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GSP, GND, le Québec et ses héros

Par
Pascal Henrard
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Y a pas beaucoup de rapports entre Georges St-Pierre et Gabriel Nadeau-Dubois. Si ce n’est que ce sont tous les deux des figures emblématiques du Québec moderne et qu’à leurs manières, ce sont des héros, des modèles, des exemples, des inspirations.

Le premier est soutenu par une machine de guerre, secondé par des marketeux de talent, appuyé par une équipe de commanditaires, exposé dans les médias complaisants et applaudi par un public en mal de sang et de sensations. Le second est tout seul avec sa coupe de premier de classe, ses chemises propres, sa voix cassée de manifestant professionnel, ses admirateurs désorganisés et ses chroniques alimentaires à Radio-Canada.

Imaginez un instant que nous ayons moins de héros comme GSP et plus de modèles comme GND. Imaginez que les médias s’enthousiasment un peu moins pour les batailleurs, les brutes ou les joueurs de poker et un peu plus pour des philosophes, des intellectuels ou jongleurs de réflexions. Imaginez qu’une équipe de marketing chevronnée travaille dans l’ombre d’un intellectuel pour qu’on fasse de lui une star, que des émissions de télé soient consacrées au génie, aux inventions de l’esprit, aux nouvelles perspectives. Imaginez que nous vivions dans une société dont les héros ont plus de matière grise que de matière muscle…

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Si au lieu de mettre un type qui sacre des volées à son prochain, nos médias consacraient leur une à la réussite d’un type qui consacre sa vie à la raison, à l’introspection, à l’inspiration…

Si au lieu d’avoir peur des raisonnements, on célébrait la pensée. Si à la place de se méfier des idées à coups de lapalissades et de se moquer des intellectuels à coups d’idées reçues, on donnait à la réflexion autant de place qu’à la musculation.

Imaginez notre monde. Des foules qui se déchaînent pour une joute oratoire, des chaînes populaires qui diffusent en Prime Time des analyses sur le sens de la vie, le mystère de la mort, des débats philosophiques, des luttes d’idées, des coups de génie, des chocs de concepts…

Nous passons beaucoup de temps à admirer les victoires sanglantes des « gladiateurs » des temps modernes et à reluquer les décolletés bien plus profonds que leur pensée des participantes d’Occupation Double. Pourquoi ne prend-on pas plus le temps de lire un philosophe ou d’écouter un sage?

L’époque est au divertissement facile et au moindre effort intellectuel. Nous nous laissons avachir par la société de consommation et nous préférons les héros lisses aux modèles complexes.

Mon fils me faisait remarquer que GSP, on n’en parlait peu la semaine passée et qu’on n’en parlera sans doute plus la semaine prochaine. C’est un philosophe mon fils… N’empêche que quand on parle de GSP, on ne parle pas de Noam Chomsky qui était à Montréal il y a peu, d’Albert Camus dont c’est le centenaire ces jours-ci ou de Normand Baillargeon que je ne lis pas assez souvent.

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