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Frappez-moi, quelqu’un!

Par
Pascal Henrard
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Je dirais tout. Et n’importe quoi. Frappez-moi, immergez mon corps dans l’eau glacée, glissez des électrodes sous mes ongles, épilez-moi le torse, arrachez-moi les cheveux, tabassez-moi à coups de bottins de téléphone si vous en trouvez un, écrasez-moi les couilles dans un casse-noisettes… Torturez-moi et je serai prêt à tout confesser. Même son contraire.

Ce merveilleux pays qu’est le Canada vient d’accepter la torture comme un moyen de communication. Au même titre que le téléphone ou le courrier recommandé. C’est-à-dire que désormais le Service canadien du renseignement de sécurité, un joli nom pour dire le bureau des espions, peut utiliser des informations obtenues sous la torture et en faire ce qu’il veut… Le bon gouvernement conservateur limite cependant l’usage de la torture à, je copie/colle de peur de me tromper, « des circonstances exceptionnelles où des vies sont en jeu». Ouf ! Pas question donc de passer à tabac votre blonde ou votre conjoint pour savoir où il a mis les clés de la voiture… jusqu’à ce que l’on décide qu’il s’agit d’une circonstance exceptionnelle… Mais ça, c’est une autre histoire.

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La torture est un moyen efficace d’obtenir ce que vous ne pourriez obtenir autrement. Elle remplace ainsi la discussion, la négociation, l’enquête fouillée, les recherches pointues, même l’intelligence et le bon sens…

Ce qui est formidable avec la torture, c’est que vous pouvez surtout obtenir beaucoup plus de choses que ce que vous imaginiez pouvoir arracher de la bouche meurtrie de votre martyre. En effet, les personnes torturées sont prêtes à dire n’importe quoi pour que cesse la douleur.

Si vous ne me croyez pas, essayez. Torturez votre petite sœur. Discrètement si vous ne voulez pas vous faire disputer. Si vous jouez au bon tortionnaire, sœurette sera prête à déclarer que c’est elle qui a vidé tout seule la caisse de 24 que vous avez pourtant bue hier au complet avec vos chums en regardant le hockey, elle confessera avoir raconté à tous vos amis, même ceux qu’elle ne connaît pas, que vous la battez au Scrabble alors que ce n’est même pas vrai et, enfin, elle sera prête à avouer qu’avec la complicité de votre mère, elle est en train d’organiser l’attaque du Parlement à Ottawa, l’enlèvement du pape, le détournement de Air Force One…

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Vraiment, la torture, c’est formidable ! Elle ne se soucie pas des principes compliqués comme la justice ou la morale. Elle veut de l’efficacité. Elle obtient des résultats.

Faites-moi mal, écrasez-moi les orteils, arrachez-moi les dents, frappez-moi, quelqu’un… et je serais moi aussi capable de crier haut et fort mon amour pour les conservateurs et ma passion pour les politiques exceptionnellement rétrogrades de Stephen Harper.

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