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Hochelag’, c’est pas toi, c’est moi

Une rupture de quartier.

Par
Vincent Lefebvre
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Ma très chère Hochelag’,

Cette lettre me fera certainement plus de bien à moi qu’à toi.

Après plus de 10 ans ensemble, je pense qu’il est grand temps qu’on voit d’autre monde.

T’auras été ma plus longue relation. Plus jeune, j’ai bougé pas mal… Parait qu’on change beaucoup au cours de la vingtaine. On a vécu la mienne ensemble, alors tu sais que c’est vrai. Et si je te laisse aujourd’hui, c’est justement parce que je ne suis plus le même. Dans le fond, c’est cliché, mais : c’est pas toi, c’est moi.

Quand j’ai quitté le nid familial pour toi, Hochelag’ de mon cœur, disons que j’avais beaucoup d’appréhension. Or, on s’est vite apprivoisés. Tu m’as accueilli, hébergé, nourri, sauvé même. D’Hochelaga-Maisonneuve, tu es devenue simplement Hochelaga, et, plus simplement encore, Hochelag’. Un nom qui englobe le old-school d’Hochelaga-Maisonneuve d’hier (et tous ses travers) et le HoMa d’aujourd’hui (et tous ses travaux). T’es entre deux mondes.

T’as été pour moi nourrice, éducatrice, guérisseuse, pusheuse, tenancière, logeuse et surtout, forteresse.

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T’as été pour moi nourrice, éducatrice, guérisseuse, pusheuse, tenancière, logeuse et surtout, forteresse. C’est pas des blagues : entrer sur les Promenades Ontario me donnait chaque fois la même impression de traverser une frontière invisible. Malgré tous les passants louches et trébuchants, je me sentais en sécurité.

Avec toi, j’aurai tout vu, tout vécu. Ici les pawn shops se font compétition aux coins de rue, contrairement aux Starbucks du centre-ville. Ici, les nuits ne sont pas comme les autres. Que dire des rides de 125 aux petites heures… Bon, tu m’auras aussi fait peur à l’occasion, mais c’est pas toi. C’était parfois même pas eux. Enfin, je m’éloigne. C’est de nous dont je te parle.

Je t’ai vue changer, grandir, prendre soin de ton Tim. Et je pense qu’au final, on s’est améliorés ensemble. Du moins, mon palais s’est affiné avec le tien, on dirait. Je t’ai vu accueillir Le Valois, et tant d’autres fins restos, tandis que des classiques nous quittaient (RIP Michelle BBQ). Reste que le nombre de fois où je me suis réveillé trop tard (et encore légèrement alcoolisé de la veille) pour hésiter entre le brunch chez Gerry’s et le « cheeseburger demi-poutine » de la Pataterie est impressionnant…

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Tu vas me manquer. Tu m’as accepté comme j’étais, comme je suis devenu et comme je suis, alors je ne peux rien te dire de plus que : épanouie-toi à ton tour.

Tu vas me manquer. Tu m’as accepté comme j’étais, comme je suis devenu et comme je suis, alors je ne peux rien te dire de plus que : épanouie-toi à ton tour.

J’espère que la personne qui vivra chez nous, avec toi, saura t’apprécier et voir tout ce que tu as été pour moi. C’est sûr que t’es difficile d’approche, mais si on creuse plus loin que les clichés (parfois vrais, parfois exagérés), il y a beaucoup de douceur et d’humanité derrière tes allures de mal-aimée. Dans le fond, entre tes triporteurs de compétition et tes punks du dimanche, tu cherches juste à vivre avec authenticité. Et pour ça, chapeau.

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J’ai laissé mon double de clés, mais je pars avec les souvenirs et les leçons de vie. Hochelag’, t’auras fait de moi l’homme que je suis.

Ne change surtout pas… Bon ok, peut-être un peu. Un conseil, si je peux me permettre : essaie d’accepter un peu mieux la nouveauté. Pas tout et aveuglément, mais y’a des bonnes choses qui peuvent survenir lorsqu’on essaie des nouvelles affaires… Enfin, j’espère.

Et tu sais, je reviendrai te voir. C’est pas fini entre nous deux. Non, parce que tu resteras à jamais ma première. Et on n’oublie jamais sa première.

Tendresse toujours,

V.

xx

PS : Watch out Villeray, t’as de gros souliers (CrocsTM) à remplir.

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