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Hommage à la loi spéciale

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Après 14 semaines de négociations molles, le gouvernement Charest sort finalement l’artillerie lourde. Trop tôt? Trop tard? Peu importe la réponse, des félicitations sont de mise…

Tel que mentionné sur Cyberpresse ce matin, le fameux « Les choses vont changer » lancé par Jean Charest ne faisait pas référence au départ imminent de Line Beauchamp, mais bien à un projet de loi forçant un retour en classe, en dépit des résultats de votes des associations étudiantes. Bref, c’est sa version – frisée, bien sûr – du « Just watch me » de Trudeau.

D’accord, d’accord, sans être une adaptation moderne des Ordres de Michel Brault – car envoyer Claude Gauthier en prison à nouveau n’aurait pas de sens dans cette nouvelle version -, le projet de loi de Jean Charest fait tout de même écho – subtil, voire inaudible – à la décision controversée de P.E.T. d’instaurer la Loi des mesures de guerre en pleine Crise d’Octobre. Après tout, bien qu’aucun politicien n’ait été kidnappé (et espérons que certaines têtes brûlées ne se lanceront pas dans une tragédie du genre), le projet de loi du gouvernement Charest demeure tout de même un moyen de museler une minorité en faisant fi de la démocratie tout en s’accordant au discours quasi mélodramatique associant « méfaits fumants » et actes terroristes ou encore grève et « prise d’otage » (du moins, selon Laurent Proulx, nouvellement porte-parole du MESRQ, qui se confiait sur Twitter à… Dan Bigras).

Que peut-on dire de plus sauf… bravo?

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Bravo aux cabochards qui regardaient ailleurs pendant une dizaine de semaines avant de se mettre en mode solution beaucoup trop tard et qu’avec une carte sous la manche : maintenir une hausse à peine justifiable alors que des associations étudiantes, des partis d’opposition et plusieurs penseurs de la trempe de Lisée ont proposé de nombreux scénarios qui valaient, au moins, une écoute.

Bravo aux nombrilistes qui ont pris des détours pernicieux pour contourner des décisions pourtant prises en démocratie. Hier, l’étudiant Jean-François Morasse accusait Gabriel Nadeau-Dubois d’outrage au tribunal, jugeant qu’une entrevue donnée dernièrement par la tête d’affiche de la CLASSE invitait à la désobéissance. Tout comme Laurent Proulx et plusieurs autres, Morasse s’est faufilé derrière les lignes de piquetage pour poursuivre ses études. « J’ai eu mes cours, ça, il n’y a pas eu de problème […] », confiait-il à ce sujet à Radio-Canada. Et tes camarades de classe qui perdent un temps fou ou qui prennent des coups, qu’est-ce que tu penses qu’ils font!?

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Bravo aussi aux casseurs qui profitent d’un mouvement de masse légitime pour assouvir des fantasmes de révolutions bolchéviques (bonjour les clichés, en effet). Vous avez raison, les banques n’ont pas droit à des vitrines intactes et une bonne voiture de policiers, c’est une bagnole cabossée. Franchement…

Oh, et mes salutations distinguées à mes collègues : les chroniqueurs bornés, accros aux clics et dont le jupon dépasse de façon éhontée (toutes couleurs confondues… et, bien sûr, je m’inclus dans le lot… même si c’est un peu « weirdo » de m’envoyer la main dans le miroir).

Bref, félicitations à vous tous pour vos prestations éclatantes dans un conflit de société qui, dans les mains du gouvernement actuel, passera bientôt du vaudeville (« Est-ce une grève? Non, c’est un boycott! ») au théâtre d’été (« Ciel! Mon amende salée! »).

À ce point-ci, scotché dans l’impasse, croyez-vous vraiment que cette loi spéciale va changer quoi que ce soit (sauf notre rapport au gouvernement au Charest et à la démocratie en générale)? Non? Bravo, on aura tous appris la leçon!
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