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Histoire de pisse
Mes hommages.
Hier, vous avez sans doute, comme moi, perdu, l’instant d’une ahurissante lecture, votre paire de sourcils quelque part dans un cosmos vertical en parcourant de vos pupilles délectées le fâcheux événement urinaire de Joël Legendre.
C’est qu’il y avait de quoi se dandiner; l’urètre d’un individu n’avait pas enflammé pareille passion depuis que John Café a posé ses grosses mains sur la fourche de Tom Hanks en crachant des mouches à fruits sur l’objectif.
Bon; en vous en contant fleurette, je participe, en quelque sorte (EN TOUTE SORTE) aussi au cirque, posant à mon tour mes petites mains fébriles sur la hanche fertile du caniche qui nous entraîne dans la funeste conga médiatique qui mériterait un peu plus de rigueur journalistique et un peu moins de Gloria Estefan. Mais bon. Puisqu’on est là.
Résumons les faits: en septembre dernier, Joël Legendre, apparemment davantage connu pour son orientation sexuelle que pour son aptitude à cuisiner de la soupe aux légumes d’automne en participant à la carrière de Leonardo DiCaprio, faisait son petit jogging à Longueuil, au parc Marie-Victorin, quand il fut assailli par l’irrépressible envie d’arroser les pâquerettes.
Un petit pipi au grand air.
A-t-il vessé? Se l’est-il secouée? Nul journaliste de terrain en pantalons beiges munis de pratiques panneaux amovibles leur permettant de les métamorphoser en culottes courtes en un tournemain n’a pu nous informer du déroulement précis de la miction de M. Legendre. Et quand les détails manquent, le peuple angoisse.
Que faisait-il VRAIMENT – et je cite l’ensorcelante Claudia Berthiaume du Journal de Montréal, une dame coiffée d’un fédora « PRESS », en marche rapide vers son Pulitzer et la table des viennoiseries – dans ce parc « mondialement connu comme un lieu de rencontre pour hommes gais »?
Un instant, oune momento.
En tant que petite fille de Longueuil, je me suis d’abord enthousiasmée devant la qualité du marketing du petit gars qui prête les raquettes de badminton dans sa petite cabane en bois du parc Marie-Victorin et qui a, un popsicle à la fois, hissé ledit parc longueuillois au sommet des destinations touristiques MONDIALES de choix pour tout gentleman aimant se tremper le pinceau, dépassant sans embûche le stationnement du Dairy Queen comme terrain fertile à la pratique du aki et le Théâtre de la ville, où touristes scandinaves affluent pourtant à pleine porte pour savourer le dernier vaudeville à l’affiche.
À l’instar de Vegas ou Dubaï, Longueuil est désormais une destination; et avant même de se brandir fourches et lanternes, on devrait en être fiers, niveau « en petit péché », minimum. Organiser un festival. Rêver à la table de merch.
Mais que nenni.
Ce que le bon peuple préfère, tout juste après un gros plan des yeux plein d’eau de Macha Grenon dans un Nouvelle Adresse hommage à L’Huile de Lorenzo, c’est de perdre connaissance devant la prémisse-même de l’emballant fait divers: uriner en tant qu’homme gai.
Parce qu’une bonne pisse hétérosexuelle, toute disgracieuse peut-elle être entre deux bosquets de pétunias, n’a pas le même fear factor que celle d’un homme en petites shorts arc-en-ciel stretchées. Surprenez Yves Corbeil après pisser en spray en soupirant radiophoniquement près d’une crique et vous lui saluerez la régularité, le jet dru caractéristique du mâle à l’impeccable santé rénale et peut-être (probablement) même la qualité de son appendice.
Mais dès que le zipper de Joël Legendre fend le sacro-saint silence de la belle – et mondialement réputée – nature longueuilloise, les colombes s’envolent, le ciel se couvre et les bambins contractent le zona.
« À l’amende pour un geste indécent », titrera-t-on l’aventure, pour inspirer les plus démunis du bocal, laissant planer, juste ce qu’il faut, un doute raisonnable sur la scène et propulsant au sommet des probabilités l’image d’un Joël, dine turgescente et plumage au porte-crotte, déterminé à se laisser entraîner dans un furieux coït en plein-air devant les mamies venues finir leur restant d’œuf de Pâques Laura Secord sur un banc à l’ombre.
« Il n’est pourtant pas rare d’y voir des hommes exhiber leurs parties génitales dans les bois et des duos en plein ébat, d’après nos sources ».
Nul mépris; que des faits agrémentés d’une douce rêverie.
PARCE QUE : QUI N’AIME PAS RÊVER.
On nous pille déjà les médecins de famille et la possibilité d’obtenir une table qui a du sens à la cabane à sucre de Martin Picard. Peut-on diable nous laisser l’onirique perspective d’un animateur GAI, pétri du lubrique objectif de commettre de décadentes obscénités dans un parc familial, au zénith, jusqu’à l’arrivée de Richard Latendresse et des forces de l’ordre?
Quel gâchis.
Et avec tout ça, on ne sait toujours pas si Robert Marien a pété ou roté.
La bise.
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