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Lorsque l’Académie française ou l’Office québécois de la langue française propose des termes en français pour traduire des mots ou des expressions consacrées en anglais, c’est le peuple qui, à la fin, décide s’il les adopte ou pas. Et si «courriel» est passé dans l’usage général au Québec, d’autres propositions n’ont pas fait l’unanimité. En voici trois!
Vacancelle: C’est la traduction suggérée en France pour «week-end». C’est vraiment un mot charmant, mais les chances qu’il remplace «week-end» dans les bouches françaises sont les mêmes qu’on dise un jour «chien chaud» (hot-dog) ou «balle au pied» (football) de façon non ironique.
Campisme: L’Académie française a travaillé fort pour encourager la population à dire «campisme» plutôt que «camping», surtout dans les années 50. Le mot a été un peu utilisé pendant quelques années, grâce aux efforts des médias — mais reste que «camping» a repris la faveur populaire, parce que «campisme» sonne comme une déviance sexuelle.
Aire de stationnement: En France, on dit généralement «parking» pour parler de cet endroit où nos bas instincts se réveillent. Si «stationnement» est largement utilisé au Québec, l’Académie française a préféré proposer «aire de stationnement», une expression toutefois beaucoup trop longue pour un peuple qui refuse de faire la file pour entrer dans l’autobus.
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Un peu de culture, y’all!
Pas mal d’auteurs et de cinéastes se sont intéressés au franglais avant nous, parce que non, ce ne sont pas les Dead Obies et Xavier Dolan qui ont inventé le débat. Pour vous instruire, voici quelques œuvres.
«Parlez-vous franglais?», René Étiemble (Éditions Gallimard, 1964): C’est dans cet ouvrage du linguiste et universitaire qu’on recense la première utilisation du terme franglais. Selon lui, les Français étaient en train de l’échapper big time, cette langue qui faisait pourtant leur fierté. Non, on n’a vraiment rien inventé.
«Éloge du chiac», documentaire de Michel Brault (Office national du film, 1969): L’immense documentariste Michel Brault et son accolyte Pierre Perrault s’intéressent au chiac, la langue mêlée de vieux français et d’anglais parlée (chantée, plutôt — c’est si beau) par les Acadiens. Une enseignante et ses élèves discutent de la nécessité de protéger la francophonie dans une mer d’anglais. Avec, en prime, un rappel que la mode est une roue qui tourne sans fin. #acadieswag
«Mauvaise langue», de Marc Cassivi (Éditions Somme Toute, 2016): Le chroniqueur de La Presse, qui a grandi entre deux langues dans une famille francophone mais un voisinage anglophone, nous suggère de nous calmer le pompon quant à notre hystérie collective entourant la survie du français comme langue commune des Québécois. On l’a fait.
«La langue rapaillée», Anne-Marie Beaudoin-Bégin (Éditions Somme Toute, 2015): Celle qui se fait appeler à juste titre «L’insolente linguiste» nous livre une bonne leçon de fierté. La langue que nous parlons au Québec est celle transformée par notre histoire, pas un mauvais français qui devrait nous faire honte. Mucho empowerment.
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Porter son franglais
La toute nouvelle marque de vêtements montréalaise Boulevard (dont toute la création est d’ailleurs assurée en Amérique du Nord) a lancé, l’automne dernier, une collection de vêtements qui a pour thème le bilinguisme.
Avec des slogans comme «Kill pas mon f* vibe», il y a peu de meilleures façons de revendiquer sa dualité linguistique que de l’avoir sur le t-shirt.
Nous vous déconseillons toutefois de porter ce dernier lorsqu’un inspecteur de l’Office québécois de la langue française vient évaluer le menu de votre Third Wave Coffee Shop: ça pourrait vous porter malheur.
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La Petite-France-en-URBANIA
Dans l’équipe d’URBANIA, nous avons un nombre pas mal impressionnant de Français. On les aime, tsé: grâce à eux on a toujours du Nutella au bureau, mais parfois, on est face à de gros dilemmes linguistiques.
Notre directrice artistique, Claire, fait parfois affaire avec un «frii-lance». Le directeur des ventes, Romain, demande l’avis du «commewnity manageur», tandis que la chargée de projets web, Lucie, nous rappelle souvent qu’il faut penser «mobile feurst».
Pour continuer la lecture sur le franglais: «Assimilé much, le Québec?»