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Il y a 75 ans, des jeunes de mon ùge débarquaient sur les plages de Normandie
Notre ancien collÚgue Ed a partagé un vibrant appel à la paix, pour souligner le 75e anniversaire du débarquement de Normandie.
Il y a 75 ans, des gens de mon Ăąge. Des gens plus jeunes. Des fils. Des frĂšres. Des amoureux. Des gens promis Ă un brillant avenir. Des gens pas encore sĂ»rs de ce quâils voulaient faire dans la vie. Des gens un peu perdus. Des gens heureux. Des gens tristes. Des personnes aussi complexes et vivantes que tous les gens quâon aime embarquaient dans des bateaux et fonçaient droit devant sur des plages prĂšs desquelles les attendaient les bouches dâarmes de guerre.
Peu Ă©taient lĂ par choix, mais tous Ă©taient lĂ car nos sociĂ©tĂ©s avaient dĂ©cidĂ© quâil nây avait pas de prix trop cher Ă payer face au fascisme.
Hier, en Ă©coutant les tĂ©moignages dâanciens combattants ou historiens, jâai eu des frissons plus que dâhabitude.
Parce que notre monde se dirige lentement mais sûrement vers plus de fascisme et plus de haine des autres.
Je vois des gens soutenir dâun amour patriotique les militaires de leur pays tout en crachant sur les Noirs ou les homosexuels qui les composent.
Jâentends des gens rĂ©clamer un Ă©tat faible quand on touche Ă leur vie, leurs impĂŽts et leur confort mais immĂ©diatement rĂ©clamer un Ă©tat fort quand vient le temps de rĂ©gir la vie des Ă©trangers et des minoritĂ©s qui composent notre sociĂ©tĂ©.
Jâentends des gens adhĂ©rer aux discours voulant que « câĂ©tait mieux avant » alors « quâavant », ce sont des millions de personnes aimĂ©es et aimantes qui sont mortes pour dĂ©fendre une certaine idĂ©e du monde.
Jâentends des gens dire « quâon paie trop cher le prix de lâimmigration » ou encore « quâon va perdre notre prĂ©cieuse culture Ă force de se mĂ©tisser Ă tous ces immigrants » sans rĂ©aliser que ce sont les mĂȘmes discours qui ont placĂ© au pouvoir les Hitler et Mussolini de ce monde.
Jâentends des gens incapables dâapprĂ©cier le fait que ces Ă©trangers sont des ĂȘtres aussi complexes et vibrants de vie quâeux. Avec leurs peurs, leurs drames et leurs bonheurs.
Ă partir du moment ou un discours politique positionne un groupe de gens comme antagoniste Ă un autre, il nây a pas de fin Ă la violence que cela peut engendrer.
Ă partir du moment ou un discours politique positionne un groupe de gens comme antagoniste Ă un autre, il nây a pas de fin Ă la violence que cela peut engendrer. Il y aura toujours une surenchĂšre de haine car câest tellement plus facile de se persuader que nous avons raison plutĂŽt que de laisser la raison de cĂŽtĂ© et faire cet effort dâaller Ă la rencontre des gens qui ne nous ressemblent pas en apparence ou en idĂ©es.
DerriĂšre chaque pĂšre de confession musulmane il y a un cĆur de papa qui sâĂ©corche lorsque son enfant souffre.
DerriĂšre chaque mĂšre de confession juive, il y a un cĆur de mĂšre qui vibre au rythme des pas de course de son enfant qui se qualifie pour sa compĂ©tition dâathlĂ©tisme.
DerriĂšre chaque sĆur athĂ©e, il y a un cĆur qui se fait du chagrin de ne pas avoir de nouvelles de son frĂšre parti sur un terrain dâopĂ©rations militaires.
Je nous souhaite de chérir ce que nous avons. De faire ce difficile effort de chercher chez les autres ce qui nous rapproche plutÎt que ce qui nous sépare.
De chérir ce que nous avons construit et continuons à réaliser collectivement ainsi que les méthodes pour y parvenir. Chercher à voir dans ces projets ce qui nous rassemble plutÎt que ce qui nous éloigne.
Sâobliger une fois de temps en temps Ă une posture intellectuelle positive vis Ă vis de notre Ă©tat et de notre collectivitĂ©.
Se dire que ce chĂšque dâimpĂŽt est notre ticket de participation Ă la sociĂ©tĂ© plutĂŽt quâun vol organisĂ©.
Que chaque kilomĂštre de route parcouru, chaque enfant secouru, chaque soldat payĂ©, chaque dollar versĂ© Ă une famille dans le besoin est rendu possible grĂące Ă la prouesse organisationnelle que nous avons collectivement mise en place Ă travers ce vĂ©hicule imparfait quâest lâĂ©tat.
Et mĂȘme si je dĂ©teste la bureaucratie autant que tout le monde, câest dans des journĂ©es comme ça que jâaimerais quâon se rappelle aussi de ce que ça serait, la vie, sans ce mal nĂ©cessaire quâest lâappareil administratif gouvernemental essentiel Ă notre qualitĂ© de vie.
Et que cet effort à rechercher des consensus dans nos différences et à honorer nos désaccords est un devoir que nous devons à tous les gens qui sont morts pour la vie que nous avons et à toutes les générations à venir.
Je crois pas que ceci soit de lâidĂ©alisme. Câest simplement une rĂ©alitĂ© factuelle quâon en est venu Ă oublier dans le confort de notre modernitĂ©.
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