Logo

Il y a 75 ans, des jeunes de mon ùge débarquaient sur les plages de Normandie

Un vibrant appel Ă  la paix.

Par
Édouard Reinach
Publicité

Notre ancien collÚgue Ed a partagé un vibrant appel à la paix, pour souligner le 75e anniversaire du débarquement de Normandie.

Il y a 75 ans, des gens de mon Ăąge. Des gens plus jeunes. Des fils. Des frĂšres. Des amoureux. Des gens promis Ă  un brillant avenir. Des gens pas encore sĂ»rs de ce qu’ils voulaient faire dans la vie. Des gens un peu perdus. Des gens heureux. Des gens tristes. Des personnes aussi complexes et vivantes que tous les gens qu’on aime embarquaient dans des bateaux et fonçaient droit devant sur des plages prĂšs desquelles les attendaient les bouches d’armes de guerre.

Peu Ă©taient lĂ  par choix, mais tous Ă©taient lĂ  car nos sociĂ©tĂ©s avaient dĂ©cidĂ© qu’il n’y avait pas de prix trop cher Ă  payer face au fascisme.

Hier, en Ă©coutant les tĂ©moignages d’anciens combattants ou historiens, j’ai eu des frissons plus que d’habitude.

Parce que notre monde se dirige lentement mais sûrement vers plus de fascisme et plus de haine des autres.

Publicité

Je vois des gens soutenir d’un amour patriotique les militaires de leur pays tout en crachant sur les Noirs ou les homosexuels qui les composent.

J’entends des gens rĂ©clamer un Ă©tat faible quand on touche Ă  leur vie, leurs impĂŽts et leur confort mais immĂ©diatement rĂ©clamer un Ă©tat fort quand vient le temps de rĂ©gir la vie des Ă©trangers et des minoritĂ©s qui composent notre sociĂ©tĂ©.

J’entends des gens adhĂ©rer aux discours voulant que « c’était mieux avant » alors « qu’avant », ce sont des millions de personnes aimĂ©es et aimantes qui sont mortes pour dĂ©fendre une certaine idĂ©e du monde.

J’entends des gens dire « qu’on paie trop cher le prix de l’immigration » ou encore « qu’on va perdre notre prĂ©cieuse culture Ă  force de se mĂ©tisser Ă  tous ces immigrants » sans rĂ©aliser que ce sont les mĂȘmes discours qui ont placĂ© au pouvoir les Hitler et Mussolini de ce monde.

J’entends des gens incapables d’apprĂ©cier le fait que ces Ă©trangers sont des ĂȘtres aussi complexes et vibrants de vie qu’eux. Avec leurs peurs, leurs drames et leurs bonheurs.

À partir du moment ou un discours politique positionne un groupe de gens comme antagoniste à un autre, il n’y a pas de fin à la violence que cela peut engendrer.

Publicité

À partir du moment ou un discours politique positionne un groupe de gens comme antagoniste Ă  un autre, il n’y a pas de fin Ă  la violence que cela peut engendrer. Il y aura toujours une surenchĂšre de haine car c’est tellement plus facile de se persuader que nous avons raison plutĂŽt que de laisser la raison de cĂŽtĂ© et faire cet effort d’aller Ă  la rencontre des gens qui ne nous ressemblent pas en apparence ou en idĂ©es.

DerriĂšre chaque pĂšre de confession musulmane il y a un cƓur de papa qui s’écorche lorsque son enfant souffre.

DerriĂšre chaque mĂšre de confession juive, il y a un cƓur de mĂšre qui vibre au rythme des pas de course de son enfant qui se qualifie pour sa compĂ©tition d’athlĂ©tisme.

DerriĂšre chaque sƓur athĂ©e, il y a un cƓur qui se fait du chagrin de ne pas avoir de nouvelles de son frĂšre parti sur un terrain d’opĂ©rations militaires.

Je nous souhaite de chérir ce que nous avons. De faire ce difficile effort de chercher chez les autres ce qui nous rapproche plutÎt que ce qui nous sépare.

Publicité

De chérir ce que nous avons construit et continuons à réaliser collectivement ainsi que les méthodes pour y parvenir. Chercher à voir dans ces projets ce qui nous rassemble plutÎt que ce qui nous éloigne.

S’obliger une fois de temps en temps Ă  une posture intellectuelle positive vis Ă  vis de notre Ă©tat et de notre collectivitĂ©.

Se dire que ce chĂšque d’impĂŽt est notre ticket de participation Ă  la sociĂ©tĂ© plutĂŽt qu’un vol organisĂ©.

Que chaque kilomĂštre de route parcouru, chaque enfant secouru, chaque soldat payĂ©, chaque dollar versĂ© Ă  une famille dans le besoin est rendu possible grĂące Ă  la prouesse organisationnelle que nous avons collectivement mise en place Ă  travers ce vĂ©hicule imparfait qu’est l’état.

Et mĂȘme si je dĂ©teste la bureaucratie autant que tout le monde, c’est dans des journĂ©es comme ça que j’aimerais qu’on se rappelle aussi de ce que ça serait, la vie, sans ce mal nĂ©cessaire qu’est l’appareil administratif gouvernemental essentiel Ă  notre qualitĂ© de vie.

Publicité

Et que cet effort à rechercher des consensus dans nos différences et à honorer nos désaccords est un devoir que nous devons à tous les gens qui sont morts pour la vie que nous avons et à toutes les générations à venir.

Je crois pas que ceci soit de l’idĂ©alisme. C’est simplement une rĂ©alitĂ© factuelle qu’on en est venu Ă  oublier dans le confort de notre modernitĂ©.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier Ă  commenter!