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Hip-hop et arts visuels : voyage dans la tête de Pabst is an Astronaut

Le Montréalais nous parle de son dernier album.

Par
Mathieu Aubre
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Pour plusieurs, le hip-hop n’a plus rien du mouvement contestataire de ses débuts. Certaines langues sales iront même jusqu’à dire que c’est aujourd’hui devenu une musique uniquement commerciale et fade, loin de toute volonté artistique. Pabst is an Astronaut risque fortement de les faire mentir.

J’ai rencontré Pablo Couturier il y a quelques semaines. Le jeune beatmaker montréalais semble aux premiers abords différent de la moyenne des rappeurs que je rencontre normalement. On ne sent chez lui aucune volonté de paraître plus cool ou plus street qu’il ne l’est vraiment, une ouverture peut-être plus sensible que d’autres et un look vaguement métalleux au passage.

C’est que Pabst is an Astronaut n’a jamais réellement été voué au rap avant d’avoir les deux pieds dedans. Son aventure musicale commence à 16 ans, alors qu’il fonde avec des amis le band métal Kreise, toujours en activité, dans lequel il chante et joue de la guitare. Pour ce qui est des arts en général, ça remonte à encore plus loin.

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Artiste de père en fils

Le père de Pablo est artiste. Il fait de la peinture et travaille sur des conceptions visuelles et amène souvent avec lui son fils dans des ateliers ou dans les coulisses de la Tohu, où il se familiarise avec le milieu artistique. Derrière les portes closes, Pablo se met à rêver de pouvoir un jour lui aussi créer et faire parler de lui pour son art. Il retient également une certaine philosophie créative de son mentor : ne pas se laisser restreindre dans ses moyens et toujours y aller all in.

« Pour moi, le statement politique derrière cette démarche artistique là est encore plus nice que l’œuvre en elle-même. »

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C’est un peu ça le but de Pabst is an Astronaut. Encore jeune, le projet propose déjà un modèle éclaté, tourné vers l’art contemporain et la performance, beaucoup plus que certains de ses collègues. « La démarche artistique est importante. Pour moi, le statement politique derrière cette démarche est encore plus nice que l’œuvre en elle-même. » Son éthique de travail le mène actuellement à se questionner sur la forme que ses beats et ses compositions devraient prendre sur scène. Il doit penser au mode de présentation et aux projections en même temps qu’à son band. Pas question de prendre ça une étape à la fois : tout doit être cohérent et sortir de l’ordinaire pour atteindre une réelle satisfaction.

Produire pour tout le monde

Pour en revenir au beatmaking, puisque c’est quand même le cœur de ce qui nous est présentement offert, la majorité des productions de Pablo ne lui seront peut-être jamais attribuées. Le tout commence il y a quatre ans environ, alors qu’il télécharge Ableton pour le plaisir, sans rien sortir. Éventuellement, y prenant goût, le jeune musicien commence à vendre ses productions à des rappeurs de partout à travers le Québec. Ça devient rapidement un gagne-pain, surtout qu’il se permet bientôt d’enseigner son art à d’autres, désireux de produire par eux-mêmes. Et il ne travaille pas que pour le milieu du hip-hop! « Je vais composer autant pour des bands punk que pour Grosbig. Et d’ailleurs, pour te reprendre, j’aime mieux le terme production que beat. C’est plus large. »

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Mais ce travail n’est pas tout : il compose en parallèle pour lui-même et c’est là, la genèse de Pabst. Une première mixtape est lancée en avril 2017 et, plus récemment, c’est l’album Banana Attraction qui est offert au grand public. L’opus, paru en septembre dernier, offre déjà une réorientation intéressante avec des touches de R&B assumées et beaucoup plus d’instruments analogiques que son prédécesseur. C’est ce vers quoi tend le projet au complet, avec la volonté de pouvoir offrir un band live sur scène.

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Du studio à la scène

Parce que c’est vraiment ça la prochaine étape. Après un gros automne comprenant une sortie et quelques productions aux côtés de Gros Big, Pablo pense à la scène avec impatience. « Je veux vraiment faire des perfos, pas me cacher comme mon boy High Klassified. J’aime ça entertain le monde et je veux devenir un acteur du rapkeb. » Il n’a que du respect pour la scène, comme le prouve notre discussion, mais aimerait justement la voir aller plus loin, sans tomber dans des patterns ou dans une attitude d’industrie néfaste.»

C’est ce qu’il aimerait donc éviter à tout prix avec le collectif Konvog, fondé par son père Dominic, qui gère l’aspect visuel du projet. Tout ce qui touche aux projections, une partie de la production des vidéoclips du dernier album et même des pochettes passe par là, afin d’offrir une expérience réellement complète et novatrice.

Au final, ce que je retiens surtout de ma rencontre avec Pablo, c’est la curiosité et l’engagement dont il fait preuve. C’est un gars allumé, passionné d’art et qui souhaite créer plutôt que de passer à la télé rien que pour le fame. Un vrai fan de musique qui a décidé de redonner aux autres, comme il ne s’en fait plus assez!

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Pour suivre Pabst is an astronaut, c’est juste ici.

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