J’entre dans la voiture de police.
Les policières écoutaient du Fred Again avant d’arriver sur les lieux. Je lâche un : « Gros beat, sérieux », question de détendre l’atmosphère.
« Merci », me répond une des deux policières détrempées par les restes de la tempête Debby. On s’envoie des regards complices.
C’est ma première fois dans une auto de police et je trouve ça très inconfortable. Sur la banquette arrière, il n’y a aucune place pour mes jambes, mais au moins, je suis à l’abri de cette journée absurde que je viens de vivre.
« Bon, comment t’es-tu retrouvé là? », me demande l’autre policière.
Le point de départ
Tout a commencé avec une méchante envie de pisser.
48 heures plus tôt, je roulais en Bixi, tard le soir, torturé par une envie d’aller aux toilettes qui m’a *peut-être* fait brûler une lumière rouge ou deux. Arrivé près de chez moi, je park mon Bixi en vitesse pour rentrer à la maison et me soulager de cette envie pressante qui m’a nargué tout le long du REV.
Puis, je me suis brossé les dents avant le dodo. Doux repos.
Le lendemain, je me réveille en sursaut en réalisant le pire.
« Fuck! J’ai laissé mon sac sur mon Bixi. Esti que j’suis cave! »
Je cours vers la scène du crime, mais c’est trop tard, le Bixi n’y est plus. Mon sac non plus, évidemment.
Ça n’aurait pas été si pire si seulement ce sac ne contenait pas les trois choses les plus importantes de mon existence : mon portefeuille, mon Tupperware préféré et mon ordi de job.
Moi qui voulais une semaine tranquille, je vois maintenant ma vie défiler devant mes yeux. Vais-je me faire voler mon identité? Comment vais-je pouvoir travailler sans mon ordinateur? Comment annoncer à mon coloc que j’ai encore perdu un Tupperware? Si spinner était une épreuve olympique, je serais clairement Remco Evenepoel.
Malgré tout, ma foi inébranlable en l’humanité me fait espérer qu’un bon samaritain m’a déjà contacté sur Facebook comme je l’ai déjà fait dans le passé après avoir trouvé un portefeuille perdu.
Eh non, rien. Panique.
J’ouvre mon application bancaire et mon pire cauchemar se matérialise sous mes yeux : le voleur a déjà dépensé 120$ dans quatre Couche-Tard différents, et l’équivalent d’une épicerie pouvant nourrir la famille Weasley au grand complet dans une fruiterie de Saint-Laurent, et tout ça, dans les 30 dernières minutes seulement. Il est rapide, ce Dalton. Je dois faire quelque chose rapidement avant qu’il n’aille flamber le reste de ma fortune au Casino de Montréal et brise ma cote de crédit à tout jamais. Décidément, le karma n’est pas de mon côté.
Une fois mes comptes gelés, et sachant que mon sac est entre des mains pas du tout bienveillantes, je pense à mon ordi (de travail, précisons) qui doit déjà être affiché dans les petites annonces ou revendu dans un pawn shop quelque part.
Je ne me laisserai pas faire de même.
Je contacte immédiatement le IT guy d’URBANIA :
« Salut, Phil. Par hasard, serais-tu capable de géolocaliser un ordi à distance et de le faire exploser? »
J’avais des fichiers très sensibles sur cette machine, dont un futur prix Pulitzer. On me rassure que l’ordi est bel et bien bloqué, mais qu’aucune explosion n’aura lieu.
La vengeance viendra par un autre chemin, mais elle viendra.
La déposition
En attendant, je suis sans papiers, sans ordinateur, sans lunch. Une chance que j’ai toujours mon cell. J’arrive au bureau où tout le monde est (déjà) au courant de ma mésaventure. Un vrai village de potineux. Je passe la journée à lire les procédures à suivre quand on se fait voler ses documents d’identité et ses cartes de crédit.
Je me sens comme dans la maison des fous d’Astérix.
Pour renouveler telle carte, il me faut telle information à laquelle je peux accéder via tel portail, mais qui demande des infos qui sont reliées à mon compte bancaire qui est actuellement bloqué et que je ne pourrai réactiver que lorsque je recevrai mes cartes bancaires dans 5 à 10 jours ouvrables. Une chance que j’ai fait du meal prep la veille, je pourrai au moins me nourrir.
En fin de journée, je passe à mon poste de police de quartier pour y faire une déposition, requise par l’agence de crédit Equifax pour ouvrir un dossier et s’assurer que le bozo-voleur-de-tote-bag-que-j’haïs ne réussisse pas à ouvrir une marge de crédit à mon nom.
