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J’ai échoué une dictée contre des élèves de cinquième et sixième année
«À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire!», écrivait Corneille dans Le Cid.
C’est en gardant ça en tête que j’ai croisé le fer mardi des élèves de cinquième et sixième année dans le cadre de la trentième édition de la Grande finale internationale de la Dictée P.G.L.
Il s’agit en gros d’une compétition d’orthographe opposant 124 élèves de 10-11 ans éparpillé.e.s dans environ 75 villes du Québec, d’ailleurs au Canada et même aux États-Unis.
À cause de ce léger obstacle nommé «pandémie», la dictée se déroulait en direct via Zoom ou YouTube, et tous les pégélistes, comme on les désigne (Oui, c’est un genre de secte grammaticale), étaient masqué.e.s dans leur école respective. Tous sauf moi, qui faisais ça relaxe depuis mon manoir rosemontois, après avoir reçu une invitation de l’UQAM, qui coopérait à l’évènement.
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La dictée était d’ailleurs lue par Laure Waridel, professeure associée de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, cofondatrice d’Équiterre et co-instigatrice de Mères au front.
Un choix qui tombait dans le sens, puisque le thème de l’année était: «La biodiversité: un héritage à préserver», qui clôt un cycle de trois ans sur le développement durable.
Au fait, je n’étais pas la seule antiquité à participer à la dictée, puisque ma collègue et blogueuse Maude Goyer s’est aussi prêtée à l’exercice. Je l’ai appris à la dure, lorsque cette perfide m’a poké via Messenger quelques minutes avant le début de la dictée, clairement dans le but de m’intimider et compromettre ma légendaire concentration. En vain.
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Même si nos adversaires sont né.e.s l’année de la création de la CAQ et de la sortie du tube Waka Waka (this time for Africa), nous étions au moins tous uni.e.s par un dénominateur commun: l’utilisation d’un bon vieux crayon HB et d’une gomme à effacer (Staedtler de préférence).
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13h. La musique d’ascenseur (ambiance jazz) s’estompe et le visage de l’animateur et comédien François-Étienne Paré apparaît à l’écran. Il égraine quelques règles et le déroulement de la dictée, notamment les étapes ayant mené à cette finale. On comprend donc que les finalistes ont d’abord remporté quelques compétitions à l’échelle régionale avant de se rendre ici. Moi à leur âge, j’avais une coupe champignon et j’aurais eu plus de succès dans une compétition de Punch out sur le vieux NES.
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Avant de lancer les hostilités, François-Étienne tâte la fébrilité de quelques participant.e.s parmi une mosaïque d’élèves sur un écran géant perché dans une sorte de studio. «J’ai pas lu le dictionnaire, j’ai beaucoup fait des dictées régionales sur le site en Zoom avec ma grand-mère», explique Anne-Sophie de Granby au sujet de sa préparation. Lorsque l’animateur lui demande quel est son objectif, sa réponse ne se fait pas attendre: «gagner la dictée».
C’est bien ce qu’on verra Anne-Sophie, si tu penses que je vais me faire battre par une fille trop jeune pour avoir connu Dora l’exploratrice et l’ancien Fardoche moustachu.
Après avoir fait coucou à Lili-Rose qui se trouve à Vancouver, l’animateur demande aux participants de relaxer avant de commencer. Au lieu de se détendre, Maude tente une alliance machiavélique pour tricher, que je décline aussitôt. Je me demande comment elle parvient à dormir la nuit celle-là.
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Quelques personnes importantes viennent alors lancer des messages d’encouragement. Et non les moindres: la rectrice de l’UQAM Magda Fusaro (qui cite Nelson Mandela), le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge (qui souhaite aux jeunes de s’amuser) et la vice-première ministre du Québec Geneviève Guilbault (qui rappelle l’importance de cultiver l’amour de notre langue).
Dommage qu’on ne puisse pas poser de questions, j’en aurais sûrement profité pour demander à la vice-première ministre DE QUOSSÉ LE TROISIÈME LIEN?
