Quand on m’a demandé de faire la critique du dernier mixtape de Doni Na Ma , God Vybz, je savais pas trop dans quoi je m’embarquais. J’ai déjà rencontré le Guadeloupéen d’origine qui est établi ici depuis quelques années, et j’avais apprécié son style complètement différent de ce qui se fait dans le street rap montréalais. Il a un phrasé pas pire original, et un débit qui permet de le reconnaître à coup sûr, à défaut de le comprendre. Bon allez, première écoute, je me lance.
Déjà, je tiens à féliciter Doni Na Ma d’avoir gardé ça court, God Vybz compte dix chansons avec un vibe plutôt sombre (#bresom). À l’époque où Drake nous sort des playlists pis des doubles-albums, c’est agréable de voir des rappeurs qui sont concis et qui nous ne font pas chier avec toutes les chansons moyennes qu’ils auraient dû pitcher à la corbeille.
Par contre, j’vais vous le dire tout de suite, j’ai pas compris grand-chose. Parce que si Doni a un style propre à lui, sa voix gutturale et son débit parfois paresseux font que beaucoup de bars passent un peu dans le beurre.
Par contre, j’vais vous le dire tout de suite, j’ai pas compris grand-chose.
Par chance, ce qui retient vraiment l’attention, ce sont ses adlibs. Son « the one true God », qu’il lance aussi fréquemment que DJ Crowd drop des n-words dans un show de Sans Pression, hante mon cerveau depuis la première seconde de l’album. Y’a quelque chose dans le mélange de sa voix grave et du switch d’intonation vers un ton très aigu qui vient vraiment me chercher. On remarque aussi très rapidement son « piiipiiiuuffff », symbole de rafales de balles silencieuses qu’il envoie à tout-va.
Alors sans tout catcher, j’ai malgré tout bien aimé son projet. C’est court, relativement bien produit, et surtout, ça m’a permis de découvrir mon nouveau rappeur préféré: MTL the Rapper, qui apparaît sur la chanson Who I Am. On repassera pour le refrain en anglais de Doni, mais il drop quand même des bijoux du genre « La méthode d’Osama est mieux que la méthode d’Obama (Yes we can!) » : j’avoue, ça m’a fait rire. Pour ce qui est de MTL the Rapper, pas qu’il soit très bon, mais on va se le dire, quel nom! Ça m’inspire beaucoup, quelqu’un qui met la ville sur son back comme ça. À quand une mixtape de Rosemont the MC?
Sur Pardon, Doni demande pardon à sa mère pour tous les risques et les écarts de conduite qu’il a connus dans son parcours. Ça me rappelle un peu la fois où ma mère m’a pogné à fumer du pot, pis que je lui ai fait comprendre que l’argent avec lequel j’achetais mon weed n’était pas le sien, mais celui que je faisais en vendant des Captain Black à mon secondaire. C’est passé moyen, un peu comme le hook de la chanson de Doni qui ramène trop à tout ce qui se fait actuellement dans le rap chanté teinté d’autotune.
C’est agréable de voir des rappeurs street démontrer des vraies pensées sur le monde actuel
Finalement, la chanson qui se démarque le plus, à mon avis, est la dernière, Yeezeebell. La mélodie mélancolique, qui reprend le même sample que Qu’est-ce que tu deviens, classique du groupe de rap français ATK, détonne du vibe street rap et nous présente un côté de Doni Na Ma plus torturé, plus vrai. C’est agréable de voir des rappeurs street démontrer des vraies pensées sur le monde actuel: « J’ai grandi sans rien, c’est la vérité/Parmi les miens, peuple négligé/Les droits de l’homme, on est pas concernés/On rentre dans le jeu avec une porte fermée ». À l’heure des mouvements sociaux de type Black Lives Matter, je dis preach!
Fait que, en gros, j’suis arrivé pour les lyrics, j’suis resté pour les adlibs, pis j’suis parti avec une certaine nostalgie du rap français des années 90 et de mes premières années de jeune buzzé. C’est plus que pas mal d’albums que j’ai écouté cette année, alors respect Doni Na Ma, t’es un vrai – même si t’es un peu le beau-frère Méo antillais du rapquéb aussi.
Pour écouter la mixtape de Doni Na Ma, c’est ici.