Le policier écoute mon histoire, j’espère qu’il ne me juge pas trop. Une fois la copie du dossier en main, je rentre à la maison, le moral à son plus bas.
Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.
Une lueur d’espoir
Jour 2. J’ai déjà un nouvel ordi (merci, URBANIA).
Sur cette nouvelle machine de guerre, je décide d’aller faire un tour sur Facebook Marketplace, au cas où le voleur aurait eu la brillante idée d’y mettre une annonce pour vendre mon ordi dérobé.
En quelques clics, holy shit, je le trouve. Je vous le jure, c’est le mien. La petite poque sur le dessus, les touches de clavier usées et les allures louches de l’annonce. J’en glisse un mot à mes collègues. Au bureau, c’est la folie.
Sans même penser aux conséquences qui me mèneront éventuellement sur le siège arrière d’une voiture de police en Montérégie, je me lance.
J’écris au vendeur en me faisant passer pour un étudiant en design qui recherche désespérément un ordinateur.
Daniel (nom fictif), le vendeur, me répond rapidement. Il se décrit comme un « graphiste sénior ». Il me dit qu’il a deux MacBook Pro à vendre, parce que sa « femme et lui en ont des nouveaux ». Je stalk Daniel et son site web franchement louche : le choix des typos (rendu là, il aurait pu prendre Comic Sans), l’utilisation de photos libres de droits et le style de rédaction, tout porte à croire qu’il n’est pas vraiment dans la profession.
Mais par message, il a l’air d’un gentil gaillard, il a même changé les réglages de notre conversation pour la thématique brat (un bel hommage à l’album de Charli XCX). Il connaît sa culture populaire. On s’échange quelques textos.
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Daniel propose qu’on s’appelle. Tout ça est trop beau. Il mord, je le sens.
Est-ce que j’aurais dû laisser la police faire son travail plutôt que d’appeler la personne qui semble avoir volé mon ordi? À ce moment-là, je l’avoue, j’avais peu d’espoir au niveau de l’enquête. Il fallait que je prenne le taureau par les cornes, mais SVP, n’essayez pas ça à la maison.
Entre-temps, notre technicien informatique, qui ne pouvait pas faire exploser mon ordi à distance, m’informe que j’ai absolument besoin du numéro de série afin de confirmer qu’il s’agit bel et bien de mon ordi volé.
Parfait.
« Salut, Daniel? C’est Clément! »
Va-t-il remarquer que je m’appelle Clément Hamelin, comme sur l’identifiant de l’ordinateur volé? Va-t-il me stalker et réaliser en moins de deux secondes que je travaille chez URBANIA?
Ce que je ne vous ai pas dit jusqu’ici, c’est que j’ai aussi programmé un message d’alerte sur Find My Device qui, lorsque l’ordi est mis en marche, affiche : « Salut, c’est Clément, le propriétaire de cet ordi. T’es mieux de me le redonner, sale chien, je sais où t’habites! ». J’étais en colère, alors pardonnez-moi la violence verbale.
« Hey, allô! Bon, tu veux l’ordi? », me demande l’homme avec une voix du type Philip Morris King Size. Il sonne aussi très confus, passe d’un sujet à l’autre.
J’ai l’impression de jouer à Wikiracing, sauf que c’est lui qui décide des sujets de discussion aux 8 secondes.
Un appel de 25 minutes s’en est suivi, au cours duquel Daniel a essayé à plusieurs reprises de me convaincre qu’il a plusieurs bureaux au Québec.
Mais il a surtout insisté sur le fait que je devais absolument faire un dépôt de 150$ pour réserver l’ordinateur.
« Écoute, Daniel, je ne suis pas du genre à me faire crosser sur Marketplace. Regarde, je suis prêt à payer 200$ de plus pour l’ordi, mais pas de dépôt. »
Rien à faire, le vendeur veut absolument son dépôt.
« Mais Daniel, qu’est-ce qui me dit que tu ne vas pas disparaître après le virement? »
Daniel se fâche un peu.
« Regarde, Dan (on est rendus là) : tu m’envoies une photo du numéro de s érie, pis je te fais un virement de 150$. »
Je croyais vraiment l’avoir eu avec ce tour de passe-passe, mais il m’envoie des photos encore plus floues que sur l’annonce où le numéro de série est toujours brouillé.
