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Certains croient que nos aĂźnĂ©-e-s ne mĂ©ritent pas plus quâun bain par mois. Dâautres, heureusement, croient que leur bien-ĂȘtre doit ĂȘtre au centre des prĂ©occupations collectives. Câest le cas dâHuguette Robert, directrice gĂ©nĂ©rale de lâorganisme PrĂ©sĂąges, engagĂ© dans la cause des ainĂ©.e.s Ă travers lâentrepreneuriat social,le dĂ©veloppement communautaire et, bientĂŽt, le coworking. Portrait de celle qui veut quâon renoue avec nos vieux.
Bonjour Huguette! Merci infiniment de nous faire un peu de place dans votre horaire si chargĂ©. DâentrĂ©e de jeu, jâaimerais prendre quelques minutes pour bien saisir ce que PrĂ©sĂąges offre aux aĂźnĂ©s.
Merci Ă vous pour votre confiance! Avant de venir, je me demandais ce que jâallais bien pouvoir vous raconter pour que vous ne regrettiez pas votre choix! [Rires timides] PrĂ©sĂąges est une branche de la Fondation Berthiaume-du Tremblay, une organisation pour le « bien vieillir au QuĂ©bec ». Depuis plus de 40 ans, la Fondation aide les petits organismes communautaires, qui ont Ă cĆur le bien-ĂȘtre de nos aĂźnĂ©.e.s, Ă se dĂ©velopper et Ă se faire une place dans notre sociĂ©tĂ©. PrĂ©sĂąges,câest le visage entrepreneurial de la Fondation.
Entrepreneurial?
Nous travaillons dans un contexte oĂč la retraite est Ă rĂ©inventer, tout comme les formes dâengagement citoyen et de participation sociale, et oĂč le vieillissement comprend des Ăąges et des rĂ©alitĂ©s multiples. PrĂ©sĂąges offre donc un service dâaccompagnement et de conseils Ă des organismes existants afin de leur donner un souffle neuf adaptĂ© Ă la rĂ©alitĂ© des aĂźnĂ©.e.s dâaujourdâhui. Il peut sâagir autant dâorganismes qui Ćuvrent Ă favoriser le maintien des aĂźnĂ©s dans leur communautĂ©, qui promeuvent lâengagement bĂ©nĂ©vole, qui offrent des activitĂ©s sociales aux aĂźnĂ©.e.s, etc. Chez PrĂ©sĂąges, on adopte une vision humaniste et bienveillante qui nâa pas nĂ©cessairement pour but des chiffres, mais bien des changements sociaux innovants. Nous croyons aux mĂ©thodes dâintelligence collective : nous aidons les organismes en leur proposant notre regard extĂ©rieur, une critique bienveillante, des questions pertinentes pour les inciter Ă prĂ©ciser leurs intentions et Ă passer Ă lâaction.
Vous parlez dâadapter les interventions communautaires Ă la nouvelle rĂ©alitĂ© de nos aĂźnĂ©.e.s. Selon vous, les besoins des retraitĂ©s dâaujourdâhui ne ressemblent pas Ă ceux dâil y a 20 ans?
Exactement!Il faut se questionner sur la pertinence des organismes actuels. Ăa va au-delĂ des parties de backgammon et des ateliers de tricot! Aujourdâhui, une personne Ă la retraite a encore plusieurs belles annĂ©es devant elle. Elle a moins dâobligations,mais toujours autant de rĂȘves et dâambitions. Ce nâest pas parce quâune personne se retire du milieu du travail quâelle nâa plus rien Ă offrir Ă sa collectivitĂ©. Au contraire! Par exemple, un homme de 67 ans qui prend sa retraite et qui a une quarantaine dâannĂ©es dâexpĂ©rience en gestion veut voir cette expertise mise Ă profit socialement. Câest pour ça que PrĂ©sĂąges a dĂ©veloppĂ© le projet MĂ»r.e pour entreprendre, une initiative dâentrepreneuriat social. Car ĂȘtre retraitĂ© nâest pas une fin absolue, mais bien le commencement dâune autre Ă©tape tout aussi gratifiante que le marchĂ© du travail.LancĂ© lors dâun Ă©vĂ©nement de rĂ©flexion le 1er juin dernier, ce nouveau projet a rĂ©uni une trentaine de personnes de divers milieux dans le but dâexplorer le potentiel de lâentrepreneuriat social chez les retraitĂ©s comme vecteur de solutions nouvelles. Nous amorçons lâaccompagnement dâune premiĂšre cohorte dâentrepreneurs sociaux. Nous pourrons en dire bientĂŽt!
