J’ai mal au party

À 14 ans, on s’assoyait dans les marches du dépanneur au coin de la rue jusqu’à ce qu’une personne majeure accepte de nous sortir 1,18L de Tornade aux fruits des champs. On pouvait y rester des heures. Ensuite, on allait dans un parc boire en cachette et on faisait la fête toute la nuit (où jusqu’à ce qu’un policier débarque).

Un banc de parc, une quille de bière, des amis. À l’époque, ça ne prenait pas plus d’ingrédients que ça pour faire lever le party.

Après coup, on en reparlait pendant des semaines. L’Halloween? Pendant des mois! La Saint-Jean? Des années!

Aujourd’hui, c’est moi ou faire lever le party est devenu la chose la plus difficile de la terre après la campagne de vaccination contre le H1N1?

C’est vrai.

Les promoteurs ont beau payer des open bar, programmer des bands qui ont fait le cover du Nightlife, faire des campagnes de promo ultra-agressive sur Facebook, booker des DJ superstar, réserver la salle la plus cool de la métropole, le party ne lève plus.

Ou presque plus.

Pourquoi? Sommes-nous plus exigeants, qu’avant?

Peut-être bien.

Faut dire qu’on est plus bombardé que jamais de partys… Depuis l’avènement de Facebook, on est au courant de tout ce qui se passe à Montréal à la minute près. On passe notre temps à courir les événements et on a l’impression de passer à côté de notre vie si on manque un énième party au Salon Officiel.

Et pourtant…

Sur place, on cherche notre fun. Quinze minutes après être arrivé, on change de destination. Une. Deux. Voire trois fois dans une même soirée.

Le pire, c’est qu’à 3h00 am, on se couche semi-satisfait, semi-saoul, semi-heureux, en se disant qu’on a fait le mauvais choix. Que finalement, on aurait dû aller au party à la Rockette ou au Saphir. Parce qu’on aurait eu tellement plus de fun.

Ces temps-ci, je ressens un trop plein de partys. Je suis étourdie, j’ai mal au cœur. Comme si j’étais dans la rangée au La Baie et que toutes les esthéticiennes m’envoyaient des «poufs » de parfum au visage en même temps.

Ces temps-ci, je rêve juste d’aller au dep’, de m’acheter 1,18L de Tornade aux fruits des champs et de m’asseoir dans un parc avec mes amis. De rester là toute la soirée. De même pas penser à la possibilité de peut-être changer de place. Et de passer une des plus belles soirées de ma vie.

Pas vous?