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Ah! Dernière chose, l’animateur nous présente l’illustrateur bien connu Jacques Goldstyn (série Les Débrouillards), qui fera un dessin live inspiré de la dictée en présentiel dans le studio.
Laure Waridel s’avance enfin sur la scène. Ça commence.
Elle lira la dictée trois fois, avec trois phrases plus compliquées en bonus à la fin pour départager s’il y a des ex aequo.
À nos crayons, c’est parti.
«Le topo de la taupe (c’est le titre). Par un beau matin ensoleillé, Florence et Ali jouaient dans le parc du quartier. Ils en avaient fait le tour quand l’idée leur était venue d’enterrer dans des trous assez profonds les déchets abandonnés.»
Laure Waridel lève la tête et prend une première pause. L’animateur l’encourage à ralentir un brin son débit de lecture, pendant que le dessin de Jacques avance bon train.
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Je ne sais pas pour Lili-Rose et Anne-Sophie, mais j’avoue que ça fait juste bizarre pour moi d’écrire à la main, sans qu’un autocorrecteur me souffle les réponses en avance. Au moins, la dictée est simple jusqu’ici. Je m’en veux presque de m’en réjouir. De son côté, Maude a probablement déjà commencé à googler les mots difficiles, classique.
La dictée se poursuit de plus belle: «N’avez-vous pas honte d’asphyxier ainsi ma maisonnée? Je fais partie de la biodiversité du jardin, je mange des insectes ravageurs et j’aère vos sols. Mes enfants, je suis aveugle, mais cela ne m’empêche pas de voir!», se lamente la taupe, en beau fusil contre ces innocent.e.s de Florence et Ali.
La première partie est facile. Pour un maître des mots quadragénaire en tout cas. Les choses se corsent lors des trois phrases de départage, où le niveau augmente d’un cran. «Petit animal fouisseur doté du crâne costaud pourvu d’arcades zygomatiques des talpidés, la taupe est un insectivore amblyope qui n’a pas froid aux yeux!», récite Laure Waridel. En plus des deux mots à coucher dehors ci-haut, j’ai au total fait six erreurs dans les phrases de départage.
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Résumons ça succinctement: j’aurais échoué contre des cinquième-sixième années, puisque les trois gagnant.e.s dans la catégorie francophone ont fait un sans faute. Dans la catégorie Français langue seconde, les gagnant.e.s cumulent de deux à cinq erreurs.
Bref, ils ont tous fait mieux que moi, ce qui constitue une blessure supplémentaire à mon âme déjà meurtrie par la vie. Je me console avec le résultat du beau dessin de Jacques, mais surtout en apprenant que ma rivale a fait sept fautes de son bord. Dans ta face Maude, le crime ne paie pas!
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Pendant que le jury était en train de délibérer, la dictée s’est terminée avec un moment de cuteness, lorsqu’une participante a levé une main virtuelle pour poser une question à Laure Waridel. «Je veux juste te dire que je t’aime et que je veux être comme toi un jour.»
Awwww mon coeur!
La séance se termine sur un autre petit mot d’une ministre fédérale que je n’avais jamais vu de ma vie, venue présenter le thème de l’an prochain: la coopération internationale.
WOW GROS FUN EN PERSPECTIVE, LES JEUNES!
Sur ce, j’aimerais — en bon joueur malgré tout — féliciter mes adversaires qui me redonnent confiance en l’avenir. Bravo donc aux gagnant.e.s: Marina Desjardins (École internationale de Montréal primaire), Sybille Olson (Lycée Claudel), Louis-Gabriel Guillén-Mayers (L’Académie Ste-Thérèse), April Chen (The Study), Lucas Cheung (Selwyn House Association) et Dahlia Labbé (La Tuque high school)
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Bravo Marina!
Quant à moi, je me demande vraiment si j’ai fait un sans-faute dans la rédaction de cet article.
Pour le savoir, je laisse ici un espace pour mon éditeur pour me donner sa note:
Avec un accès à des ressources comme Antidote, l’internet et ses pairs, notre journaliste a laissé six fautes dans son article (en excluant ses nombreux problèmes de ponctuation)…
Je lui donne donc 5/10.
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