Il est rusé, ce Danichou. J’ai besoin de gagner du temps.
Je m’entends avec « le graphiste sénior » pour lui faire un virement en après-midi, en échange de quoi il retirera l’annonce. Je lui dis aussi que ce sera ma blonde qui fera le virement.
Je n’ai pas de blonde, mais je suis sûr que je l’aurai à son propre jeu.
Les grands moyens
J’explique la situation à notre technicien informatique, qui me propose une solution un peu radicale que je n’aurais jamais considérée et qui changera complètement le cours de cette histoire : payer un enquêteur privé afin de retrouver mon ordinateur.
Holy shit. Ça se fait? Je vais voir mes patrons, en étant bien conscient que je venais déjà de leur coûter très cher.
« Sûr! Combien? », me répond ma patronne, à mon grand étonnement.
Dix minutes plus tard, on est au téléphone avec Mathieu, directeur principal pour la firme d’enquête SIRCO.
Est-il un ancien agent du FBI? Pourquoi ai-je soudainement l’impression de faire partie des services secrets? Quel message ça envoie qu’on emploie de tels moyens pour retrouver un ordi volé? Je me pose 1001 questions, mais le rush d’adrénaline est beaucoup trop fort pour que je les considère réellement.
Ma patronne et moi lui résumons la situation, prenant soin de lui fournir toutes les informations nécessaires à son enquête. Tout ça sur la base d’une annonce un peu louche et d’un appel avec un monsieur qui insiste beaucoup pour que je lui vire 150$.
Mathieu nous informe que chaque minute compte. Je me sens comme si j’étais dans la série 24.
On me demande de me désister auprès de Daniel, afin qu’un enquêteur se faisant passer pour un acheteur prenne le relais.
J’annonce la mauvaise nouvelle à un Danou, qui est en colère. Je vous laisse les archives de notre conversation, ça en vaut la peine.
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La confrontation
Six heures plus tard, Mathieu m’appelle. Ils ont trouvé où il habite.
Comment? Futurs détectives, prenez des notes : dans le but de montrer ses bonnes intentions à l’acheteur fictif, le vendeur a tenté de prouver que le lieu potentiel de rencontre pour l’achat était réellement son lieu de résidence. Il a donc envoyé une facture d’Hydro-Québec.
Sauf que sur ce bout de papier, deux adresses étaient inscrites : une adresse bidon clairement modifiée, et une qui semblait être l’adresse originale et qui n’avait pas été modifiée. Rookie mistake. Ce sera le point de départ pour confirmer l’adresse de Dan.
Étape suivante : l’équipe de SIRCO a envoyé à Daniel de fausses confirmations qu’un dépôt de 150$ lui avait été envoyé à plusieurs reprises. Daniel s’est impatienté et leur a dit qu’il avait vérifié auprès de sa banque (en nommant l’institution) et qu’il n’avait rien reçu.
Une collègue du bureau d’enquête l’a ensuite appelé en se faisant passer pour la banque afin de confirmer que les virements lui avaient bien été acheminés. Il semblait surpris que la banque ait ce numéro (qu’il utilisait vraisemblablement juste pour contacter de potentiels acheteurs), mais ses doutes se sont rapidement dissipés et il a fini par confirmer son identité et son lieu de résidence.
Bingo!
On sait maintenant où t’habites, Dan.
Selon l’enquêteur privé, pour que la police s’en mêle, il suffirait d’identifier le vendeur en personne, mais surtout (soulignons « surtout »), voir l’ordi en sa possession. La police pourrait ainsi déposer une plainte et le bureau d’enquêtes privées se contenterait de remplir un rapport détaillé avec toutes les informations récoltées.
Alors, qu’est-ce qu’on a fait? On est allés dire bonjour à Daniel.
Eh oui, Mathieu me propose de l’accompagner pendant sa visite. Pardon? Le plus proche que je suis passé d’une aussi grosse décharge d’adrénaline dans ma vie, c’est quand je me suis fait attaquer au couteau dans le coin du métro Crémazie quand j’étais encore au cégep.
Il m’en arrive, des trucs, maintenant que j’y pense.
Est-ce que je suis prêt à regarder Daniel dans les yeux et de lui dire : « Vous êtes en état d’arrestation » ? (Ça ne va clairement pas se passer comme ça.)
Est-ce que je sais faire une clé de bras? Est-ce que je m’apprête à procéder à ma première arrestation citoyenne?
