De 1990 à 1992 (environ), Julie Masse était la plus grande star du Québec.
Ses albums Julie Masse et À Contre-jour ont tous deux été consacrés platine; elle tuait régulièrement la une du magazine 7 Jours et faisait l’unanimité auprès de la population. Les hommes étaient tous en amour avec elle et les femmes chantaient ses tubes à tue-tête dans la douche, l’auto et lors de soirée entre girls.
Puis en 1993, la belle Julie rencontre Corey Hart aux Junos, tombe éperdument en amour, et quelques années plus tard, quitte complètement le star système québécois. Elle devient maman de quatre beaux enfants et choriste pour l’homme de sa vie. Tant mieux pour elle.
Elle ne nous aura cependant pas laissés les mains vides. On peut trouver sur YouTube tout un héritage de tounes qui ont plus ou moins bien vieilli, dont l’immortelle Billy, la chanson la plus populaire composée entièrement à l’aide d’un clavier Casio cheap acheté à 69,99$ chez Zellers.
La chanson (tout comme le clip) nous laisse avec plus de questions que de réponses, et nous tenterons d’y répondre aujourd’hui à l’aide d’une analyse rigoureuse. 🤔
Comme d’habitude, je vous conseille de regarder le clip au complet avant de vous plonger dans ses nuances les plus complexes.
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0:04 – J’adore ces motards. Ils sont tellement pré-internet. Dans le temps, on se fiait beaucoup plus à son imagination quand venait le temps de créer des choses et visiblement, la personne en charge de la direction artistique de Billy n’avait jamais vu de motards criminalisés de sa vie. C’était plus simple dans le temps. Lequel des deux est le titulaire Billy? La partie d’ombre en moi souhaite très fort que ce soit le gars à gauche, avec le pad et les culottes de cuir.
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0:14 – Pendant un bref instant, j’ai cru que le monsieur à droite avec la coupe Elvis allait accueillir la belle Julie avec un coup de pied de taekwondo, mais j’avais tort! C’était juste une pirouette à la West Side Story. Mais c’est qui lui? Pourquoi picosse-t-il Julie? EST-CE LUI, BILLY?
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0:16 – Woah! Qu’est-ce qui se passe ici? Julie est assaillie par West Side Story. Shout out au deuxième gars à partir de la gauche. Clairement un danseur professionnel. Il est venu pour gagner sa croûte et il se fout royalement de fitter avec le décor. Vous m’avez engagé pour danser? BEN J’DANSE, ESTIE.
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0:21 – 🎵Flashback, de New York cityyy 🎵 Bon, je suppose que c’est lui, notre boy (le gars à droite sur la première capture d’écran). À moins queeee… Julie ait des flashbacks de New York PENDANT qu’elle fait de la moto avec lui? Peut-être que Billy est pas là pentoute finalement…
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0:24 – Quel professionnalisme. Quelle intensité. Si j’avais un Billy à choisir dans ce vidéo, ce serait clairement lui. Le gars a pas plus l’air d’un motard que les autres, mais il own clairement plus ce qu’il fait. Un vrai homme.
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0:37 – En dehors des films de Tim Burton, là…. est-ce que y’a vraiment quelqu’un (de 12 ans et plus) qui trouve ça cool et/ou intimidant de s’habiller avec des motifs de squelette?
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1:10 – C’est-tu le dessous du pont Jacques-Cartier à côté du métro Papineau, ça?
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1:14 – C’tu moi oooou… c’est trois nouveaux dudes? C’est pu Billy, c’est It’s Raining Men!
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1:26 – Sérieux, on est où, là? Ce clip a TELLEMENT été tourné à Hochelag. C’tait plein de VRAIS motards à cette époque. Finalement, ils avaient aucune raison d’habiller tout le monde en cuir pis en jeans comme un club de fétichistes.
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1:30 – My MAN crève l’écran de la gauche, avec son pinch et son polo rose. Ce n’est pas peu dire. Le dude à côté de lui le regarde avec une jalousie profonde et viscérale. Le gars à droite prend la posture du vaincu.
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1:38 – Non seulement y pleut pas pour vrai, mais bâtard… on est censé comprendre quoi ici? Que Julie s’ennuie de Billy au point de se mettre son jacket sur la tête et de courir dans tous les sens? On dirait un bout qu’ils ont oublié de couper au montage.
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1:50 – Blague à part. Petite touche de symbolisme nice. Le vert, c’est la couleur de l’espoir. Nouveau bolide, nouvelle vie? Bon, ça explique pas pourquoi elle chante une chanson sur le fait qu’elle s’ennuie de son chum motard, mais comme plusieurs clips de l’époque, Billy n’avait pas les moyens de ses ambitions.
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2:18 – Bon, les gars en avaient plein le cul de danser en attendant qu’elle finisse de se pâmer sur Billy. On a fait du chemin, côté culture du viol depuis 1990, hein? 😅
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2:26 – Bien sûr. De 1989 à 1993 environ, les producteurs musicaux étaient persuadés qu’un solo de saxophone était NÉCESSAIRE dans chaque chanson et Twitter n’existait pas encore pour qu’on leur dise que c’est une idée de marde. Pauvre Julie, je la comprends de s’être écoeurée vite de cette business qui appartenait aux cokés en veston-cravate, à l’époque.
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2:32 – C’est pas le danseur qui pirouette au début du clip, ça? Rien de plus street et menacant qu’un gars qui tappe sur des cannes de vidanges. Le concept du clip n’est toujours pas clair, mais peu importe ce que c’était… on est clairement rendus ailleurs.
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2:46 – Yo, c’est Marc Gabriel à la guitare! Vous souvenez-vous de lui? C’est le gars qui a fait le one-hit wonder avec la chanson ultra-raciste Indigène! Moi j’l’ai jamais aimé hein? Même à 8 ans, j’le trouvais poche.
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2:57 – Y’ÉTAIT DANS L’ESCALIER DE SECOURS TOUT CE TEMPS-LÀ, LE COQUIN!
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3:27 – Euh… Ouf. Hem… je sais pas trop quoi vous dire. Ça n’a aucun rapport avec rien d’autre dans le clip, mais j’entend le VP coké dire: «C’EST L’É’TÉ, C’EST CHAUD, C’EST SEXY! FAUT QUE CE SOIT SEXY. ON VEND DU SEXE, PAS DES CHANSONS.»
Anyway, tout ça pour dire que Julie Masse était talentueuse, charismatique et oui, belle comme un coeur… Pas besoin de se demander pourquoi elle n’a pas voulu d’une carrière où elle chantait des trucs qu’elle n’écrivait pas et qu’elle tournait des clips sans queue ni tête comme Billy. La morale de cette histoire: la célébrité au Québec dans les années 90, c’était overrated.
Respect à Julie d’avoir crissé son camp, mais encore plus de respect au danseur avec le pinch et le polo rose pour s’être servi de ce clip comme démo professionnel.