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Hier soir, je me suis sentie sexée

Par
Catherine Ethier
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Hier, c’était jour de fête.

Vous êtes certainement au jus, puisque vous avez passé toute la sainte journée à nous tenir bien au courant du parcours de votre petite en suit de petit pois en cosse (assise, assise à angle de 45 degrés, après prendre le camp, après manger son petit pot Heinz avec un regard crasse; en flippant les photos l’une après l’autre, j’ai pas raté une seule seconde de toute l’hilarité du fait que t’as un bébé, que tu l’as costumé et que ça te fend le cœur de devoir faire une sélection parmi toué portraits quotidiens que tu prends).

Mais c’est correct.
Je sais bien qu’un jour, je serai, moi aussi, hystérique devant le petit costume de Michael Bolton de mon nourrisson.

Pour vous, Halloween n’est peut-être que cette fête païenne vous permettant de manger les palettes de chocolat du p’tit en cachette dès que la veilleuse est partie et que la voie est libre. Mais pour moi, c’est l’occasion de révéler au monde que j’ai su investir soixante piasses dans un costume qui allait me mettre en valeur.

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Oh oui.
N’a pas accès qui veut aux atours les plus flatteurs; chez Jean Coutu, un costume sexé, ça coûte un bras pis une chiée de Air Miles. Mais laisse-moi te dire que du choix, y’en a. De femme chat dont le designer a décidé de ménager sur la queue à la jeune squaw offerte à la vie et aux risques aigus que la cordelette de son Tampax Pearl dépasse de sa jupette à raz le daim, tu peux aisément te réaliser fantaisie. C’est pas mêlant, j’ai même vu un costume de blé d’inde sexé. En 2013, y’a moyen d’avoir l’épluchette polissonne.

Ce qui compte, c’est que t’aies la falle à l’air.
Parce que comme l’a dit un peu plus tôt cette semaine l’incomparable Lea Michele, la petite chanteuse de Glee: « L’Halloween est le seul soir de l’année où les filles peuvent s’habiller comme de véritables prostituées ».

THANK GOD.
Dès la Toussaint, je me remets à respirer en sillant tellement je sais ben pas comment je vais faire pour passer l’année sans m’attriquer librement en guédaille, à l’abri des jugements et de Jean Airoldi. Sans me saucissonner dans ce corset see-through qui révèlera ENFIN au monde que j’ai de la saveur pis de la personnalité à revendre. Et que j’ai des sapristi de gros mamelons, aussi. Tant qu’à y être. Pas de temps à perdre avec la suggestion. The pepperonis you see are the pepperonis you get.

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Et je vois pas pourquoi ça t’offusquerait. C’est pas cheap. C’est MASCARADE. T’auras beau porter jugement sur mes atours, moi, j’ai toujours bien une anse qui me sort du patrimoine et un bec qui me jaillit des guilous. JE SUIS UNE THÉIÈRE. En as-tu fait klaxonner beaucoup, toi, des trucks, avec ton kit d’infirmière réglementaire?
Et voilà.

Hier soir, je me suis sentie revivre. J’ai peut-être eu frette. Mais j’ai marqué l’imaginaire collectif du sceau de mon inexpugnable self-esteem. Et j’ai bien l’intention de furieusement récidiver l’an prochain (les costumes de « Céline aux Plaines dans sa loge après le show » sont déjà en vente).

La bise.

Ps tendresse : je sais que t’auras compris le deuxième degré de mon billet. J’EN SUIS CONVAINCUE (ma main est déjà dans l’feu).