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J’ai regardé The Fast and the Furious pour la première fois hier
La célèbre franchise Hollywoodienne Fast and Furious célèbre son vingtième anniversaire aujourd’hui. Habituée de faire les choses en grand, la série fête l’occasion avec un tout nouveau film où Vin Diesel affronte le lutteur John Cena dans une succession de confrontations spectaculaires autour du globe parce que… parce que… Ben, je sais pas. J’ai jamais vu la série. Je trouve juste que ça look en ta.
J’étais étudiant au Cégep de Sept-Îles quand The Fast and the Furious a fait une entrée remarquée dans la culture populaire et validé l’existence de tous les chauffeurs de Honda Civic modifiée de la planète. Le film était présenté constamment sur les écrans de la cafétéria, mais je n’y ai jamais vraiment porté attention. Je me rappelle juste qu’il y avait beaucoup de bruit de moteurs de voiture et je déteste ce bruit-là. Les touristes américains qui font pétarader le moteur de leur Ferrari louée sur le boulevard Saint-Laurent la fin de semaine du Grand Prix en espérant que ça impressionne quelqu’un me rendent agressif et injurieux.
Les touristes américains qui font pétarader le moteur de leur Ferrari louée la fin de semaine du Grand Prix en espérant que ça impressionne quelqu’un me rendent agressif et injurieux.
Comme on voulait faire partie des célébrations, mais qu’on ne savait pas trop quoi faire, ma rédactrice en chef adorée Barbara m’a simplement suggéré de profiter de l’occasion pour rattraper le temps « perdu » et essayer, avec vingt ans de perspective, de comprendre comment un film de chars est devenu une des franchises fétiches des amateurs de films d’action. CHALLENGE ACCEPTED m’écriai-je comme Barney Stinson dans How I Met Your Mother. Parce qu’on s’entend qu’il y a des choses moins le fun à faire pendant son shift que de regarder un vieux film d’action!
Si vous n’avez pas encore vu The Fast and the Furious(ou si vous vous demandez juste si c’est aussi bon que dans vos souvenirs), voici les réponses à toutes vos questions… et même à celles que vous ne vous étiez jamais posées.
est-ce un bon film?
Pas mauvais, dans la mesure où il ne faut pas trop le prendre au sérieux. Pour ceux qui ont vécu sous une roche pendant deux décennies comme moi, The Fast and the Furious c’est l’histoire de Brian (incarné par le regretté Paul Walker), un flic infiltré qui enquête sur des vols de camions de marchandise et qui se lie d’amitié avec le garagiste ultra-bro Dom Toretto (Vin Diesel) qui est peut-être coupable de ces vols à haute vitesse (ou pas).
Bon, c’est sûr que The Fast and the Furious est le genre de film où la criminalité est romancée. Dom et son équipe ont tous une (très) grande opinion d’eux-mêmes et de ce qu’ils font. Malgré qu’il nage dans le fric, le garagiste tient de longs discours sur le fait que la liberté c’est la chose la plus importante au monde et bla-bla-bla. C’est pas très grave, parce que le film est tellement exagéré et irréaliste que c’est difficile de croire que quelqu’un peut le prendre au pied de la lettre.
On parle ici d’un film où la masculinité est calculée objectivement à l’aide de courses de chars en ligne droite.
C’est sûr que The Fast and The Furious est le genre de film où la criminalité est romancée.
Malgré tout, The Fast and the Furious est relativement un bon conte de moralité où le protagoniste Brian doit choisir entre les liens familliaux et les liens du système. C’est pas révolutionnaire, The Godfather a fait ça il y a 50 ans, mais c’est quand même rafraîchissant qu’un film ose se positionner moralement en marge de la loi et de voir un personnage agir avec son coeur et ses valeurs, même si ça le met en mauvaise position avec sa job et avec ses amis.
Est-ce que ça a bien vieilli?
