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IAM : la légende du hip-hop français

L’épopée d’un groupe mythique

Par
Pascal Collini-Sain
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À l’occasion de leur passage aux FrancoFolies de Montréal, une courte rétrospective sur le mythique groupe IAM s’imposait. Véritable figure de proue du Hip-Hop français des années 90 et toujours en activité à ce jour, le groupe IAM a révolutionné le paysage musical et social français de par sa musique et ses combats.

Planète Marseille

Avant d’aborder la carrière de ce groupe légendaire, il convient de faire une petite parenthèse sur la non moins célèbre ville de Marseille. Lieu de naissance et de rencontre des membres et véritable fil rouge dans l’histoire du groupe, Marseille demeure une force et une source inépuisable d’inspiration pour IAM au point de la considérer parfois comme un membre fondateur du groupe. Il faut dire que la cité phocéenne (de son autre nom) est une ville unique dans le tissu des grandes métropoles de France. Sa position à l’extrême Sud de la France et sa population cosmopolite lui confèrent un caractère latin bien trempé! Marseille, ça parle fort, ça discute de tout, ça se dispute pour rien, ça exagère, et toujours avec cet accent si reconnaissable! Déjà en 1959, la chanteuse Barbara chantait « Marseille tais-toi, Marseille tu cries trop fort, je n’entends pas claquer ses voiles dans le port».

25 ans plus tard, un «chemise ouverte» prononcé, amènera automatiquement un «chaine en or qui brille!»

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D’ailleurs, c’est un tube abordant l’ambiance des soirées marseillaises qui propulsera IAM sur le devant de la scène et les fera connaître du grand public. Je parle évidemment du titre emblématique «Je danse le MIA». Sortie en 1993 sur leur deuxième album «Ombre est lumière

» et basée sur un sample de Give Me the Night de George Benson. La chanson est alors un véritable carton! Il faut savoir que l’impact de ce titre a été tel, que pratiquement 25 ans plus tard, un «chemise ouverte» prononcé, amènera automatiquement un «chaine en or qui brille!».

Des quartiers nord de Marseille à la renommée mondiale

En 1987, après avoir enchaîné quelques formations éphémères et un été à New York, les deux membres historiques et amis de toujours que sont Akhenaton et Kheops forment le groupe «B Boys Stance», ils seront rejoints très vite par Shurik’n en 1988 et Imhotep en 1989 où le groupe prend alors son nom définitif IAM. Kephren et Freeman finissent de compléter la formation en 1990. Puis en 1991, vient enfin le premier album «… de la planète Mars» qui aura un certain succès auprès des amateurs de Hip-hop et qui permettra au groupe de poser la première pierre du mythe qu’ils sont devenus.

Pourquoi quand moi je plonge, lui passe sa thèse ?
Pourquoi les cages d’acier, les cages dorées agissent à leur aise ?

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Si le titre «Je danse le MIA» a permis de mettre IAM sur le devant de la scène hip-hop et musicale française, ce dernier éclipse quelque peu, par son côté dansant et humoristique, le caractère engagé et social des autres titres de l’album. Ce malentendu sera vite dissipé avec la sortie du troisième et excellent album «L’école du micro d’argent» en 1997. (C’est d’ailleurs pour célébrer les 20 ans de ce bijou du Hip-Hop français que le groupe est actuellement en tournée à travers le monde.)

Suite à ce succès sans précédent, le groupe enchaîne les albums, toujours avec brio et ferveur.

Dès sa sortie, cet opus sera celui de la consécration et de tous les records ; l’album remportera le prix de «l’album de l’année» aux Victoires de la musique de 1998 et sera certifié disque de platine dans la foulée puis disque de diamant (avec plus d’un million d’exemplaires vendus) huit ans plus tard. Mais au-delà de cet immense succès commercial et critique, le groupe acquiert enfin son statut d’artiste engagé pour le grand public à travers les thèmes abordés dans leurs titres phares diffusés en radio et télé. Par exemple, «Né sous la même étoile», qui parle de la difficulté de se faire une place dans la société quand on est un jeune issu d’un milieu défavorisé souvent en lien avec la diversité dont il est issu :

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«Pourquoi quand moi je plonge, lui passe sa thèse
Pourquoi les cages d’acier, les cages dorées agissent à leur aise
Son astre brillait plus que le mien sous la grande toile
Pourquoi ne suis-je pas né sous la même étoile»

Marseille tais-toi, Marseille tu cries trop fort, je n’entends pas claquer ses voiles dans le port.

Ou bien «Petit frère» qui alerte sur les tentations de l’argent facile et de la délinquance juvénile :
«Il n’a plus de cartable, il ne saurait quoi en faire.
Il ne joue plus aux billes, il veut jouer du revolver.
Petit frère a jeté ses soldats pour devenir un guerrier
Et penser au butin qu’il va amasser».

Suite à ce succès sans précédent, le groupe enchaîne les albums, toujours avec brio et ferveur, que ça soit «Revoir un printemps» en 2003, «Saison 5» en 2007, «Retour aux pyramides» en 2008, ou très récemment l’excellent «Rêvolution» sorti en mars dernier, avec des titres coup de poing comme l’éponyme «Rêvolution» ou «Monnaie de singe».

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Après toutes ces années à rapper, IAM n’a rien perdu de sa verve et de son engagement. Toujours poètes et rebelles, les membres du groupe continuent de se battre avec des mots choisis pour plus d’égalité, de diversité, de tolérance et de liberté. Après tout n’est-ce pas là, la devise modernisée de la société française «liberté, égalité, fraternité» ? Réponse le 18 juin prochain aux FrancoFolies de Montréal, pour un concert gratuit!

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