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Projet L.U.N.E., c’est un groupe qui travaille pour et par les travailleuses du sexe de Québec et qui accomplit, chaque jour, de petits miracles. Rencontre avec Guy Lefebvre, agent de développement.
Comment avez-vous atterri chez Projet L.U.N.E?
Je travaillais dans le milieu des coopératives d’habitation. Puis, un jour, j’ai croisé la coordonnatrice de L.U.N.E, Geneviève, et elle m’a proposé de me joindre à l’équipe pour lancer un centre d’hébergement d’urgent à haut seuil d’acceptation.
Ça veut dire quoi, ça, exactement?
C’est un centre où les personnes arrivent quand elles veulent. Par exemple, à Québec, il n’y a nulle part où quelqu’un peut avoir un toit sur la tête à 4 heures du matin s’il est gelé… à part en prison. C’est la même chose lorsqu’il se pointe à 11h, quand le couvre-feu est à 11h15 ; il doit alors coucher dehors. Avec les travailleuses du sexe, ce genre de structure, ça ne peut pas fonctionner… C’est pourquoi on essaie de créer un centre qui les prendrait peu importe l’état dans lequel elles se trouvent.
À part le centre d’hébergement, quels sont les services que vous offrez aux travailleuses du sexe de Québec?
On leur fournit une trousse d’hygiène qui comprend un coupe-ongle, une pince à sourcils, des condoms, du lubrifiant, du shampoing, une brosse à dent, de l’onguent antibiotique et de la gomme.
De la gomme?!
Oui, entre deux fellations, souvent les travailleuses du sexe vont se brosser les dents… mais, ce n’est pas l’idéal, parce que la brosse peut créer des lésions dans la bouche, ce qui augmente les risques de transmissions du VIH. Avec la gomme, elles ont bonne haleine, mais ne courent pas de tels risques.
Quelle est la réaction des filles quand vous leur donner cette trousse?
Certaines pleurent de joie, tellement elles sont contentes. Faut dire que ce ne sont pas les employés qui leurs remettent les trousses, mais bien nos cinq femmes bénévoles, qui sont d’actuelles ou d’anciennes travailleuses du sexe. C’est elles qui sont en contact avec les travailleuses du sexe sur le terrain. Ce sont elles aussi qui vont distribuer le matériel pour l’injection.
Pourquoi décidez-vous d’embaucher d’ex ou d’actuelles travailleuses du sexe, plutôt que des travailleurs de rue?
L.U.N.E, c’est un projet par et pour les femmes. Chez nous, la notion d’empowerment est très très présente. Ce qu’on souhaite, ce n’est pas seulement d’aider les travailleuses du sexe, c’est aussi d’aider ces femmes bénévoles qui désirent se sortir de la rue. Pour elles, nos bureaux sont un port d’attache. L.U.N.E, c’est aussi un lieu de réinsertion sociale. Quand elles distribuent des trousses d’hygiène, ce n’est pas seulement les travailleuses du sexe qu’elles aident. C’est elles.
En terminant, la réalité des filles est-elle différente à Québec qu’à l’extérieur de Montréal?
Il y a plus de prostituées à Montréal qu’à Québec, c’est certain, mais, grosso modo, le travail est le même. La grosse différence, c’est surtout entre les filles qui travaillent dans la rue, par rapport à celles qui travaillent dans les bars de danseuses et dans les salons de massage. Côté sécurité, c’est beaucoup mieux dans un salon de massage. Aussi, la plupart des filles dans la rue consomment. Quand elles arrivent chez nous, elles sont, malheureusement, souvent maganées pas à peu près…