J’exagère, mais disons que ça me fait sortir de ma zone de confort. Je me rappelle alors les mots de mon patron : « Une bonne histoire par semaine, Clément ! »
Je suis dans l’auto de l’enquêteur privé, accompagné de sa collègue qui se fait passer pour l’acheteuse d’ordinateur.
Sur la route, c’est le déluge. Tout ça va trop vite. Sortez-moi d’ici. Qu’est-ce qui va arriver si Daniel devient violent? Ou pire… que ce n’est pas mon ordinateur et qu’il est un père monoparental qui veut juste nourrir sa famille? J’ai excessivement envie de pipi. Et on sait ce qui arrive quand j’ai trop envie de pipi. On arrête dans un McDo en chemin. Au moins, je ne me pisserai pas dessus devant Dan.
Pendant tout le trajet, Daniel poursuit la conversation par texto avec l’enquêteuse qui a manifesté de l’intérêt pour l’ordinateur. Il insiste sur son dépôt de 150$ et n’a aucune idée qu’il aura bientôt de la visite.
Arrivé devant chez lui, on l’aperçoit par la fenêtre, dans son salon. Je le reconnais, c’est bien l’homme du compte Facebook.
*Cue musique intense*
On se stationne devant chez lui. Il nous voit, mais nous a-t-il reconnus? Aucune façon de le savoir, mais à l’intérieur, les lumières s’éteignent et les rideaux se ferment. Il se cache.
« Bon, on va y aller avant qu’il se couche », me dit Mathieu, pince-sans-rire.
Les enquêteurs cognent, sonnent et font le tour du périmètre. Pas de signe de vie. La pluie s’intensifie.
Un voisin sur son balcon nous fixe tout en laissant son chien japper sans arrêt. L’ambiance est digne d’un épisode de District 31.
Mathieu appelle Daniel et réussit à lui parler de vive voix. Enfin.
« Salut, monsieur. C’est Mathieu, du bureau d’enquête SIRCO… »
« J’ai appelé mes chums, ils s’en viennent m’aider. Vous avez pas de mandat. Appelez la police, m’en crisse. Bonne journée! »
Visiblement, Daniel connaît ses droits.
Mathieu contacte alors les autorités et leur explique la situation. J’ai le feeling que le service de police n’est pas très enthousiaste à l’idée qu’on ait tenté de se faire justice soi-même.
C’est à ce moment que je remets en doute l’ensemble de l’opération. Qu’est-ce qui se passe si on a fait erreur sur la personne? Mes acolytes, eux, semblent toujours avoir confiance en leur démarche.
C’est alors qu’un revirement de situation s’opère. Le vendeur accepte de laisser rentrer Mathieu seul et de lui parler. Il jure qu’il n’a pas en sa possession l’ordinateur de l’annonce. Je n’ai pas accès au reste de la conversation, mais comme ses échanges texto, tout semble décousu, m’expliquera Mathieu par la suite.
Ce que j’en comprends, c’est que le modus operandi de Dan ressemble en tous points à une fraude de plus en plus commune : utiliser une fausse annonce pour recueillir un dépôt pour un ordinateur inexistant. Bouh!
Mais pendant ce temps, les amis de Daniel arrivent, dont un qui ressemble à Popeye, et se joignent à la confrontation. En passant à côté de nous, ils ne se gênent pas pour nous dévisager. L’un d’eux est accompagné de son petit pug. Est-ce une technique pour me faire peur? Si oui, ça fonctionne.
Mon cœur bat à tout rompre. Je me dis : « Ça y est, je me fais stab à soir ». Au moins, mon testament est à jour (not).
Je n’ai jamais été aussi content de voir une voiture de police arriver. Deux policières en descendent.
Une conversation houleuse s’ensuit entre elles et l’enquêteur privé. Elles ne sont évidemment pas fan de notre esprit d’initiative.
Les deux agentes m’expliquent que tout ce qu’elles peuvent faire pour l’instant, c’est d’essayer de régler le tout à l’amiable. Elles font de leur mieux, mais Daniel ne décroche pas. Il tient son bout et assure que l’annonce qu’il a publiée Facebook Marketplace est un doublon d’une autre annonce qu’il a trouvée sur eBay. C’est louche, tout ça, mais ça ne prouve rien par rapport à mon ordinateur.
Personnellement, j’en ai assez. Je veux juste rentrer chez nous. Je n’aurais jamais dû aller scruter Facebook Marketplace.
