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Hugo Mudie «critique» l’album Super Lynx Deluxe du groupe GALAXIE

Le super groupe «all-star» Québecois lui inspire une fiction sur l'excès.

Par
Hugo Mudie
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Selon Hugo Mudie, le CD est mort. Personne en achète. Les critiques aussi sont morts. Ils ne servent plus à rien. On peut écouter ce qu’on veut quand on veut. Pas besoin que personne vous dise ce qui est cool et ce qui l’est pas. Pas besoin de suivre personne. Vous pouvez enfin écouter ce que vous voulez, sans vous soucier de savoir si URBANIA à donné 2/5 ou 4,5/5. C’est donc le moment parfait pour Hugo de réinventer la critique de disque.

Le CD est mort, vive la musique, vive Hugo. Cette semaine, un voyage dans l’univers que lui a inspiré Super Lynx Deluxe du groupe Galaxie.

J’avais jamais entendu le groupe québécois Galaxie. Je savais que c’était loud et que ça torchait et que les musiciens du band était vraiment bons mais that’s it. Ça avait passé sous mon radar, pas très puissant je l’admets. J’ai déjà fait une toune avec Fred Fortin dans un Motel avec Miracles et je sais qu’il torche raide. J’aime plusieurs de ses chansons solos. Je trouve aussi que Olivier Langevin est incroyable à checker jouer de la guit. Comme si la guit faisait partie de son corps. Tellement naturel. J’ai déjà jasé hockey avec lui aussi dans un bar, mais j’étais trop fucked up. Il me trouvait sûrement gossant. J’étais très curieux d’entendre leur nouvel album qui semblait faire l’unanimité chez les fans de rock de la province. J’espérais la même chose.

J’ai écrit une histoire en écoutant SUPER LYNX DELUXE :

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Je n’étais jamais allé dans un meeting. C’est pas que je croyais pas à ça, mais j’me sentais un peu imposteur. J’étais pas vraiment un alcoolique ou un toxicomane. J’étais juste un peu de tout ça, mais entre parenthèses. La parenthèse s’ouvrait le vendredi quand je partais faire des shows et elle se refermait le dimanche que je rentrais chez nous totalement détruit. Plus de sérotonine pantoute. Plus capable de rire ni de me pencher pour attacher mes souliers.

Mais là j’avais pu le choix. Je recommençais à faire beaucoup de shows. Les autres gars du band buvaient. C’est ben correct qu’ils boivent. Eux sont capables d’arrêter pis d’aller se coucher. Sont capable de pas avoir le goût de faire un speed ou une MD pis de pas dormir de la fin de semaine. Des fois j’étais capable. Pendant 3 mois, 6 mois, 1 an. Pis ça revenait. J’me retransformais en fucking dragon. Je crachais du feu de partout. Je buzzais pendant 48 et je regrettais pendant 72.

J’avais 2 shows au Saguenay ce weekend-là. Un à Alma pis un à Chicout. J’aimais ben ça le Saguenay. Je viens de Rouyn, pis je retrouve le même genre de monde, simple, pis drôle. La scène musicale est cool. Les filles sont cutes. Les nez pointus, les cheveux noirs, les jeans tight.

J’avais un peu la chienne de me retrouver face à face avec un genre de Meat Loaf dans Fight Club, avec des seins et beaucoup trop d’émotions.

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Y’avait un meeting à Chicoutimi sur la rue Bélanger et j’ai eu le guts d’y aller. C’était à midi. J’ai dit aux gars que je rencontrais un possible commanditaire pour mon site internet (genre de zine en ligne sur la poésie). Me suis fait dropper proche. Dans ma tête, j’allais juste observer. Boire du café. J’avais un peu la chienne de me retrouver face à face avec un genre de Meat Loaf dans Fight Club, avec des seins et beaucoup trop d’émotions. Je voulais passer un peu inaperçu, mais en même temps je voulais pas boire le soir. Je voulais être guéri, mais j’me sentais pas encore tout à fait prêt à faire partie d’autre chose que de la scène musicale québécoise. Mon statut était confortable.

J’avais peur que ce soit le début de la fin. Que j’aurais pu de fun pantoute à aller en tournée si c’était pas pour me défoncer.

