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URBANIA et le Musée de la civilisation s’unissent pour récolter des fragments de cette période complètement inusitée dans l’histoire du Québec.
Depuis quelques semaines, ça sent bon le déconfinement à Montréal. Un déconfinement toujours un peu à retardement par rapport au reste du Québec, que ce soit en matière de réouverture des boutiques non essentielles, de ruée vers le coiffeur ou d’accès aux restaurants « pas en mode take out ». On a donc affaire à un printemps pas comme les autres, deux semaines après tout le monde. Mais quels souvenirs montréalais gardera-t-on de cette période?
Le Musée de la civilisation s’affaire justement à collectionner des fragments de souvenirs et des témoignages sur la pandémie. C’est tout simple, chaque semaine le site du Musée propose une question à laquelle on vous invite à répondre. Cette semaine, la question porte sur le déconfinement montréalais. Nous avons tâté le terrain en posant la question suivante à des passants : Le déconfinement montréalais, qu’en pensez-vous? Voici ce qu’ils nous ont répondu.
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Je me souviens du premier samedi où il a fait vraiment beau à Montréal il y a 3-4 semaines : les parcs étaient pleins, ça grouillait de monde et ça faisait tellement du bien de voir d’autres humains sans écran d’ordi ou de plexiglas pour nous séparer. Juste de pouvoir prendre un verre avec mes amies ici (au parc Jarry), c’était comme une libération. C’est sûr qu’à deux mètres de distance, on ne pouvait pas se faire de confidences, parce que tsé ça me tentait pas vraiment de crier que « finalement je suis pas sûre qu’on est un bon match de baise moi et M. X » pour que mes amies entendent, mais c’était vraiment mieux que rien.
Geneviève*
Ma famille habite dans le Bas-du-Fleuve et depuis qu’on peut sortir de Montréal, ils me traitent quasiment comme une pestiférée : « On t’aime, mais viens pas chez nous, garde tes virus à Montréal ». Je me disais qu’on allait trouver une façon d’aller passer nos vacances en région moi et ma blonde et en profiter pour voir nos proches en respectant les consignes (de la santé publique), mais à voir leur réaction, si c’est pour les rendre mal à l’aise, je vais passer mon tour. C’est pas comme si j’avais prévu arriver là et faire des hugs à tout le monde non plus, mais de la façon dont ça a été décrit dans les médias, on a vraiment l’impression que les Montréalais sont radioactifs. Je trouve ma famille intense, mais en même temps je les comprends un peu d’avoir la chienne.
Camille
Autant je suis content que les commerces soient enfin ouverts à Montréal, autant je trouve que ça donne des paysages déprimants. Voir de longues files devant les magasins, tout le monde ou presque (en tout cas dans ce que j’ai vu à date) avec un masque, l’air morose penché sur son cellulaire, mettons que ça donne envie de faire autre chose qu’acheter de la scrap dont tu n’as pas vraiment besoin. C’est encore pire dans une grande ville parce qu’on est plusieurs, l’effet est décuplé, surtout les jours où il fait gris. On a la consommation triste. Remarque, c’est peut-être une bonne chose. Magasiner avant ça pouvait être un loisir, surtout en ville, mais maintenant c’est plus le cas. Les événements vont peut-être nous pousser un peu malgré nous à slacker sur la consommation.
Louis-Phillipe
Ça fait quelques party que je fais dans ma cour depuis que c’est autorisé. C*&%? que j’étais tanné de faire des 5 à 7 dans zoom. J’avoue que je ne respecte pas toujours la règle des « 3 ménages », mais honnêtement je nous trouve assez prudents, on fait pas trop les caves et on est jamais vraiment plus que 10 en même temps. Quand je vois les gens faire des parties de soccer à 22 sur un même terrain, je me dis qu’on est pas si pire et tsé la majorité des gens que je connais prennent des précautions. Je connais pas grand monde qui a envie de la pogner, mais c’est sûr que quand tu as 29 ans, tu te sens un peu invincible. Ma mère capote. Si c’était juste d’elle, elle m’obligerait à porter une combinaison de protection comme les médecins. Je pense que je ferais mieux de ne pas lui dire que j’ai partagé un joint avec mon ami l’autre soir.
Ali
Ma soeur habite à Trois-Rivières et j’avoue que je suis un peu jaloux de savoir que ses enfants sont de retour à l’école et pas les miens. Quand on a commencé à dire que les écoles pourraient rouvrir, j’ai jasé avec ma blonde et on était assez rassuré par ce qu’on voyait ailleurs dans le monde, que les risques pour les enfants semblaient contrôlés. On se disait que si ça rouvrait à Montréal, on allait envoyer les enfants, mais finalement ça ne se passera pas. C’est pas toujours facile, on travaille de la maison et les attentes de nos employeurs ne changent pas alors qu’au fond, je peux juste travailler à 80% de ma productivité habituelle avec les enfants dans les parages. On a fini par trouver une routine en alternant la « garde » ma blonde et moi, mais j’ai hâte à septembre. Et je te dis ça en sachant au fond de moi que je vais aussi m’ennuyer de ne pas toujours avoir les enfants avec moi.
Francis
*Pour permettre aux personnes interrogées de s’exprimer librement, les noms ont été changés.
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