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Bros before hoes! Chicks before dicks!
Voilà de fort gracieuses paroles présentant le raccourci réflexif voulant que JAMAIS au grand JAMAIS une relation d’amitié ne devrait être affectée par les relations amoureuses/conquêtes sexuelles.
JA-MAIS.
“PRIORITÉ AUX RELATIONS AMICALES!”
En théorie, ça sonne solidaire, mais en pratique, est-ce viable?
Prenons le délicat exemple suivant : et si, admettons, il nous arrivait de développer des sentiments amoureux véritables pour l’ex d’un ami(e)… Et si, admettons, ça s’enligne sur la réciprocité…
Qu’est-ce qu’on fait avec ça!?
Sistas before mistas?
On refoule nos sentiments amoureux et on étouffe nos désirs pour épargner notre amie, en se disant que ça va passer? Est-ce que c’est égoïste de vouloir développer le lien avec l’autre? Est-ce que c’est une trahison?
On fait quoi? Quand? Où? Comment? Pourquoi?!
Mesdames, messieurs et les autres, BIENVENUE AU ROYAUME DE LA QUESTION SANS RÉPONSE!
DOSSIER ÉPINEUX NO 1 : J’suis en amour avec l’ex de mon ami(e), mais ledit/ladite ami(e) n’est pas en paix avec leur rupture.
“Il y a tellement d’êtres humains sur la planète, pourquoi lui/elle!”
Ouin. Je comprends.
Face à cette situation, on se trouve confronté au dilemme moral suivant : “Soit je fais du mal à mon ami(e) en allant plus loin dans ma relation avec son ex, soit je me fais du mal en refoulant mes sentiments amoureux”. Et il est extrêmement difficile de lutter contre une attirance. Surtout quand elle est réciproque. En même temps, l’amitié, tout comme l’amour, est un sentiment très fort…
Quand on sait qu’on peut nuire à une relation amicale précieuse, et ce, malgré notre bon vouloir et les 627 paires de gants blancs qu’on mettra pour atténuer les dommages, c’est déchirant. En tant qu’habituel complice, on peut sentir qu’on passe du statut de la personne qui réconforte à la personne qui “trahit”.
Parce qu’on le sait; il est fort possible que notre ami(e) réagisse vivement. Quand on a l’émotif écorché, on cherche à se protéger, à se défendre. Et ça peut se manifester de façon plus ou moins théâtrale.
Il/elle peut être blessé(e). Un peu. Beaucoup. Vraiment beaucoup. VRAIMENT VRAIMENT BEAUCOUP.
Il/elle peut vouloir prendre ses distances. Temporairement. À tout jamais.
Considérant cela, c’est bien certain qu’on requestionnera nos sentiments amoureux une, deux, trois, quatre mille fois avant de passer à l’acte. Mais tel qu’aurait scandé la trop vite oubliée Julie Couillard : “Le jeu en vaudra-t-il le chapeau ?!?”.
L’issue est plutôt imprévisible…
DOSSIER ÉPINEUX NO 2 : Je veux conserver mon lien d’amitié avec l’ex de mon ami(e), mais il/elle souhaite que je l’extermine de ma vie telle l’indésirable coquerelle.
En faisant ma rigoureuse cueillette de données sur le terrain, je me suis aperçue que “fréquenter l’ex de son ami” s’avère être un enjeu non seulement amoureux, mais aussi amical. Si certain(e)s affirment qu’il est condamnable de fréquenter romantiquement l’ex d’un(e) ami(e), d’autres pensent qu’il est aussi déloyal de le/la fréquenter amicalement.
“Je souffre parce que cet individu m’a laissé. J’aimerais donc qu’en reconnaissance de ma douleur, tu t’allies à moi et tu rejettes cette personne de ta vie, un peu comme elle m’a rejeté de la sienne.”
“J’aimerais que tu supprimes cette personne de ta vie, question de m’aider à la supprimer de la mienne. Ça m’aiderait à le/la laisser dans le passé et j’aurais probablement moins mal.”
Personnellement, c’est ce que j’entends généralement, à travers un “j’accepterai pas que tu le/la voies encore!”.
Exiger de ses amis qu’ils s’approprient une part de notre souffrance et qu’ils prennent position dans un conflit qui ne leur appartient pas est, on va se le dire, une demande plutôt irréaliste. Car non, ils ne se cliveront probablement pas en deux clans. Ils ne se feront pas des t-shirts “Team Julie” ou “Team Paul” et ne se mêleront pas de la situation à grands coups de dance battle.
Ce serait charmant, certes, mais plutôt improbable.
MORALE DE L’HISTOIRE (tous dossiers épineux confondus)
Au contraire du petit animal, l’être humain n’urine point autour des autres dans le but d’en faire ses territoires. Gilbert Bécaud ou notre Ginette nationale qui chante “Comme l’argile, L’insecte fragile, L’esclave docile… Je t’appartiens” = WRONG! Ultimement, personne ne possède personne et ce, même si on investit affectivement quelqu’un.
Est-ce une raison pour se concentrer strictement sur sa trajectoire en scandant “Ben coudon!!! J’vais avoir le lien que j’voudrai bien avec l’ex de mon ami(e) parce qu’après tout, le malheur des uns fait le bonheur des autres PIS C’EST ÇA QUI EST ÇA!”?
Je ne crois pas.
Certains malaises ne s’évitent pas, mais j’ai confiance qu’ils puissent se gérer.
Peut-être pas de la façon la plus totale optimale suprême de la vie, mais dans les paramètres qu’on saura être les “moins pires”. Pour nous, pour notre couple, pour notre amitié.
On peut faire preuve d’écoute, de considération, de pudeur, de respect.
Et comprendre tranquillement que, dans les deux dossiers exposés, une décision prise “pour soi” n’implique pas nécessairement qu’elle soit prise “contre l’autre”.
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Pour lire un autre texte de Julie Lemay : “Se fondre en l’autre”