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Horoscope : quel classique du cinéma québécois êtes-vous?
L’astrologie est quand même devenu un pas pire trend dans les dernières années. Après la grosse vague de New Age dans les années 80, la discipline est devenue un phénomène de niche relégué aux derniers paragraphes des journaux et des magazines. Ses adeptes étant plus ou moins retrouvés dans le même panier que les aficionados des trains miniatures ou les fans de papier mâché. L’internet 2.0 a tout changé.
Le cinéma québécois lui, passe constamment de phénomène mainstream (dès qu’un de nos réalisateurs chouchous va se promener sur la croisette) au plus obscur des sujets de conversation. À cause de l’hégémonie des services de streaming, l’offre cinématographique locale s’est éparpillée sur de multiples plateformes. Bonne chance pour trouver un vidéoclub encore ouvert qui garde une collection substantielle.
Dans l’espoir que notre cinéma redevienne aussi accessible que les dizaines d’horoscopes faisant la file sur les fils de nos réseaux sociaux, j’ai décidé de fusionner les deux passion. Voici donc votre film de répertoire made in Québec préféré, selon votre signe. Gâtez-vous!
Bélier – Mommy
Le p’tit gars dans Mommy a tout du Bélier. Impulsif à l’os, plus énergique qu’une batterie 120V, rentre dans le tas, enwaye par là. À son meilleur il pourrait soulever des montagnes, à son pire, les dropper dans la face de quelqu’un qui n’a rien demandé. Xavier Dolan lui-même est un Bélier, habité par le feu qu’on lui connait, à changer le monde du cinéma, un film à la fois. Bien sûr, TOUS les Béliers ne sont pas des paquets de trouble. Mais tous les Béliers, à tout le moins, sont des boîtes à surprise.
Taureau – Le déclin de l’empire américain
Le plaisir, le bonheur, la volupté, les joies de la chair et de la bouffe. Toutes les thématiques du Déclin de l’empire américain ont trait de près ou de loin au monde des Taureaux, reconnus pour leur sensualité matérialiste, ou leur matérialisme sensuel. Mon descriptif vous donne peut-être l’air un peu superficiels, les Taureaux, mais c’est pas ça du tout. Vous pouvez être très, très deep (comme quand Dominique Michel parle de socio-politique). Vous le faites simplement avec beaucoup de classe.
Gémeau – Incendies
Quiconque connaît bien les Gémeaux sait que chez ce signe, la filiation domine. Un Gémeau n’est jamais seul : ça commence jeune avec un ami imaginaire qui devient un vrai meilleur ami en chair et en os, une coéquipière redoutable dans la team de soccer au secondaire, un grand frère ange gardien, un collègue de travail avec qui former le duo de l’année, une enfant pomme tombée pas trop loin de l’arbre, un partenaire de vie plus fusionnel que pas assez. Incendies atteint un paroxysme relationnel. Je souhaite ça à personne, évidemment, mais ça aide à comprendre le concept de filiation assez vite merci.
Cancer – Le Ring
Un autre film, un autre p’tit gars toffe. Cette fois par contre, on est dans un différent paradigme. Anaïs Barbeau-Lavalette met en scène un garçon qui lutte contre des conditions hors de son contrôle. Sa façon de se durcir évoque à merveille la carapace que bien des Cancers se construisent. On parle plus de survie que de vie ici, mais quand même : les cancer sont reconnus pour être des grands coeurs sensibles dans une armure de pierre. Quand ils se décident à rendre les coups de poings, ça part toujours d’un bon fond.
Lion – Louis 19 le roi des ondes
Avant Le show Truman, avant EdTv, il y a eu Louis 19, le roi des ondes. C’est peut-être un des premiers films à aborder de plein fouet la question de la télé-réalité et du regard sur soi-même. Le roi des ondes, le roi de la jungle, on est dans des concepts pas trop éloignés. Surtout que les Lions sont reconnus pour aimer se mettre en scène et diffuser leur image. Il y a aussi des Lions gênés et introvertis, of course. Mais un p’tit selfie ne leur a jamais fait de mal.
