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Il y a 10 ans sortait l’album «Oracular Spectacular» du groupe MGMT.

J’étais né trop tard pour Pink Floyd, alors cet album allait être mon «Dark Side of the Moon».

Par
Pier-Luc Ouellet
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Quand j’étais plus jeune, à la sortie du secondaire, j’étais le seul hipster de ma petite ville de région. À l’époque, ma ville natale avait un bar « VIP lounge urbain », mais pour paraphraser un ami : « ils ont un code vestimentaire pour interdire les casquettes, mais criss, le monde viennent au bar en quatre roues ». Bref, c’était ce genre d’endroit, et je sortais du lot.

Qu’est-ce qui avait bien pu me rendre si différent des autres? Un soir, alors que j’écoutais la lutte (quand je vous dis que je n’étais pas destiné à devenir hipster), j’ai profité d’une pause publicitaire pour zapper, et je suis tombé sur le clip d’Electric Feel de MGMT, et j’ai tout de suite été captivé. J’ai noté le nom de la pièce sur un bout de papier pour ne pas l’oublier, et le lendemain, j’étais sur le web à tenter d’en apprendre plus sur ce mystérieux groupe au nom uniquement composé de consonnes.

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Future Shop et Jungle Pop

Un blog quelconque décrivait la pièce comme du Jungle Pop et à partir de là, quand les gens me demandaient quel genre de musique j’écoutais, je répondais du Jungle Pop. Je ne pourrais pas nommer une autre pièce de Jungle Pop, et personne d’autre d’ailleurs.

Et puis un jour que je passais au Future Shop, le magasin du futur du passé, j’ai vu l’album avec mes deux hommes de la jungle. C’était Oracular Spectacular, le premier album de MGMT. Je me suis dépêché de passer à la caisse (les employés de Future Shop devaient capoter d’avoir réussi à vendre un CD), et je l’ai vite mis dans le lecteur CD de ma voiture.

Dès les premières notes de Time to Pretend, j’étais conquis. Un hook mémorable, la voix des deux chanteurs, à la voix blasée et nostalgique, le côté dansant pour les gens qui ne savent pas danser (en plein moi!), ils m’avaient eu. Et plus l’album avançait, plus il prenait une vibe psychédélique, avec des pièces comme 4th Dimensional Transition. J’étais né trop tard pour Pink Floyd, alors cet album allait être mon Dark Side of the Moon.

Je n’avais peut-être encore jamais touché à un joint, mais j’allais écouter ces deux hobbits en chest me chanter leur trips de LSD dans le désert, et ça allait faire pareil.

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Des promesses, des promesses

Cet album allait devenir la trame sonore de ma première année de Cégep. Ça allait être une année où je déciderais qui je voulais devenir, où j’allais découvrir la vie en dehors de l’école secondaire, une année de nouvelles amitiés et de cœurs brisés, une année d’indépendance et de terreur. Une année Oracular Spectacular.

Je ne pouvais m’empêcher de me dire : « si ÇA c’est leur premier album, les prochains vont être incroyables! » En effet, les albums suivants ont été incroyablement mauvais.

Et surtout, je n’en revenais pas que c’était un premier album. Je ne pouvais m’empêcher de me dire : « si ÇA c’est leur premier album, les prochains vont être incroyables! » En effet, les albums suivants ont été incroyablement mauvais. Sans compter la fois où je les ai vus en spectacle manquer s’endormir pendant leurs propres chansons.

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Mais c’est pas grave, parce que MGMT avaient fait de moi un hipster, et entre-temps, j’avais eu le temps de découvrir un tout nouveau monde, plein de musique extraordinaire et de gens ironiques qui se prennent trop au sérieux.

10 ans plus tard, les choses ont changé. J’ai fini le Cégep, je ne me considère plus hipster (et personne d’autre non plus) et tout le monde sait que MGMT ne refera jamais de bon album. Mais peu importe tout ça. Electric Feel reste encore la meilleure chanson de Jungle Pop de tous les temps.