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Guide d’autodéfense des amateurs de poésie

Ou comment sortir vainqueur de ces tirades de préjugés ignorants.

Par
Maude Carmel
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URBANIA et la Place des arts s’unissent pour vous prouver que tout le monde peut aimer la poésie!

Ah, la poésie! Ce grand art incompris, cet amalgame de liaisons lyriques méprisé par les plus cartésiens, cette discipline qui trouve fidèles dans ceux qui vivent une épiphanie à chaque union de mots.


Il vous faudra toutefois sortir vos violons, Ô chères consoeurs et chers confrères, parce que les amateurs de poésie sont aussi victimes de préjugés malveillants.


N’est-il plus possible, en 2019, de consumer sa passion sans subir une pluie de regards empreints de jugements?


Mais soyez sans crainte, parce que grâce au petit guide d’autodéfense de l’amateur de poésie, les amoureux de prose et de métrique seront bientôt les grands vainqueurs de cette guerre contre ceux qui les ont trop longtemps flagellés de stéréotypes.


«C’est juste pour te donner un genre, c’est clair que tu lis sur un banc de parc ou sur la terrasse d’un café vegan.»
On remarque bien ce qu’on veut remarquer! Je concède toutefois que pour certains, lire de la poésie est un art tout aussi important que la poésie elle-même. Il est donc normal que quelques amateurs vivent leur processus de lecture comme un moment sacré en soi, où lire près d’un arbre, dans son bain ou à la lumière d’une chandelle devient essentiel. Mais il existe autant de types d’amateurs de poésie que d’oeuvres poétiques! Et l’espèce la plus courante est probablement celle qui n’en n’a rien à foutre de lire seule en mangeant des ramens, ou bien debout coincé dans un bus, ou même accoté sur la machine à café au bureau.

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«Bon alors t’a étudié en littérature, en création littéraire, ou en théâtre?»
Même si ces champs d’études mènent tous à la découverte de grands poètes, la poésie, c’est pour tout le monde. Aucun besoin de connaître l’histoire des plus grands troubadours du 12e siècle ou d’avoir été l’artiste littéraire de service toute sa vie pour visiter la poésie. De nos jours, surtout au Québec, il y en a pour tous les goûts et jamais la poésie moderne n’a été aussi accessible (pensons au rap, par exemple). De toute façon, il faut bien que les ingénieurs, les biologistes et les statisticiens puissent un jour s’évader dans un monde de beauté eux aussi!

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«Parles-tu en rimant aussi lolol?»
Bon, on va régler quelque chose une fois pour toutes. La métrique en poésie, c’est-à-dire la répétition des unités dans un poème, ou le fait de respecter un nombre de syllabes dans un vers, n’est pas obligatoire, bien au contraire. Plusieurs poètes créent toujours dans ce format, mais on associe de plus en plus la poésie à la prose, format qui s’apparente au discours oral ou écrit, et qui n’est absolument pas limité aux règles des rimes et autres versifications. Voilà. On peut maintenant passer à un autre appel.

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« Tu dois être du genre déprimé, isolé et déconnecté comme citoyen.»
Même si la poésie a longtemps été associé à des tirades tragiques, à des artistes incompris ou à des univers évasés, il faut comprendre que plusieurs recueils sont ultra légers, hilarants, et très descriptifs des détails du quotidien de l’humain moyen. Pour les ouvrages plus lourds, il ne sont jamais lourds sans raison. La poésie, c’est le miroir de la société. Comme le disait Jean Cocteau, “Le poète est exact. La poésie est exactitude. Depuis Baudelaire, le public a, peu à peu, compris que la poésie était un des moyens les plus insolents de dire la vérité.” Pour apprécier la poésie, il faut donc être véritablement lucide (parfois même un peu trop) du monde dans lequel nous vivons.

« Faut être poète pour aimer la poésie»
Faut-il savoir cuisiner pour aimer la nourriture? Faut-il savoir peindre pour apprécier la peinture? Chaque poète est amateur de poésie, mais chaque amateur de poésie n’est pas nécessaire poète. Même si vous n’avez jamais été le meilleur en composition écrite à l’école, rien ne dit que lire de la poésie ne vous apportera pas bonheur et allégresse.

Ce qu’il faut retenir de ce petit guide d’autodéfense, c’est que la poésie n’est pas limitée au périmètre des artistes incompris, des tragédiens excessifs, des étudiants surinformés et des rêveurs illuminés. Il s’adresse à tous ceux qui désirent contempler la société avec des yeux nouveaux, ou qui désirent simplement s’évader dans un univers où tout est possible.

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Pour ceux qui se sentent interpellés par cette description, le nouveau spectacle de Loui Mauffette, Chanson pour filles et garçons perdus, célèbre justement la poésie éclatée, la poésie comme ultime objet de dépassement.

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Pour les fans, sachez que le spectacle est dans la même veine que Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent.

À travers une douzaine d’interprètes (dont Kathleen Fortin, Jean-Simon Leduc, Macha Limonchik, Mylène Mackay et Catherine Paquin Béchard), les mots de poètes et auteurs québécois se réuniront pour vous offrir un spectacle jubilatoire.

Le spectacle sera présenté d’abord au Théâtre d’Aujourd’hui du 23 avril au 4 mai, puis à la Cinquième salle de la Place des Arts à partir du 9 mai. Cliquez ici pour en savoir davantage!

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