de 1980 étaient issus d’une génération fortement attachée aux symboles canadiens. La Révolution tranquille n’avait pas encore 20 ans. Les francophones venaient à peine de se réapproprier leur espace économique, de retrouver confiance en eux.
Le 20 mai 1980, 40% des Québécois-es ont dit «OUI», tandis qu’ils ont été 60% à dire «NON». Où serait-on, 40 ans plus tard, si ces proportions avaient été inversées et qu’elles avaient mené, après quelques années, à l’indépendance du Québec?*
Faisons un peu de politique-fiction et réfléchissons à ce que nous pourrions être devenus.
Le Québec serait aujourd’hui un pays démocratique comme les autres, avec tout ce que ça comporte comme changements périodiques de gouvernements, lesquels donneraient le ton aux politiques publiques implantées, à la différence que les décisions seraient dès lors uniquement prises par la nation québécoise, sans l’intervention d’un autre État.
Nos relations avec notre voisin canadien seraient toujours étroites, mais se feraient désormais d’égal à égal.
Le Québec serait un pays fier, assumé (et assuré) dans son identité culturelle et linguistique. Cette assurance nouvelle nous aurait permis d’établir des relations plus harmonieuses avec la communauté anglophone et d’entretenir un rapport différent avec l’immigration.
Le Québec serait un pays fier, assumé (et assuré) dans son identité culturelle et linguistique. Cette assurance nouvelle nous aurait permis d’établir des relations plus harmonieuses avec la communauté anglophone et d’entretenir un rapport différent avec l’immigration. Les gens qui arriveraient au Québec pour y vivre sauraient qu’ils choisissent un pays où la langue officielle est le français et le feraient donc en toute connaissance de cause.
Une nouvelle entente de nation à nations avec les Premiers peuples du Québec remplacerait l’ignoble Loi sur les Indiens, toujours en vigueur au Canada.
Notre réseau de diplomatie s’étendrait partout sur la planète, avec une attention naturelle pour l’Afrique en plein développement, là où l’expansion démographique promet de faire du français la langue la plus parlée au monde d’ici quelques années.
Nous serions actifs dans les plus grands forums internationaux sur les questions environnementales, là où nous pourrions faire la promotion active de l’électrification des transports, dont nous serions mondialement perçus comme les précurseurs, comme l’argent de nos taxes et de nos impôts aura été investi depuis 40 ans dans les énergies propres de chez nous plutôt qu’englouti dans le pétrole des sables bitumineux des provinces de l’Ouest canadien.
En évitant de financer l’industrie automobile de l’Ontario à grands coups de milliards, des secteurs économiques de pointe seraient également en plein essor ou en voie de conquérir les grands marchés internationaux grâce à une aide gouvernementale beaucoup plus généreuse, comme nos investissements stratégiques seraient désormais entièrement réalisés sur notre territoire.
Au final, comme pays, nous aurions évidemment nos hauts, nous aurions évidemment nos bas, mais l’important est que nous serions.
Notre solidarité nationale renforcée, grâce au «modèle québécois», nous serions reconnus par les autres États du monde comme un leader mondial en matière d’équité des chances entre les citoyens, aux côtés des pays scandinaves.
Au niveau local, notre démocratie en serait une de proximité, avec une décentralisation importante vers les régions qui se seraient vues accorder de nouvelles responsabilités avec des sources de revenus conséquentes, rapprochant ainsi le pouvoir des citoyens.
Au final, comme pays, nous aurions évidemment nos hauts, nous aurions évidemment nos bas, mais l’important est que nous serions.
Il n’est pas trop tard.
*Le vote du référendum de 1980 portait sur un mandat de négociation de la souveraineté-association avec le gouvernement du Canada. Un second référendum était prévu pour trancher sur le résultat de ces négociations.
VUE DU FOND
.jpg)
On pouvait entendre voler une mouche au Salon bleu mercredi dernier, pour la reprise des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale. En effet, plutôt que les quelque 140 personnes habituellement présentes (125 députés + le personnel requis pour les séances) sur le plancher, la Santé publique a établi le nombre maximal à 40 personnes pour le reste de la session parlementaire, dont 36 députés seulement. Nos pupitres sont séparés par de grands espaces et une bouteille d’eau individuelle réutilisable nous a tous été attribuée, pour remplacer nos verres d’eau habituels. Exit les dépôts de (toujours trop nombreuses) feuilles de papier : toutes les communications doivent maintenant être transmises au Secrétariat de l’Assemblée par courriel. Il y a de ces nouvelles habitudes qu’on espère voir perdurer!