Jâai aussi vu que vous travaillez Ă la crĂ©ation dâun espace de travail collaboratif. Câest de plus en plus Ă la mode, le coworking. Est-ce que vous essayez de donner un air de jeunesse Ă la retraite?
Lâespace Le Collaboratif sâadresse Ă tous. Je ne crois pas aux cloisons, aux divisions. Je suis pour la fluiditĂ© e genres, dâidĂ©es et dâĂąges. Cet espace se veut plurigĂ©nĂ©rationnel, en accueillant des organisations du milieu communautaire, mais aussi des entreprises du design, de la publicitĂ©, du gĂ©nie⊠On veut crĂ©er un environnement dâĂ©changes,oĂč les jeunes seront mentors auprĂšs de leurs aĂźnĂ©s et oĂč les diffĂ©rentes pensĂ©es alimenteront des dialogues et des idĂ©es innovantes. Ă partir dâoctobre,notre local offrira, Ă deux pas du mĂ©tro Rosemont, des bureaux, des espaces de travail ouverts et des salles de confĂ©rence. Les entreprises et organismes pourront louer un espace au mois et on travaille sur la possibilitĂ© dâun membership pour lâutilisation de nos espaces de façon ponctuelle, Ă la carte. Ce quâon veut, câest provoquer des discussions autour de la machine Ă cafĂ© pour des organisations et des gĂ©nĂ©rations qui, autrement, nâauraient peut-ĂȘtre jamais eu lâoccasion dâĂ©changer.
La situation des aßné.e.s vous a toujours interpellée?
Au dĂ©part, jâai travaillĂ© auprĂšs de jeunes en difficultĂ© dans diffĂ©rents CLSC. Quand la directrice de la Fondation Berthiaume-du Tremblay mâa approchĂ©e, jâai acceptĂ© de me joindre Ă son Ă©quipe. Je suis fidĂšle Ă la Fondation depuis 26 ans, maintenant. Il faut dire quâelle me soutient beaucoup dans mes dĂ©cisions et quejâai la possibilitĂ© de penser Ă lâextĂ©rieur de la boĂźte conventionnelle des services communautaires. Nous sommes toujours en quĂȘte dâidĂ©es nouvelles pour rĂ©pondre aux besoins et aux aspirations des aĂźnĂ©s dâaujourdâhui et de demain.
Toute cette quĂȘte dâactualisation et de pertinence dans votre travail, quâest-ce que ça vous a apportĂ©? Comment Huguette dĂ©but cinquantaine se perçoit?
Aujourdâhui, jâai plus dâassurance, plus dâaudace. Je suis toujours aussi ouverte, mais dison sque je refuse de travestir mes idĂ©es. Je crois en ce projet et je mâinvestis Ă 100 %.Jâai la ferme conviction quâensemble, on peut faire partie du changement, de cette Ă©volution, quâon ne fait pas seulement la subir. Jâestime que la plupart du temps, on se complique beaucoup trop la vie alors que les rĂ©ponses sont souvent lĂ , devant nos yeux. Je crois quâaujourdâhui, je fais beaucoup plus de place Ă la spontanĂ©itĂ©.
Cette façon de voir innovante, est-elle celle que vous aimeriez quâon adopte Ă votre retraite Ă vous?
Je nâai jamais eu de plan de carriĂšre. Je nâai pas de plan de retraite non plus. Une chose est certaine, par contre, jâai dĂ©diĂ© ma vie, et je continuerai trĂšs certainement de le faire pour les prochaines annĂ©es, au bien-ĂȘtre de ma collectivitĂ©. Et Ă ma retraite, je prendrai du temps pour moi!
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