Logo

J’ai retrouvé mon cœur dans une ruelle

Nous arpentons les rues de notre ville, à la rencontre des Montréalais et de leurs histoires.

Par
Portraits de Montréal
Publicité

« J’ai rencontré mon meilleur ami en 2000, on avait quarante neuf ans de différence. Il est décédé à 85 ans, il y a trois ans. Il était très cultivé et moi j’étais très friand de culture, on s’est liés d’amitié très vite. Il n’avait pas d’enfant fait que j’étais un peu comme son fils, et moi aussi mon père était plutôt absent, fait que c’était vraiment un ‘father figure’. Pendant un bon moment c’est lui qui s’occupait de moi : il était à la retraite et moi j’étais étudiant, alors il me payait les théâtres et des trucs comme ça, et des voyages un peu. Et à la fin c’est moi qui me suis occupé de lui pendant les cinq ou six dernières années. Quand il était dans le coma je lui mettais de la musique classique et je me couchais à côté de lui. »

Publicité

« Il adorait le Québec, c’était un fier Québécois, et la Saint-Jean était très importante pour lui. Et comme il adorait boire du champagne, tantôt on s’en va au cimetière pour boire une coupe sur la tombe de Jean-Jules. »

« J’ai balayé ça du genre ‘Oui, ok.’ Je ne tombe pas amoureuse d’une personne en fonction de leur apparence, ou de leur genre ; c’est beaucoup plus une question de comment ils me traitent, et ce qu’ils ont dans le cœur. C’est ça les traits de personnalité qui m’attirent vraiment à un autre être humain, donc on a un peu mis ça de côté ensuite. Pendant environ un an et demi. »

Publicité

« Je lui ai fait mon coming out en janvier de cette année. C’est encore très frais. On était en vacances et je traversais une mauvaise passe, et elle m’a demandé ce qui n’allait pas. J’ai dit ‘Je crois vraiment que je suis un homme à l’intérieur.’ Ça été une libération très énergétique, j’ai eu la tremblote tout le reste de la journée, mais quand je me suis réveillée le lendemain matin je me sentais plus léger, comme ‘OK, tu l’as fait, relax maintenant et soit fier de toi.’ »

« C’était assez profond parce que c’était la première fois qu’il me le disait sans équivoque, et dans un sens, qu’ils se l’admettait à lui-même. Une fois que tu vocalises quelque-chose à voix haute… »

« …il y a une responsabilité qui vient avec ça, d’affirmer qui tu es. »

Publicité

« Elle est extraordinaire dans tout ce processus ; je n’aurais pas pu espérer avoir une meilleure personne à mes côtés. »

Publicité

« Je trouve que nous, les filles, on a été tellement habituées, parfois dès l’enfance, à être compétitives entre nous, à nous comparer tout le temps, qu’on n’a pas le choix de s’entraider pour être heureuses. C’est vrai au Québec, mais c’est encore plus vrai ailleurs dans le monde. En avril, je suis partie deux semaines à Calcutta, et pour beaucoup de jeunes filles que j’ai rencontrées, chacune de leurs journées c’est survivre, pas vivre. J’ai pu faire du repérage, et en octobre j’y retourne avec quinze filles de Les Princes pour travailler avec deux orphelinats, et apprendre aux jeunes filles à jouer au baseball. Leur donner du matériel, des médicaments, tout un tas de choses. Mais surtout leur montrer que le girl-power existe, qu’on est plus fortes ensemble. »

Publicité

« On s’est rencontrés sur OK Cupid. On est tous les deux pas très bons pour socialiser de façon normale, je veux dire en allant dans des partys et en rencontrant du monde dans des bars et des trucs comme ça. »

« Ben, toi tu l’es pas. Toi t’es meilleur à rencontrer des gens sur internet. Mais moi j’ai juste rencontré deux personnes sur internet et que je vois encore, et tu es l’une des deux. La seule chose dont je me souvienne de nos profils, c’est que sur le mien, il y a une section qui disait ‘Tu devrais m’écrire si…’ et j’ai mis ‘si tu assaisonnes ta bouffe.’ Et son profil disait ‘J’assaisonne trop ma bouffe.’ »

Publicité

Quand j’ai fini de payer mes dettes, j’ai voulu arrêter d’être escorte, par contre j’étais rendue addict, surtout au crack. Je n’étais pas capable de faire ça en étant sobre, c’était impossible. Et après j’ai eu des problèmes de santé mentale, j’ai eu des diagnostics de stress post-traumatique chronique et sévère. Quand je faisais escorte, je faisais de la dissociation. Je me rappelle entrer chez quelqu’un, je me rappelle en sortir, mais entre les deux, encore aujourd’hui, je ne pourrais pas te dire ce qu’il s’est passé. Le stress est arrivé après, comme un mur de brique. Je m’évanouissais à cause d’odeurs – je n’aurais pas pu te dire à quoi l’odeur était liée, peut-être le parfum d’un client – mais je parlais avec des amis et bam, je m’effondrais sur le trottoir. Je croisais un client et bam, je m’effondrais. »

Publicité