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J’ai donné du sang plus de 1000 fois, et je vais continuer jusqu’au bout

Nous arpentons les rues de notre ville, à la rencontre des Montréalais et de leurs histoires.

Par
Portraits de Montréal
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«Mon père est décédé il y a un an, et il y a beaucoup d’éléments du divorce de mes parents qui m’avaient heurté et qui sont remontés. Ils se sont séparés quand j’étais très jeune, remis ensemble, pis ils ont divorcé. Adolescent c’était difficile de vivre ça, j’étais en révolte. J’ai essayé d’être un lien entre mes parents, avec mon frère. J’étais beaucoup avec ma mère, qui me voyait comme l’homme de la famille – c’était moi le plus vieux. Mais à un moment, j’ai juste comme abandonné, j’ai dit fuck it. À 16 ans, je suis parti en appart. Et même si j’étais présent pour mon père quand il était malade, pour ma mère quand elle est passée à travers ses deux accrochages avec le cancer, il y a comme un bout de temps où mes parents étaient encore en forme, encore capable d’aller en road-trip, d’avoir du plaisir, pis j’ai juste pas été là parce que j’étais fâché. C’est comme si j’avais pris mes parents pour acquis. Mais on met la barre de l’engagement familial tellement haut… Ça ne peut pas être tout ou rien. J’ai choisi rien, et je fais la paix avec ça. Quand mon père est parti, j’étais en bons termes avec lui, mais il faut prendre ce qu’on peut quand c’est encore possible.»

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«Mes parents ont divorcé tôt, ça a séparé notre famille et j’ai toujours senti que je devais partager mon engagement, mais que je ne pouvais pas gagner des deux côtés. Au début, je l’ai vécu… pas nécessairement comme un échec, mais devoir faire un choix à l’intérieur d’un engagement qui est très important dans ta vie, ça peut vraiment briser quelque chose. T’es jeune, et t’essaies de réparer les choses avec le temps, mais ça ne marche pas vraiment, et t’es engagé envers ta famille parce que c’est dans ton sang. Mon frère et moi on a aussi été séparés, et ça a été très difficile de renouer avec lui parce qu’on n’a pas grandi ensemble. Depuis, j’ai toujours été très prudent avec les engagements que j’ai pris tout au long de ma vie, en essayant de ne pas faire des promesses que je ne pouvais pas tenir. Bien sûr, j’ai déçu certaines personnes, mais je n’arrive pas à penser à une déception majeure. Mon frère est dans le coin aujourd’hui, c’est un oncle, mes enfants l’adorent, et moi aussi.»

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«Je dis bonjour à tout le monde, mais personne ne me répond ce matin. À force d’être dans la rue le matin, j’ai remarqué que les gens qui aiment leur travail, ce qu’ils font dans la vie, sont généralement plus sympathiques : ils me disent bonjour, ils me sourient, ils s’arrêtent pour discuter. Ceux qui s’emmerdent au travail ont plutôt tendance à faire comme si je n’existais pas.»

«Je suis musicien, je fais de la musique tzigane. Ma mère était Tzigane, mais mon père était bourgeois. Belle contradiction non ? Moi je suis toujours resté riche, de cœur et d’esprit. Vous savez pourquoi ? Parce que j’ai découvert qu’il n’existait pas un diamant assez gros pour acheter ma liberté.»

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«Ce sont tous des chiens sauvés. Moka était un chien qu’une femme élevait pour gagner de l’argent ; elle a fini par se retrouver avec trop de chiens et a paniqué. Humphrey a été retrouvé dans un parc, je pense que c’était un chien d’élevage mais je n’ai jamais retrouvé ses propriétaires. Mystic vient d’une usine à chiots, elle était gardée dans un sous-sol, dans une cage, et elle ne servait qu’à se reproduire. Elle n’avait jamais vu l’extérieur avant que je ne la récupère, et c’est en fait elle qui m’a choisie : elle est venue vers moi et a remué la queue – et tout le monde a retenu son souffle parce que ces chiens sont généralement si pétrifiés qu’ils ne bougent pas. Je ne savais pas qu’elle était alors enceinte : j’ai placé tous les chiots et j’en ai gardé un, c’est Lotus. Et je viens juste d’amener un bébé écureuil chez le vétérinaire ce matin.»

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«On était neuf enfants dans ma famille, et le partage faisait vraiment partie de notre éducation. Fait que dès que j’ai eu 18 ans, j’ai commencé à donner du sang. J’ai le privilège d’être donneur plutôt que receveur, alors si ça peut aider quelqu’un à guérir ou à survivre… Pour moi, le don de soi c’est la base de toute société démocratique et libre. Je le vois comme un devoir. Aujourd’hui j’ai 74 ans, j’ai donné du sang plus de 1000 fois, et je vais continuer jusqu’au bout.»