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Il y a de plus en plus de fausses cliniques d’avortement au Québec
Il y a quelques semaines, Je suis féministe a partagé sur sa page Facebook une publication de Abortion Rights coalition of Canada qui sonnait l’alarme sur des cliniques qui partagent des informations erronées sur l’avortement.
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Qu’est-ce qu’une « fausse » clinique?
Une fausse clinique (ou un centre anti-choix) est un endroit qui conseille les personnes enceintes sur les options qui s’offrent à elles. Ceci dit, étant « pro-vie », ces centres partagent de mauvaises informations sur l’avortement et cherchent à éveiller la culpabilité sur le sujet.
Une fausse clinique (ou un centre anti-choix) est un endroit qui conseille les personnes enceintes sur les options qui s’offrent à elles. Ceci dit, étant « pro-vie », ces centres partagent de mauvaises informations sur l’avortement et cherchent à éveiller la culpabilité sur le sujet.
Cindy Pétrieux, coordonnatrice à la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), résume le problème très justement en expliquant que c’est « au nom de croyances ou d’idéologies politiques que les centres anti-choix instrumentalisent des personnes enceintes qui sont dans un moment de vulnérabilité ». Elles usent de manipulation puisque « c’est sous couvert d’une neutralité apparente qu’on abuse de leur confiance pour faire avancer un projet politique. »
Il existe aussi des sites internet et centres d’appels qui ont la même mission. Certains de ces sites, par exemple Enceinte et inquiète, sont répertoriés sur la page de Québec-Vie, un organisme ouvertement anti-choix. En ce sens, leur agenda est franc, mais le message véhiculé n’est pas moins insidieux.
Lorsque l’on porte une attention particulière à la formulation utilisée sur la question d’avortement, on dénote un biais, mais un doute persiste. Quelqu’un qui tombe directement sur Enceinte et Inquiète sans passer par Québec-Vie, pourrait très bien n’y voir que du feu.
Les techniques de manipulation utilisées
Selon Cindy Pétrieux, les techniques utilisées par les centres anti-choix pour faire la promotion indirecte de l’idéologie pro-vie se divisent en deux grands aspects. « Il y a d’une part la manipulation indirecte et d’autre part le discours, explique-t-elle. La manipulation indirecte : qui ciblent-il? Des jeunes personnes en état de vulnérabilité. On les bombarde donc d’images de femmes tristes, des photos de familles, de grossesses avancées et parfois même de fœtus mort. L’imagerie pro-vie est assez claire. Au niveau du discours, on va dire le “bébé”, on humanise l’embryon et fœtus, on joue sur la peur des risques attachés à l’avortement, on les exagère, et on essentialise la maternité “c’est naturel, c’est tellement beau d’être mère”, etc. »
Parlant de mettre l’accent sur les risques liés à l’avortement, une journaliste canadienne a infiltré une fausse clinique en 2013. Elle raconte s’être fait dire que l’avortement augmentait drastiquement les chances d’avoir un cancer du sein. Il s’agit d’un exemple textuel du nœud du problème : on commence en misant sur la culpabilité puis, on joue sur la peur, mais en partageant un mélange de faits réels et de faits inventés.
Un autre mensonge souvent véhiculé est celui du «syndrome post-abortif», une condition psychologique semblable à la dépression dont souffriraient de nombreuses femmes suite à cette intervention.
À noter que l’existence de ce syndrome n’est pas basée sur des faits ou des études scientifiques tangibles, mais plutôt sur des témoignages de femmes qui regrettent leur avortement. Cet alliage de faits et de fiction peut facilement alimenter une confusion grandissante chez une personne en questionnement sérieux sur le processus.
Et ici?
Sans surprise, le phénomène a pris naissance aux États-Unis dans les années 70 peu après la décriminalisation de l’avortement. Cette tendance est bien souvent observée comme étant encouragée par les gens ayant un mode de vie très traditionnel (lire : religion chrétienne dans le cas du Canada est des ÉU). Depuis, plusieurs centaines de centres ont vu le jour à travers le pays.
Même si notre rapport à la religion est différent du leur, ce genre de clinique existe ici aussi. « En 10 ans, on est passé de 5 centres identifiés à 15 en 2015 et il y en a surement d’autres », explique Cindy. Identifier ces cliniques et sensibiliser les gens à leur existence font partie des rôles de la FQPN.
«Actuellement on recommande aux femmes de les dénoncer auprès de la FQPN et ensuite ensemble, on aimerait éventuellement organiser un recours. C’est une arnaque, une tromperie.»
Puisque ces centres ne sont pas illégaux, « la seule chose qui peut être faite, c’est de lancer l’alerte », explique la coordinatrice. De plus, il n’existe aucun recours pour les personnes ayant été victimes de ces manipulations. La FQPN appelle aux témoignages : « actuellement on recommande aux gens de les dénoncer auprès de la FQPN et ensuite ensemble, on aimerait éventuellement organiser un recours. C’est une arnaque, une tromperie, une personne victime d’une arnaque va souvent avoir un sentiment de culpabilité. Et pour vaincre cette culpabilité il faut du collectif. »
Ces centres ne trompent pas uniquement les personnes enceintes et vulnérables, certains arrivent même à se faire recommander par des organismes pro-choix ou à se faire financer par l’état. C’est pourquoi le travail de recherche et de sensibilisation de la FQPN est essentiel. Nous avons affaire à des organismes qui usent d’intelligence et de malice pour tromper les gens tout en étant ouvertement pro-vie. C’est un mécanisme aussi tordu que la stratégie médiatique de Donald Trump : on finit par ne plus savoir distinguer le vrai du faux.
Quelques liens utiles
Le site de la Fédération du Québec pour le planning des naissances (QPN).
Une brochure remplie d’informations utiles sur le phénomène.