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Guindon devient danseur contemporain

Par
Frédéric Guindon
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Vous n’allez pas me croire, mais je crois sérieusement que si je m’y étais mis plus tôt, je pense que j’aurais pu vraiment devenir un danseur aguerri.

La danse, j’aime ça! Des spectacles de danse contemporaine, j’en ai vu au moins dix dans ma vie, ce qui équivaut au moins au triple de la moyenne nationale. En fait, je crois même que je suis plus souvent allé voir des spectacles de danse que des pièces de théâtre.

La raison pour laquelle j’aime ça, c’est que j’ai l’impression que moi aussi, je pourrais être capable. Un peu comme quand on voit un gars faire des steppettes sur son skateboard pis qu’on se dit : « ah ben, ça a l’air facile; moi aussi je serais sûrement capable!».

Erroné.

La preuve : l’autre jour, grâce à Tangente, j’ai eu l’occasion de faire un petit stage en compagnie de Manuel Roque et Lucie Vigneault. Ils bénéficient d’une résidence de création de l’organisme Circuit-Est centre chorégraphique pour préparer leur spectacle Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde qui sera présenté très bientôt au Monument National. Pour me faire découvrir cet art, Manuel a joué le rôle de mon professeur et moi, j’ai joué le rôle qu’il joue lui, normalement, dans le spectacle.

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En gros, ce que je devais faire, c’est, à partir du fond de la scène, d’attirer l’attention de Lucie, qui elle, était assise sur une chaise au devant de la scène. Évidemment, celle-ci se foutait éperdument de moi. Même quand je lui criais : «REGARDE-MOI LUCIE!!!!». Mais ce que vous devez savoir, c’est que Manuel ne m’a pas fait «copier» sa propre chorégraphie. Il m’a plutôt invité dans une démarche exploratoire où je me suis fait moi-même ma propre chorégraphie tout à fait inédite.

Premier constat : la danse contemporaine comporte une bonne partie de «théâtre», en ce sens où on utilise la voix et que si on veut être crédible, on doit maîtriser son intonation. C’est un des premiers ajustements que Manuel a voulu faire avec ma voix. Il se doutait bien que j’étais un petit comique qui aime faire des choses insolites, mais il l’entendait dans mon jeu. Il m’a dit d’arrêter de prendre ma voix de clown et de crier avec ma vraie voix et mes vraies tripes. Pas facile, mais je pense y être presque arrivé.

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Deuxième constat : on a beau être flexible comme Gumby et aimer se pitcher dans tous les sens, ça veut pas dire que quand on bouge, c’est beau. Après tout, c’est de la danse qu’on fait! Il faut que se soit le moindrement esthétique! Moi, j’aime grouiller tout croche, mais je pense que j’ai un peu un problème de coordination, ou du moins, de précision dans mes mouvements. Ça aussi, Manuel l’a vu tout de suite. Dès le départ, il m’a encouragé à explorer toutes les possibilités pour trouver des beaux mouvements, qui peuvent être répétitifs, mais qui soient surtout rythmés. Ça, je pense que c’est la partie avec laquelle j’ai eu le plus de misère. Parce que même en l’écrivant, je suis même pas sûr moi-même de ce que j’écris. Alors, imaginez par rapport à ce que Manuel m’a dit il y a deux semaines… Ceci dit, j’en retiens que les possibilités d’exploration dans le mouvement sont infinies et qu’on doit surtout laisser tomber les barrières de la gêne pour y avoir accès.

Et finalement, troisième et dernier constat : c’est tellement exigeant physiquement! Il faut être une brute pour passer une heure sur scène comme ça à gigoter dans tous les sens et en faisant virevolter tous ses membres. Moi, on m’a fait travailler sur une courte séquence qui dure environ cinq minutes dans le vrai show. Je l’ai refait trois fois. Une première fois pour l’apprendre. Une deuxième pour me pratiquer et explorer davantage mes mouvements. Et une troisième, qui était la «vraie affaire». À la fin, j’étais exténué. J’étais tout trempe, j’avais chaud, je n’avais plus de voix et j’avais mal partout. À ma défense, j’avais jamais fait ça avant dans ma vie, mais quand même, cela ne diminue pas l’admiration que j’ai pour Manuel, et pour tout ses autres collègues danseurs.

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Et puisque une image vaut mille mots, voici, à la demande générale, moi en train de devenir danseur contemporain. Mais juste avant une petite ploggue!

Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde
Présenté par Tangente, co-présenté par le festival Quartier-Danse
Au Monument National
du 20 au 23 septembre