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Helly Luv : la pop bling-bling contre la terreur de Daesh

Par
Jehanne Bergé
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À 27 ans, Helly Luv est la nouvelle égérie kurde de la résistance face à Daesh. Sexy, engagée, les cheveux couleur feu; certains l’appellent la “Shakira kurde”, mais la comparaison est bien trop faible. Sous ses apparences de pop star sexy et pailletée, Helly Luv est une reine.

Oui, c’est ça une reine.

Printscreen du clip Revolution.
Printscreen du clip Revolution.

Un conte de fée version 21e siècle

Il était une fois, au Kurdistan, en 1988, pendant la guerre du Golfe… Une femme peshmerga (terme qui désigne les combattants kurdes originaire d’Iran et d’Irak) donne naissance à Helly Luv, Helan Abdulla de son vrai nom. La famille Abdulla fuit la guerre et obtient le droit d’asile en Finlande.

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Dans ce nouveau pays, la jeune kurde se sent mise à part parmi les blondinets nordiques ; elle se réfugie dans la musique, histoire de s’évader un peu. À 18 ans, elle veut devenir chanteuse, elle s’envole alors pour Los Angeles avec toutes ses économies, bien décidée à vivre son rêve américain. Malheureusement, la gloire n’est pas au rendez-vous, l’artiste en herbe s’apprête à retourner en Finlande les bras ballants et sans le sou quand soudain, la magie opère.

Elle se fait repérer sur MySpace (ouais en 2007, MySpace c’était encore cool) par le producteur Los Da Mystro (qui deviendra sa marraine la bonne fée). Ce jour-là, le cours de sa vie prend définitivement un nouveau tournant. En 2013, la chanteuse sort son premier single “Risk It All“. La recette ? Une pop épicée façon Rihanna, des messages engagés défendant la cause du peuple kurde, une sexytude absolue, le tout saupoudré d’un marketing puissant.

La sauce prend très vite.

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La belle commence à faire parler d’elle, surtout au Moyen-Orient et le nombre de vues grimpe sur sa chaîne Youtube. En marge de son succès commercial, la star s’implique dans des projets humanitaires au Kurdistan. En 2015, observant l’expansion de Daesh, Helly Luv décide d’enregistrer son nouveau single “Revolution“, une lettre ouverte aux sons acidulés contre l’État Islamique.

Le combat est lancé.

Photo issue de la page Facebook d’Helly Luv.
Photo issue de la page Facebook d’Helly Luv.
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Glamour et guerre

Son dernier clip “Revolution” débute avec une scène apaisante : des enfants jouent, des femmes se promènent et des vieux papotent autour d’un thé. Et puis, BOUM, c’est l’explosion, la guerre. Les terroristes qui débarquent pour détruire, violer, massacrer… Cette scène s’inspire de ce qui s’est passé en Irak lorsque Daesh a fait une offensive fulgurante en juin 2014.

Printscreen du clip Revolution.
Printscreen du clip Revolution.
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Au milieu de la terreur, la chanteuse se tient fermement devant les chars en tenant une banderole où l’on peut lire en anglais “Arrêter la violence”.

Printscreen du clip Revolution.
Printscreen du clip Revolution.

Helly Luv n’a pas peur, armée de talons hauts, de treillis militaire et de bijoux bling-bling, elle a tourné ce clip de 7 minutes à seulement 3 km de la ligne de démarcation entre le front kurde et l’État Islamique. “C’était extrêmement dangereux, mais je voulais montrer la vraie lutte des gens, leur vraie douleur. On priait pour que tout se passe bien et que l’on revienne sains et saufs”, a-t-elle expliqué au International Business Times.

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Sa musique et ses clips sont une explosion de contrastes. Voire, une explosion tout court. Cette fière jeune-femme est aujourd’hui la porte-parole de la jeunesse kurde. Sa mère était une peshmerga, on compte parmi eux de nombreuses de femmes. Ces soldates armées de kalachnikovs combattent l’ennemi depuis le début de la contre-offensive en Irak et en Syrie, ces guerrières redoublent de puissance vu que pour Daesh, rien n’est plus humiliant que d’être abattu par une femme.

Malgré son message de paix, la jeune femme prône plutôt un appel à la résistance puisque ces paroles répètent : “On n’abandonnera pas, c’est une révolution, on continuera à se battre”. La (re)belle veut la libération de son peuple mais aussi celle de toutes les victimes de l’État Islamique, comme l’indique son refrain “Se libérer, tous pour la paix, liberté”.

Printscreen du clip Revolution.
Printscreen du clip Revolution.
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Attaquant ouvertement l’État Islamique dans ses textes, la chanteuse vit maintenant sous les menaces de mort. Elle représente tout ce qu’ils détestent : la force féminine, la liberté, la résistance. “Dans un sens, je me sens privilégiée d’être attaquée par Daesh, car cela signifie que mon message est aussi puissant que leurs armes et leur violence”, a-t-elle avoué au magazine Vice.

Le clip :

Lutte 2.0

La demoiselle maîtrise son image marketing de pop star révolutionnaire. Les réseaux sociaux sont pour elle une arme de diffusion massive. Sa page Facebook comptabilise plus d’un million et demi de fans et son dernier clip plus de 3,5 millions de vues. Elle dit espérer que sa musique crée un contraste avec les vidéos de propagande de Daesh, et incite la population, surtout les jeunes, à résister et enfin retrouver la paix.

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Elle représente pour la jeunesse kurde une icône de self-empowerment. “Mes armes sont la musique et l’art et je suis convaincue que je peux toucher des millions de gens”, a-t-elle confié aux journalistes de l’émission Tracks d’Arte. Mission réussie, grâce à elle, toute une jeunesse s’intéresse aux combats des peshmergas et à leur lutte contre Daesh.

Big (genre vraiment Big) Up Helly Luv !

Printscreen du clip Revolution.
Printscreen du clip Revolution.

Pour suivre la belle sur Facebook, sur Instagram, sur Twitter, sur YouTube et sur son site.

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Pour lire un autre texte de Jehanne Bergé: La ville de la semaine: Beyrouth.

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