Les policières qui écoutaient du Fred Again juste avant de débarquer m’invitent à prendre place à l’arrière de leur véhicule pour que je leur donne ma version des faits. Je me cogne les genoux sur le siège devant moi.
Le reste de mon entretien doit malheureusement rester off the record, comme on dit dans le jargon journalistique, à la demande des policières. Mais si jamais cet article vient à vous, chères policières, sachez que j’ai apprécié chaque seconde de notre échange.
Revenir bredouille
En quittant les lieux, un des résidents nous lance un :
« Pis, l’avez-vous trouvé l’ordi? Non? C’est ça, esti. Décâlissez! »
Et c’est en plein ce qu’on a fait.
Le retour a été difficile. Autant pour moi que pour l’équipe d’enquêteurs privés. Si nous n’avons pas été en mesure de récupérer l’otage, nous étions toutefois fiers d’une chose : en moins de six heures, on avait retrouvé la personne qui, on le croyait, avait mon ordinateur entre les mains. Il est rare qu’on se rende aussi loin dans une enquête maison d’objets volés sur Facebook Marketplace.
Nous avons contacté le SPVM, qui n’a toutefois pas été en mesure de mettre un chiffre exact sur le nombre de cas concernant des personnes qui retrouvent leurs biens volés sur Facebook Marketplace dans la région de Montréal. Comme quoi la bête est loin d’être apprivoisée.
On est donc repartis sans savoir si Daniel avait mon ordinateur. J’ai tenté de le géolocaliser en étant proche de sa demeure, mais rien à faire.
Par contre, une nouvelle information allait bientôt apporter un nouvel éclairage à toute cette affaire.
Plot twist, il était Perse
Le lendemain, Mathieu m’appelle. Un retour sur les derniers événements était nécessaire.
« […] je t’appelle aussi pour te dire qu’on a retracé l’annonce sur eBay [que Daniel avant mentionnée]… Et bon, je dois te dire que l’annonce en question a été publiée quelques heures avant ton vol sur le Bixi. Et sur des photos supplémentaires, on voit clairement que le calendrier affiche “Wed 10 Mordad” ce qui veut dire que c’est un calendrier perse. L’annonce peut venir de n’importe où dans le monde où l’on utilise ce type de calendrier.
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Nos motifs pour cette intervention se basaient uniquement sur la certitude que c’était ton ordinateur et étrangement, sur Marketplace, tu es tombé par hasard sur un tout autre potentiel fraudeur qui alimentait ce motif initial. Ce n’était donc malheureusement pas ton ordinateur, Clément. Désolé. »
Cette fameuse annonce, où je croyais dur comme fer avoir vu mon ordinateur de job et qui nous a précipités dans cette aventure abracadabrante où j’ai failli me faire stab.
Ce n’était donc pas un mensonge : Daniel n’a pas volé mon ordinateur.
Le fin mot de l’histoire
À la suite de mes péripéties, j’ai contacté le Service de police de Montréal afin de savoir quelle aurait été la bonne démarche à suivre. On m’a informé que « […] lorsqu’une citoyenne ou un citoyen constate qu’un objet volé se retrouve sur Marketplace, il est suggéré d’effectuer des captures d’écran de l’annonce, du profil du vendeur et des messages échangés avec la personne qui dit vendre l’objet. Ces informations peuvent ensuite être remises aux enquêteuses et enquêteurs. »
D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, mon dossier a été pris en charge par le SPVM et une investigation est en cours.
Tout ça est très ironique. J’ai tenté de me faire justice moi-même, et ç’a m’est revenu dans la face.
On a probablement soupçonné quelqu’un (à tort) d’avoir tenté de vendre un ordinateur volé. En même temps, je peux comprendre l’empressement des gens qui aperçoivent leurs biens volés dans des petites annonces et qui veulent tout faire pour les récupérer.
Quand j’ai parlé pour la première fois à un agent pour faire ma déposition, je me suis dit que je ne reverrais jamais mon ordinateur. Et j’avais beaucoup de difficulté à accepter cette idée.
Que feriez-vous si c’était votre bague de mariage? Votre téléphone contenant l’unique copie de vos photos des 5 dernières années? Vos deux chiens (et que votre nom c’est Lady Gaga)?
La morale de l’histoire, c’est que j’aurais dû apprendre à reconnaître le perse. Sans blague, aurais-je mieux fait de laisser les autorités faire leur travail? Seule l’enquête en cours du SPVM nous le dira. D’ici là, vous m’excuserez pendant que je change tous mes mots de passe.