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J’ai 25 ans et j’organise une fête. J’ai étudié à l’UQAM en communication : j’ai eu des cours sur les commandites, la gestion et l’organisation d’événements. Mais ce que j’ai appris ne me sera pas d’une grande aide pour ce à quoi je m’affaire.
Bien sûr, je voudrais inviter le plus de gens possible et je tiens à ce que ceux-ci passent un beau moment. Malheureusement, je ne serai pas présente pour voir tout ça, puisque je serai morte.
Oui, j’ai déjà commencé à penser à mes propres arrangements funéraires. Embaumement, inhumation, crémation, enterrement dans un site naturel… Je ne suis pas encore complètement décidée. On me dit que je suis trop jeune, que c’est morbide, que je perds mon temps. Au contraire, je pense que c’est une réflexion que trop peu de gens font avant les premiers signes de vieillesse ou de maladie. Quiconque ayant assisté à des funérailles a sans doute pourtant effleuré l’idée, exploré rapidement quelques possibilités… « J’aime la musique, mais j’hais les fleurs. Je trouve ça beau le bois, mais les cercueils ça coute cher. Les signets, y’a plus personne qui se sert de ça! L’avenir est aux écrans de veille disponibles en plusieurs résolutions.»
Quand on commence à y penser, les possibilités sont infinies. Bien sûr, dans les dernières années, les rites funéraires personnalisés sont de plus en plus en vogue. Une canne à pêche gravée sur le cercueil, des skis de fond déposés à côté de l’urne, la musique de Walt Disney en background… Tout est possible. Mais moi, je suis curieuse de savoir ce que fera ma génération. Une génération d’enfants baptisés, mais qui n’ont presque jamais remis les pieds dans une église. Un enterrement traditionnel québécois dans la religion catholique, est-ce encore pour nous, les enfants des années 80-90? Ça me chicote, je me demande si c’est moi qui est trop gothique, ou si ce sont les gens normaux qui sont hypocrites. Une vie passée à ignorer la religion catholique, puis hop, direction l’église lors de la mort? Il me semble que ça va changer. Mais il y a un problème : les autres options sont peu nombreuses. Pour l’instant, il n’y a pas de réglementation face aux cendres des défunts. On peut les enterrer au cimetière, les mettre au columbarium, les ramener chez soi, ou même les saupoudrer dans le potager. J’aime cette liberté. Par contre, la crémation, ça pollue. De là mon intérêt pour les sites d’enterrements naturels. Ceux-ci sont toutefois rares, puisque la réglementation est plus serrée à ce sujet : tout corps qui n’est pas embaumé doit être enterré dans les 48 heures suivant le décès. Et pas n’importe où! Les sites d’inhumation sont réglementés par le gouvernement. On ne peut pas juste abandonner un corps sur le top d’une montagne. (ben quoi, ça me semblait être une idée pas mal…)
Un ami à moi qui travaille comme directeur funéraire me dit qu’il est de plus en plus difficile de convaincre les familles d’organiser des cérémonies funéraires. Même pour que les clients viennent chercher l’urne au labo, il faut appeler et rappeler, laissez des messages sur le répondeur, comme quand on oublie de retourner un livre à la bibliothèque. Les gens veulent le moins d’organisation possible, au moindre coût.
Ça m’inquiète, car quand on botche un passage aussi important que celui-là, il faut penser qu’on botche aussi le processus de deuil. Ce sont les vivants qui en payent les conséquences. Alors, voilà pourquoi, dans le cas de ma propre mort, j’ai pris la situation en main. Parce que j’y tiens à mon écran de veille en plusieurs résolutions, mais surtout, parce que ce sera le dernier événement de ma vie.
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