Mais dans le fond de moi, je savais que j’étais aussi un cliché ambulant et j’me demandais même si je jouais pas de la musique, dans le seul but de pouvoir continuer mon lifestyle. Je cherchais souvent la motivation à tout ça quand j’étais vraiment moi même, post-méditation. Dans le calme. Loin du dragon. J’me demandais vraiment pourquoi je continuais. Pas pour la création artistique. J’aimais pu vraiment ça la musique que je faisais. Pas pour le cash. Même si mon band était relativement big, je sortais un genre de 26 000 $ par année avec ça. C’est pas assez pour être considéré comme « faire du cash », même si dans mon monde de musiciens broke ça avait l’air d’une fortune.

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J’suis rentré. Ça avait l’air exactement comme dans les films. La machine à café en stainless était pareille. Les tables brunes pliantes. Le p’tit podium, les chaises d’écoles, la table avec des livres « une vie sans alcool » , « M’accepter comme je suis », pis d’autres. Des artwork laittes pis des fonts atroces.

Y’a un gars qui monté sul’podium. Je m’attendais à ce qu’il se mette à rapper comme dans le clip de Eminem. Le pire c’est qu’il ressemblait un peu à Eminem. Bleaché, cheveux courts. Track suit Adidas. Me suis demandé si j’étais dans ma réalité ou dans une autre vie. Si le dragon allait sortir. Toute brulé. J’étais prêt à tout.

J’aurais aimé qu’il rap finalement. Ça aurait été plus facile à avaler. Mais peut-être que c’est ça que j’avais besoin.

«J’me suis endormi au volant pis j’ai rentré avec mon char dans la devanture du Discorama. J’me suis même pas réveillé. J’ai continué à dormir le coussin gonflable dans face, de la vitre partout, le front plein de sang, dans un tas de CD pis de miettes de pochettes.»

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« Salut tout le monde, mon nom c’est JC. Je suis toxicomane et alcoolique abstinent depuis 4 ans. Y’a une dizaine d’année je travaillais à la boucherie de mon père sans trop me poser de questions. C’était rien d’excitant, mais en même temps c’était ben correct. De temps en temps je sortais dans le sous-sol du Zipper pis je buvais un peu. J’avais jamais vraiment eu de problème avec ça. Tout le monde que je connaissais buvait un peu. Mes parents, mes frères, mes amis. Je m’étais même jamais posé la question si j’aimais ça ou pas. Ça me permettait juste d’avoir des conversations avec du monde que j’aurais jamais eu sans ça. Tranquillement, à force d’aller là, j’ai rencontré du nouveau monde. Tranquillement j’me suis mis à tripper avec eux. Un peu plus fréquemment. J’allais plus souvent là après la job. Me saoulait de plus en plus. Mes journées devenaient de plus en plus longues. J’avais hâte au soir. Un de mes nouveaux chums faisait du speed. J’étais pas mal fatigué de mes semaines, faque j’ai commencé à en faire avec lui. J’me claquais des speeds les vendredis après la job, pis je restais debout jusqu’au dimanche. Je trouvais ça cool. Après un boutte, c’est devenu, 3-4 fois semaine. 2 pilules au lieu d’une. Après une couple de mois de même, j’trouvais rien de le fun si j’avais pas pris une pilule. Une bonne joke, un bon film, ça servait plus à rien. Même les femmes m’intéressaient plus. Ma famille, mes neveux. Y’avait pu rien. J’étais un criss de cliché d’un consommateur. Je pensais juste à ça. Du matin au soir. J’avais oublié totalement comment me faire du fun, pis surtout, j’avais oublié totalement c’était qui Jean-Christophe. Le gars simple qui se fait du fun, pis qui aime le monde. Sans les criss de pilules. Un lundi matin, ça faisait trois nuits j’avais pas dormi, j’me suis endormi au volant pis j’ai rentré avec mon char dans la devanture du Discorama. J’me suis même pas réveillé. J’ai continué à dormir le coussin gonflable dans face, de la vitre partout, le front plein de sang, dans un tas de CD pis de miettes de pochettes. Trois jours à l’hôpital. J’ai passé par l’enfer pis la morphine. Quand j’ai été capable de marcher, j’suis venu icitte.»

J’ai braillé. Fallait que je me retrouve.

** 1/4

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