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HUGUETTE ROBERT: POUR L’AMOUR DE NOS AÎNÉ.E.S

Par
Caroline Vincent
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Certains croient que nos aĂźnĂ©-e-s ne mĂ©ritent pas plus qu’un bain par mois. D’autres, heureusement, croient que leur bien-ĂȘtre doit ĂȘtre au centre des prĂ©occupations collectives. C’est le cas d’Huguette Robert, directrice gĂ©nĂ©rale de l’organisme PrĂ©sĂąges, engagĂ© dans la cause des ainĂ©.e.s Ă  travers l’entrepreneuriat social,le dĂ©veloppement communautaire et, bientĂŽt, le coworking. Portrait de celle qui veut qu’on renoue avec nos vieux.

Bonjour Huguette! Merci infiniment de nous faire un peu de place dans votre horaire si chargĂ©. D’entrĂ©e de jeu, j’aimerais prendre quelques minutes pour bien saisir ce que PrĂ©sĂąges offre aux aĂźnĂ©s.

Merci Ă  vous pour votre confiance! Avant de venir, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir vous raconter pour que vous ne regrettiez pas votre choix! [Rires timides] PrĂ©sĂąges est une branche de la Fondation Berthiaume-du Tremblay, une organisation pour le « bien vieillir au QuĂ©bec ». Depuis plus de 40 ans, la Fondation aide les petits organismes communautaires, qui ont Ă  cƓur le bien-ĂȘtre de nos aĂźnĂ©.e.s, Ă  se dĂ©velopper et Ă  se faire une place dans notre sociĂ©tĂ©. PrĂ©sĂąges,c’est le visage entrepreneurial de la Fondation.

Entrepreneurial?

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Nous travaillons dans un contexte oĂč la retraite est Ă  rĂ©inventer, tout comme les formes d’engagement citoyen et de participation sociale, et oĂč le vieillissement comprend des Ăąges et des rĂ©alitĂ©s multiples. PrĂ©sĂąges offre donc un service d’accompagnement et de conseils Ă  des organismes existants afin de leur donner un souffle neuf adaptĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© des aĂźnĂ©.e.s d’aujourd’hui. Il peut s’agir autant d’organismes qui Ɠuvrent Ă  favoriser le maintien des aĂźnĂ©s dans leur communautĂ©, qui promeuvent l’engagement bĂ©nĂ©vole, qui offrent des activitĂ©s sociales aux aĂźnĂ©.e.s, etc. Chez PrĂ©sĂąges, on adopte une vision humaniste et bienveillante qui n’a pas nĂ©cessairement pour but des chiffres, mais bien des changements sociaux innovants. Nous croyons aux mĂ©thodes d’intelligence collective : nous aidons les organismes en leur proposant notre regard extĂ©rieur, une critique bienveillante, des questions pertinentes pour les inciter Ă  prĂ©ciser leurs intentions et Ă  passer Ă  l’action.

Vous parlez d’adapter les interventions communautaires Ă  la nouvelle rĂ©alitĂ© de nos aĂźnĂ©.e.s. Selon vous, les besoins des retraitĂ©s d’aujourd’hui ne ressemblent pas Ă  ceux d’il y a 20 ans?

Exactement!Il faut se questionner sur la pertinence des organismes actuels. Ça va au-delĂ  des parties de backgammon et des ateliers de tricot! Aujourd’hui, une personne Ă  la retraite a encore plusieurs belles annĂ©es devant elle. Elle a moins d’obligations,mais toujours autant de rĂȘves et d’ambitions. Ce n’est pas parce qu’une personne se retire du milieu du travail qu’elle n’a plus rien Ă  offrir Ă  sa collectivitĂ©. Au contraire! Par exemple, un homme de 67 ans qui prend sa retraite et qui a une quarantaine d’annĂ©es d’expĂ©rience en gestion veut voir cette expertise mise Ă  profit socialement. C’est pour ça que PrĂ©sĂąges a dĂ©veloppĂ© le projet MĂ»r.e pour entreprendre, une initiative d’entrepreneuriat social. Car ĂȘtre retraitĂ© n’est pas une fin absolue, mais bien le commencement d’une autre Ă©tape tout aussi gratifiante que le marchĂ© du travail.LancĂ© lors d’un Ă©vĂ©nement de rĂ©flexion le 1er juin dernier, ce nouveau projet a rĂ©uni une trentaine de personnes de divers milieux dans le but d’explorer le potentiel de l’entrepreneuriat social chez les retraitĂ©s comme vecteur de solutions nouvelles. Nous amorçons l’accompagnement d’une premiĂšre cohorte d’entrepreneurs sociaux. Nous pourrons en dire bientĂŽt!

