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Histoire de karma

Par
Marie Darsigny
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Parfois on oublie que les gens sont des gens comme nous. Comme le chante Regina Spektor: « People are just people like you ».

On envoie promener les autres automobilistes quand on est bien à l’abri dans notre voiture, on répond un peu bête à un email qui arrive à un moment inopportun, on se permet de raccrocher la ligne au nez d’un employé effectuant un sondage.

On n’y pense pas trop et on oublie le fait que nous sommes tous humains, que nous avons tous de bonnes et de mauvaises journées. Si le karma faisait toujours son travail, on ne s’en trouverait pas seulement récompensé, oh non. On serait sans doute punis. Souvent.

Quand j’étais au secondaire, je croyais que tout ce qui était dans les films était vrai. J’écoutais Magie Noire (The Craft) et je croyais que j’avais des pouvoirs magiques. J’écoutais Jeune Fille Interrompue (Girl Interrupted) et je croyais que j’étais folle. Je me faisais facilement mon propre cinéma.

Si j’avais vue la bande-annonce du film Le Cadeau (The Gift), j’aurais sans doute commencé à agir ultra-bien avec tous mes compagnons de classe. Dans Le Cadeau, un camarade de classe du personnage principal revient dans le décor 25 ans plus tard. Est-il bien intentionné? Indice: il tue un étang complet de poissons domestiques tout ce qu’il y a d’innocents, alors moi je pencherais vers le non.

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J’ai une amie qui dit toujours qu’elle “travaille sur son karma”. De mon côté, je trouve la notion de karma un peu risible. Pour moi, le karma marche dans un sens seulement: il est possible de faire des bonnes actions et d’être récompensé(e) en retour, mais ce n’est pas nécessairement toutes les mauvaises actions qui sont punies. Combien de crosseurs vivent leur vie sans connaître de représailles? Plusieurs. Certaines personnes ont un talent pour les mauvaises actions, et ce n’est pas de sitôt que le karma va leur jouer un tour.

L’autre jour, j’ai oublié que je dealais avec une vraie personne. J’étais au téléphone avec le service à la clientèle de mon fournisseur internet. Les choses n’allaient pas trop comme je voulais, on essayait de me charger un énième frais inexplicable. J’ai commencé à m’énerver, à répondre de plus en plus bête à l’employé au bout du fil. Jusqu’à ce qu’il me dise: « Écoutez Madame, je suis désolé que les choses ne se passent pas comme vous voulez, mais je vous demanderais de rester polie ».

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Au lieu de me choquer, cette phrase m’a ramenée dans la réalité. J’étais en train de crier dans les oreilles de quelqu’un juste parce que j’étais insatisfaite d’une situation hors de mon contrôle (et aussi hors du contrôle du malheureux employé). On va appeler l’employé Luc, parce que j’aime les noms de trois lettres. Eh bien, Luc m’a fait réaliser que j’étais inutilement bête avec une pauvre personne qui avait autant de feelings que moi.

J’ai pensé à toutes mes années passées à travailler dans le commerce de détail. À tous les gens qui me traitaient comme de la merde parce que… Il y avait une trop longue file d’attente à la caisse? La politique du magasin ne permettait pas de remboursement 5 ans après l’achat? Le chandail acheté était trop bleu, trop cher, trop chaud? La météo annonçait un orage? Un sundae avec ça? Bref, pour n’importe quelle raison qui n’avait absolument rien à voir avec mes compétences, les gens pouvaient se retourner contre moi. Des bêtes de consommation qui ne pensaient pas une minute que j’étais moi aussi, un être humain. J’étais une fille avec des feelings comme tout le monde, mauvaises et bonnes journées inclues.

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Bref, je me suis calmée les nerfs en poursuivant ma conversation avec mon nouvel ami Luc. Ce n’est certainement pas lui qui un jour viendra empoisonner les poissons dans mon étang artificiel pendant que je dors paisiblement: mon karma, de ce côté, devrait être assez bon.

Je l’avoue, je ne vis plus dans les films comme quand j’avais 15 ans. Je n’ai donc pas crainte que le passé revienne me botter les fesses à coups de mauvais karma. Par contre, pourquoi prendre une chance de ce côté là? Allez, agissons bien et chantons tous en coeur: les gens sont juste des gens, comme nous.

Le Cadeau, en salles dès le 7 août.

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