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J Dilla: le producteur légendaire dont la machine MPC est conservée au Smithsonian

L'héritage du producteur J Dilla, décédé il y a 13 ans, est toujours bien présent, même à Montréal.

Par
Hugo Bastien
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Le 10 février prochain marquera le 13e anniversaire de la mort de J Dilla, légendaire producteur de Détroit emporté par la maladie de Moschcowitz à l’âge de 32 ans. Vous n’avez jamais entendu parler de lui? Pas surprenant, puisque J Dilla a travaillé dans l’ombre la majorité de sa carrière. Et pourtant, ses beats influencent encore aujourd’hui le hip-hop.

Voici donc une brève introduction au génie qu’est J Dilla pour vous faire comprendre pourquoi, 13 ans après sa mort, il est encore célébré partout dans le monde.

« Welcome to Detroit »

James Dewitt Yancey naît à Détroit le 7 février 1974. On raconte que dès l’âge de 2 ans il commence à collectionner des vinyles.

Dilla débute sa carrière musicale en 1995 en fondant 1st Down avec Phat Kat. Un an plus tard, Dilla, T3 et Baatin fondent Slum Village. Leur premier album Fan-Tas-Tic (Vol. 1), sur lequel Dilla assume le rôle de producteur et MC, sort en 1997. Bien que Dilla trouvait l’affirmation exagérée, on considérait déjà Slum Village comme le successeur de A Tribe Called Quest.

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C’est à partir de cette époque que Jay Dee commencera à produire des beats pour un grand nombre d’artistes : The Pharcyde, A Tribe Called Quest, Busta Rhymes, De la Soul, Proof, Consequence, The Roots, Bizarre, Phife Dawg, Q-Tip, D12, Erykah Badu, Frank-N-Dank, Guru, Phat Kat, Bilal, Mos Def, Madlib, Talib Kwali.

En 2001, Dilla démarre sa carrière solo de rappeur et producteur avec la sortie du single Fuck the Police suivi de l’album Welcome 2 Detroit.

Il assure aussi la production des deux projets.

En 2002, il produit l’entièreté de 48 Hrs, l’album culte de Frank-N-Dank en plus d’enregistrer un album solo et son EP Ruff Draft. Au même moment, le MC et producteur de Los Angeles, Madlib, le contacte pour réaliser Champion Sound, aujourd’hui un album culte du hip-hop underground.

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Au cours des années, le culte autour de Dilla grossit grâce au partage de différents bootlegs et beat tapes via Internet.

Malheureusement, entre 2003 et 2006, la santé de Jay Dee se détériore, le musicien étant atteint d’une rare maladie du sang.

En 2005, Slum Village fait une tournée d’adieu en Europe. Affaibli, Dilla est forcé de performer en chaise roulante devant des fans en larmes.

Le 7 février 2006, jour de son 32e anniversaire, J Dilla lance son plus grand chef-d’œuvre, Donuts, avant de décéder trois jours plus tard.

L’impact musical de Dilla

Malgré sa courte carrière, Dilla a composé tellement de beats qu’environ 15 projets posthumes sont sortis depuis son décès. Ses projets solos sont pratiquement tous encensés par la critique en plus de ses collaborations à de nombreux albums cultes : Mama’s Gun d’Erykah Badu, Like Water for Chocolate de Common et Labcabincalifornia de The Pharcyde (entres-autres).

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Véritable crate digger, Dilla passait ses journées à écouter des vinyles à la recherche d’un sample intéressant. Il m’arrive souvent d’écouter une chanson obscure et me dire « me semble j’ai déjà entendu ça quelque part »… yeah, dans un beat de Dilla.

Il est aussi reconnu pour sa maîtrise du MPC, qu’il utilise comme un véritable instrument pour créer le son « Dilla » : une bass lourde, arythmique et groovy.

Son MPC est d’ailleurs maintenant conservé au musée Smithsonian:

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Finalement, je crois que tous les fans de Dilla s’entendent pour dire que son plus grand chef-d’œuvre est Donuts Cet album, c’est le Dark Side of The Moon du hip-hop instrumental, véritable testament musical laissé par le producteur avant son décès.

Dilla : un culte mondial

Par la qualité de ses productions et son éthique de travail, J Dilla a révolutionné le hip-hop et sa mort prématurée a fait de lui le Tupac ou le Biggie des producteurs, en quelque sorte. De Kanye West à Flying Lotus, en passant par les Red Hot Chili Peppers, Mac Miller ou Danny Brown, on ne compte plus les artistes lui ayant rendu hommage.

Chaque année durant le mois de février, autant à Los Angeles, New York que Londres ou Vancouver, on célèbre Dilla et Montréal ne fait pas exception.

Depuis plusieurs années maintenant, DJs et beatmakers locaux organisent Montreal Loves Dilla, une soirée hommage annuelle où ils font jouer exclusivement sa musique.

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Cette année, ça se passe le 9 février au Ausgang Plaza à 21 h. Le lien pour l’événement Facebook est juste ici.

J’encourage tout le monde à y aller : il y a vraiment de quoi d’émouvant à voir tous ces gens danser sur la musique d’un homme qui nous a quittés il y a 13 ans.

Comme si au travers des speakers, J Dilla nous disait : « Je suis encore en vie. Turn it up! »

« They shouldn’t let a nigga up in this bitch
Obviously they dont know who they fucking with »

— J Dilla

Je vous laisse sur une sélection totalement subjective (et malheureusement trop courte) de quelques-uns de mes titres préférés.

U-Luv (Donuts)

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Last Donuts of the night (Donuts)

The Pharcyde – Drop (Produit par J Dilla)

J Dilla — The Anthem (The Diary)

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