Disons que le monde a énormément changé depuis 2001. J’ai ri fort quand Dom révèle à Brian qu’il connaît les détails incriminants de son passé avant de dire : «Le web, man. Tu peux apprendre tout sur la vie de quelqu’un là-dessus».
Malgré quelques pépites amusantes, la pérennité culturelle du film s’explique de deux façons :
1) The Fast and the Furious a changé la culture de la modification automobile, ou l’a à tout le moins démocratisé. Dans les années suivant la diffusion du film, il n’était pas rare d’aller au ciné-parc ou dans un autre lieu de rassemblement et voir une bande d’amis se garer avec des voitures à l’image de celles du film. La vérité c’est que 90% des gens présents s’en foutaient ou n’avaient simplement pas le référent, mais ça en a tout de même inspiré quelques-un.e.s à développer une passion.
2) Le film présente une bande de jeunes hors-la-loi séduisants sans jamais se commettre à une histoire d’origine très précise. C’est, selon moi, là où le scénario brille : on sait qu’ils se connaissent depuis l’enfance, qu’ils partagent une passion et qu’ils ont un sideline hautement criminel. On comprend pas pourquoi, comment, ou à qui ils vendent leur marchandise volée, mais c’est ça le beau de l’affaire. On est libres d’interpréter. Dom, Letty, Jesse et la bande représentent ce qu’on veut bien qu’ils soient. Ils sont nos amis cool qui vivent une vie plus excitante et dangereuse que la nôtre.
Ce film perpétue-t-il des stéréotypes de la masculinité toxique?
Il y a quelques semaines, j’ai lu l’essai sur la masculinité de Steve Gagnon Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles et au quatrième chapitre, le dramaturge invite Vin Diesel et Channing Tatum (entre autres) à lire Antonin Artaud et avouer au monde entier que Bach les émeut aux larmes parce que selon lui ça projette une image plus saine de la masculinité que celle de leurs personnages.
On va se dire les vraies affaires là. Dans The Fast and the Furious, Dom Toretto est :
– poli;
– gentleman;
– plutôt discret hors du contexte des courses illégales;
– passionné par son travail;
– respectueux des femmes sans être possessif;
– en relation avec une fille qu’il traite d’égal à égal. (Une rareté dans le cinéma d’action de l’époque et même d’aujourd’hui)
Les seules fois où il se fâche, c’est lorsqu’on questionne son intégrité ou celle de ses amis. Ça se peut que ça ait changé avec le temps, mais laisse Dom Toretto tranquille, Steve. Il est pas parfait, mais c’est pas le vortex de masculinité toxique que tu décris. En fait… il est tellement normal que c’est à se demander pourquoi une bande de jeunes criminels qui s’habillent comme des figurants dans un clip de KoRn trippent dessus!
Aurait-on pu prévoir un aussi grand succès pour ces personnages?
Vite de même, non. On peut comprendre que ce soit devenu un classique à cause de son délicieux dédain pour le réalisme (on s’entend que ça doit être dur en criss de semer dix chars de police dans une auto montée vert lime) et son potentiel narratif, mais beaucoup de personnes ont travaillé très fort à créer un univers cinématographique invraisemblable ET cohérent pour Dom et son équipe.
À partir d’un unique visionnement, je ne peux pas m’imaginer dans quelle direction exactement les suites peuvent bien aller. Surtout pour aboutir à un neuvième film où John Cena essaie de tuer Dom dans la jungle. C’est genre LE QUATRIÈME LUTTEUR DE LA WWE À JOUER DANS CETTE SÉRIE!
Est-ce qu’il y a vraiment quelqu’un de «furious» dans ce film?
J’ai l’impression que l’adjectif «furious» est employé pour signifier «intense» plus que «fâché». Néanmoins, l’appellation québécoise «Rapide et Dangereux» sied beaucoup mieux au film. Les gars conduisent avec entre 10 000$ et 50 000$ de canisses de gaz nitro dans leurs voitures.
Je ne connais rien de plus rapide et dangereux que ça à part peut-être Hugo Meunier sur son vélo.