Vierge – C’t’à ton tour Laura Cadieux
Les débats sont lancés à savoir si C’t’à ton tour Laura Cadieux est le meilleur film de Denise Filiatrault. Ce qui est certain, c’est que ce classique, parsemé de conversations de salle d’attente, fait vraiment Vierge. Pour ce signe amoureux du papotage, le small talk à la clinique, empreint d’une bonne dose d’un chialage juste assez croustillant, est quasiment plus thérapeutique que la rencontre avec le médecin.
Balance – Yes Sir! Madame…
La dichotomie est au coeur de la vie de toute Balance, tout comme elle est au coeur du film de Robert Morin. Les Balances passent souvent pour de grands indécis, à contempler telle ou telle option. En eux, un monde bouillonne. Aucune voix ne réussit à supplanter les autres. C’est pas mal ce qui se passe dans Yes Sir! Madame… où le personnage principal s’exprime, coûte que coûte, en anglais et en français, avec le dédoublement de personnalité qui vient avec.
Scorpion – La turbulence des fluides
Les Scorpions sont des signes d’eau, mais la source est parfois cachée. Un peu comme lors d’une grosse marée basse, quand il faut faire un p’tit bout de chemin pour entrer en contact avec la sinuosité des vagues. C’est pas mal ça qui se passe entre les personnages de La turbulence des fluides de Manon Briand, au sens propre et au sens figuré. Le film est un peu comme un reminder pour l’insecte favori des astrologues : reconnectez avec vos intuitions, les Scorpions. Elles sont souvent bonnes.
Sagittaire – Congorama
Un Québécois qui fait un film sur un Belge marié à une Congolaise qui s’en va retrouver son vrai père à Sainte-Cécile, c’est du Philippe Falardeau tout craché, mais aussi du Sagittaire à fond la caisse. C’est facile de dire que les Sagittaires sont le signe du voyage, mais plus que le voyage, ils incarnent le dépaysement et les explorations dont on ne revient pas vraiment. Le road movie est le format idéal pour eux, avec des points bonis si au moins une des scène met en vedette le profil charmeur d’un émeu.
Capricorne – Françoise Durocher, Waitress
“Capricorne” rime avec “ambitieux” (bon, pas vraiment, mais vous me suivez). Le statut social est de prime importance pour ce signe. Tout comme la bonne vingtaine de Françoise Durocher dans le film expérimental d’André Brassard, les natifs de ce signe vont soit essayer de se conformer du mieux qu’ils peuvent au rôle que la société leur incombe, soit devenir de redoutables critiques des conventions sociales. Les Capricornes sont les waiters et les waitresses de l’humanité : à la fois à son service, mais toujours armés d’un café bouillant prêt à être impunément renversé.
Verseau – La 4ième dimension
C’était évident que les Verseaux n’allaient pas s’en sortir avec un blockbuster, un film conventionnel, ni même un film d’auteur un peu plus olé olé. Nenon, ce qu’il leur faut, c’est l’expérience cinématographique la plus perturbante que le Québec nous ait donné. Cette expérience, elle se trouve dans les méandres de la quatrième dimension, telle qu’imaginée par le “génie universel” qu’est Rogers Normandin.
Poisson – Le Papillon Bleu
Allo! C’est encore moi, votre astrologue favori qui amalgame à chaque mois les natifs de la constellation du Poisson avec des enfants. Mon but n’est absolument pas de vous infantiliser. Vous êtes des grown-ups, les Poissons, il n’y a pas à en douter. Par contre, votre capacité d’émerveillement est aussi intense que celle d’un enfant chétif à la chasse aux papillons. Résultat : le reste du Zodiac est complètement émerveillé par votre capacité d’émerveillement, comme l’entomologiste fortement inspiré par Georges Brossard (lui-même un grand émerveillé) dans le film grand public de Léa Pool. Merveilleux!