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Gérer un vignoble durant une crise climatique

Alors que le contenu de nos assiettes devient plus vert et plus durable, qu’en est-il du contenu de nos verres?

Par
Guglielmo Scrittore
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URBANIA et les vins Cono Sur s’unissent pour vous faire prendre conscience qu’il n’y a pas que les légumes du marché qu’on devrait consommer bio.

Entre inondations, catastrophes naturelles et feux de forêt à répétition, nul besoin de se rappeler que la planète a besoin de nous. Les changements climatiques affectent déjà plusieurs secteurs économiques, et nous devrons tous bientôt y faire face.

L’agriculture n’est pas épargnée : sécheresse, verglas et désertification mettent à mal la production d’aliments. Mais qu’en est-il du vin? Fruit fragile et capricieux, le raisin a besoin de conditions particulièrement favorables et est très sensible au moindre changement de température ou de pH du sol.

Apprendre à travailler avec la nature et à minimiser les effets des changements climatiques dans un vignoble, ce n’est pas une mince affaire. Pour mieux comprendre les enjeux climatiques auxquels fait face le monde viticole, nous nous sommes entretenus avec Paul Konar, directeur général des vignobles de Cono Sur, au Chili.

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La santé de la Terre comme pierre angulaire

Lorsqu’on désire mettre sur pied une entreprise que l’on veut vertueuse, il faut forcément que ce soit nos valeurs qui guident notre quotidien et non le contraire. Quand Cono Sur a décidé de passer d’une agriculture conventionnelle (lire ici « chimique ») à une formule plus durable, elle a dû repenser toute la gestion de ses activités de manière radicale.

«aujourd’hui, on voit clairement que c’était la bonne chose à faire, et d’autres nous emboîtent finalement le pas.»

« Lorsque nous avons commencé notre transition vers la viticulture biologique dans les années 90, les gens nous regardaient un peu bizarrement. C’était très difficile, et nous avons dû apprendre sur le tas », explique Paul Konar. « Mais aujourd’hui, on voit clairement que c’était la bonne chose à faire, et d’autres nous emboîtent finalement le pas. »

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Au fil des années, le souci de la santé de la vigne et des sols est devenu une pierre angulaire de l’entreprise. Certifiée « B Corp » (une certification internationale d’entreprises socialement et écologiquement responsables), Cono Sur réinvestit une partie de ses profits dans des missions à caractère social ou environnemental. Elle détient par ailleurs plusieurs certifications biologiques – tout en se classant au troisième rang des exportateurs de vins du Chili!

Verdir les transports

En vous baladant dans les succursales de la SAQ, il y a de fortes chances que vous ayez aperçu, voire goûté, un des vins de M. Konar et de son équipe, reconnaissables par la bicyclette sur l’étiquette des bouteilles. Cela fait référence aux bicyclettes qu’utilisent les employés de Cono Sur pour se déplacer dans les immenses vignobles. Si on est plutôt habitués de voir les vignerons se déplacer en pick-up, en camion ou même à cheval, l’entreprise chilienne a opté pour une solution aussi durable que bénéfique pour la santé!

«On travaille avec les communautés locales pour être des acteurs positifs de la région.»

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« Aujourd’hui, tout le monde dans la région sait que ça fait partie de notre ADN et que la durabilité est notre ligne directrice, d’un point de vue autant environnemental que social », explique M. Konar. « Et on veut de plus en plus s’intégrer à long terme dans les communautés où on exploite des vignobles et où on a nos bureaux, comme à Chimbarongo. On travaille avec les communautés locales pour être des acteurs positifs de la région. »

Comme on le sait, les transports représentent un pourcentage non négligeable de l’empreinte carbone d’une bouteille de vin. Et si cette bouteille doit traverser un océan pour se rendre à nous, ce pourcentage croit de manière exponentielle! Pour résoudre ce problème, Cono Sur a choisi de moderniser ses équipements pour les rendre plus efficaces et travaille de concert avec différents acteurs de l’industrie. Il en résulte que son système de livraison est maintenant certifié carboneutre.

Redonner de la vie aux sols

Outre les bicyclettes posées ça et là dans les vignobles, vous y remarquerez une autre présence intrigante : des oies! Ne pouvant utiliser d’insecticides, M. Konar et son équipe ont plutôt recours au bon sens paysan ancestral : ils laissent les oies dévorer les insectes dans le vignoble avant que ceux-ci puissent faire trop de dommages aux vignes. C’est même une excellente solution deux-pour-un, puisque les excréments des oies servent au passage de fertilisant naturel!

«La sécheresse et les pénuries d’eau se multiplient et les effets des changements climatiques sont de plus en plus visibles […] ça nous pousse à devenir plus créatifs pour trouver des solutions»

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« La sécheresse et les pénuries d’eau se multiplient et les effets des changements climatiques sont de plus en plus visibles, surtout dans nos vignobles du nord du pays, où la désertification s’intensifie. Ça devient un gros enjeu pour nous, mais ça nous pousse à devenir plus créatifs pour trouver des solutions », résume M. Konar. Et leurs sols, contrairement à ceux que vous auriez pu voir lors de visite de vignobles « conventionnels », ont la particularité d’être réellement vivants. Ils grouillent de vers et de petits animaux et sont parsemés d’herbes et de fleurs sauvages.

Cono Sur travaille avec l’université locale afin de mener des recherches sur la biodiversité dans ses vignobles et son effet sur les terroirs et les vignes. Certains pourraient penser que la présence d’insectes et d’herbes est une mauvaise chose, mais cela signifie en fait que la vie, enfin, revient à la terre. La qualité d’un vin repose sur la qualité de la terre dans laquelle le raisin a poussé. Pendant trop longtemps nous avons utilisé des produits chimiques et des techniques pour forcer la production à devenir ce qu’on lui demandait. Mais aujourd’hui, des visionnaires partout dans le monde se rendent compte que faire du bon vin, c’est avoir une bonne matière première et, surtout, prendre son temps.

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« On ne se qualifie pas soi-même d’entreprise vertueuse ou durable. Nous, on fait les choses à notre manière, dans le respect de la nature et de l’humain, et c’est aux autres de décider si nos actions et notre philosophie concordent », conclut le directeur général de Cono Sur. « On le verra dans la terre, et ça se manifestera dans le vin. »

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