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J’ai aussi vu que vous travaillez Ă  la crĂ©ation d’un espace de travail collaboratif. C’est de plus en plus Ă  la mode, le coworking. Est-ce que vous essayez de donner un air de jeunesse Ă  la retraite?

L’espace Le Collaboratif s’adresse Ă  tous. Je ne crois pas aux cloisons, aux divisions. Je suis pour la fluiditĂ© e genres, d’idĂ©es et d’ñges. Cet espace se veut plurigĂ©nĂ©rationnel, en accueillant des organisations du milieu communautaire, mais aussi des entreprises du design, de la publicitĂ©, du gĂ©nie
 On veut crĂ©er un environnement d’échanges,oĂč les jeunes seront mentors auprĂšs de leurs aĂźnĂ©s et oĂč les diffĂ©rentes pensĂ©es alimenteront des dialogues et des idĂ©es innovantes. À partir d’octobre,notre local offrira, Ă  deux pas du mĂ©tro Rosemont, des bureaux, des espaces de travail ouverts et des salles de confĂ©rence. Les entreprises et organismes pourront louer un espace au mois et on travaille sur la possibilitĂ© d’un membership pour l’utilisation de nos espaces de façon ponctuelle, Ă  la carte. Ce qu’on veut, c’est provoquer des discussions autour de la machine Ă  cafĂ© pour des organisations et des gĂ©nĂ©rations qui, autrement, n’auraient peut-ĂȘtre jamais eu l’occasion d’échanger.

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La situation des aßné.e.s vous a toujours interpellée?

Au dĂ©part, j’ai travaillĂ© auprĂšs de jeunes en difficultĂ© dans diffĂ©rents CLSC. Quand la directrice de la Fondation Berthiaume-du Tremblay m’a approchĂ©e, j’ai acceptĂ© de me joindre Ă  son Ă©quipe. Je suis fidĂšle Ă  la Fondation depuis 26 ans, maintenant. Il faut dire qu’elle me soutient beaucoup dans mes dĂ©cisions et quej’ai la possibilitĂ© de penser Ă  l’extĂ©rieur de la boĂźte conventionnelle des services communautaires. Nous sommes toujours en quĂȘte d’idĂ©es nouvelles pour rĂ©pondre aux besoins et aux aspirations des aĂźnĂ©s d’aujourd’hui et de demain.

Toute cette quĂȘte d’actualisation et de pertinence dans votre travail, qu’est-ce que ça vous a apportĂ©? Comment Huguette dĂ©but cinquantaine se perçoit?

Aujourd’hui, j’ai plus d’assurance, plus d’audace. Je suis toujours aussi ouverte, mais dison sque je refuse de travestir mes idĂ©es. Je crois en ce projet et je m’investis Ă  100 %.J’ai la ferme conviction qu’ensemble, on peut faire partie du changement, de cette Ă©volution, qu’on ne fait pas seulement la subir. J’estime que la plupart du temps, on se complique beaucoup trop la vie alors que les rĂ©ponses sont souvent lĂ , devant nos yeux. Je crois qu’aujourd’hui, je fais beaucoup plus de place Ă  la spontanĂ©itĂ©.

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Cette façon de voir innovante, est-elle celle que vous aimeriez qu’on adopte à votre retraite à vous?

Je n’ai jamais eu de plan de carriĂšre. Je n’ai pas de plan de retraite non plus. Une chose est certaine, par contre, j’ai dĂ©diĂ© ma vie, et je continuerai trĂšs certainement de le faire pour les prochaines annĂ©es, au bien-ĂȘtre de ma collectivitĂ©. Et Ă  ma retraite, je prendrai du temps pour moi!

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