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Grindr, usurpation d’identité et dick-pics

Par
Fabien Kerneis
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Matthew Herrick est serveur dans un restaurant de Manhattan, actif sur les réseaux sociaux et utilisateur de Grindr (une application de rencontres destinée aux hommes homosexuels, bisexuels ou bicurieux). Il incarne aujourd’hui l’exemple parfait de l’un des dangers qui nous guette tous sur Internet : l’usurpation d’identité.

Depuis plusieurs mois, Matthew Herrick vit chaque jour un enfer, sans savoir à qui la faute. Un ex qui a mal digéré une rupture? Un dude dérangé à qui on a fourni un clavier et une connexion internet? Nul ne sait.

Un compte Grindr factice, reprenant son nom, ses photos et sa localisation!

Scénario cauchemardesque

Un beau jour, Matthew fume une cigarette en bas de son building. Un jeune homme arrive devant lui et sonne à sa porte. La conversation s’engage. L e malaise devient rapidement palpable lorsque le visiteur lui affirme qu’ils ont tous deux pris rendez-vous sur Grindr…

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C’est là que le cauchemar commence pour Matthew Herrick. Très vite, il se rend compte de l’existence d’un compte factice, reprenant son nom, quelques photos sexys et sa localisation! Le jour-même, trois autres prétendants viennent sonner à sa porte, condom dans la poche.

Le jour suivant, même faux compte, même affaire.

Le scénario se répète; chaque jour, il y a plus d’hommes qui viennent chez Matthew pour coucher avec lui. Toujours la même histoire, le même compte. Très vite, le nombre de visites incongrues approche la douzaine par jour, autant à son domicile qu’à son restaurant. On peut en compter, à ce jour, 700.

Le harcèlement est également virtuel: Matthew reçoit des appels et des messages textes, puis les traditionnelles dick-pics sont bien sûr de la partie.

Sans mauvais jeux de mots, il a eu tout le package.

Bien entendu, l’histoire ne s’arrête pas là. Chaque jour, les demandes sont de plus en plus inquiétantes, car le faux profil de Matthew est passé à un tout autre level. Il propose maintenant du rough sex, du sexe non-protégé, des orgies et du sexe sous drogue.

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Le colocataire de Matthew en arrive même à se battre avec l’un des prétendants, qui refuse de s’avouer vaincu. Les wannabe amants se rendent jusqu’au restaurant de Matthew pour le stalker, lui crier des obscénités ou l’attendre dans les toilettes.

«Ils font en sorte que Matthew soit agressé sexuellement.»

Dans les conversations, le «faux Matthew» précise que son colocataire est jaloux, et qu’il faut venir lorsqu’il n’est pas là. Le faux profil stipule également que Matthew dit «non alors qu’il pense oui» et qu’il entretient un fantasme autour du viol.

Des recours?

Oui c’est fucking grave. Comme l’a dit l’avocat de Matthew Herrick’s: les usurpateurs «font en sorte que Matthew soit agressé sexuellement. C’est une question de chance que cela ne soit pas encore arrivé.»

Le plus inquiétant là-dedans, c’est l’absence totale de recours pour Matthew et son avocat. Grindr n’a jamais répondu à leurs demandes. Le «Communication Decency Act» protège l’entreprise grâce à la section 230 stipulant: «les services Internet ne peuvent pas être tenus responsable légalement pour du contenu posté par leurs utilisateurs».

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Pire encore, l’histoire se répète. En 2003, le site Matchmaker.com s’est sorti indemne d’une affaire d’usurpation d’identité et d’harcèlement virtuel impliquant sa plateforme.

Vous avez envie d’être encore plus choqués et vous parlez anglais? Tous les détails de cette histoire se trouvent dans cet article du magazine Wired.

Pour lire un autre texte sur les risques d’Internet: « Partager des photos de filles nues à leur insu : 52 000 sombres merdes ».

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